Metz – Quatre mois après le démantèlement du camp de Blida dont 150 familles originaires d’Europe de l’Est ont été relogées un peu partout en Lorraine, une trentaine de nouveaux demandeurs d’asile se sont installés non loin de l’ancien campement depuis quelques semaines. Les riverains sont en colère et la ville ferme les yeux.
« Y’en a marre! Ramassez vos merdes ! Dites-leur qu’ils ramassent leurs merdes ! » S’écrie un sexagénaire excédé. Accompagné de sa femme, il montre du doigt une poubelle surchargée d’où dépassent des détritus. Sa réaction est symptomatique du ras-le-bol des habitants du quartier. Dans une ruelle adjacente à l’avenue de Blida, coincé entre Pôle emploi et un bâtiment accueillant la Plateforme d’aide aux demandeurs d’asile (PADA), un campement de fortune a fleuri depuis quelques semaines, sous les yeux des passants. Une vingtaine de tentes sont plantées sur le trottoir, de part et d’autres de la route. Des enfants jouent au football, pendant que des femmes préparent à manger sous le regard d’une dizaine d’hommes, adossés à un mur, à l’ombre, pour se protéger du soleil. Ici, des Albanais, des Bosniens, des Roumains et des Serbes cohabitent. Certains sont arrivés à la fin de l’année 2013, d’autres sont là depuis quelques semaines seulement. Tous demandent l’asile.
Nous sommes guidés par Isa, un jeune Serbe de 22 ans, la seule personne qui parle l’anglais. Il nous fait visiter le campement de fortune. Les quelques places de parking de la rue sont transformées en emplacements. Dans une tente, une femme tient un nourrisson dans ses bras. « Dans cette tente vivent cinq personnes » explique Isa. Lui, comme toutes les familles présentes, sont arrivées après l’évacuation du bidonville de l’avenue de Blida situé quelques centaines de mètres plus loin. « Certaines familles ont pu être hébergées en hiver quand les températures étaient trop froides. Mais maintenant, nous sommes ici. Quand il fait trop froid, nous nous réchauffons avec du feu ». Ces demandeurs d’asile vivent grâce aux tickets restaurants. Mais certains derniers arrivants n’ont pas cette chance. Un jeune homme nous interpelle. Il est arrivé de Bosnie il y a deux semaines. Il enlève sa chaussette pour nous montrer une vilaine ampoule. « Je marche toute la journée pour aller chercher à manger. Je ne reçois pas de tickets restaurants. Moi je ne veux pas être riche, je ne veux pas avoir de grosse voiture. Je veux juste avoir un toit, manger, boire, une vie normale. Je ne peux même pas faire mes besoins les plus élémentaires. Venez-voir ou ou non faisais nos besoins ».
En contrebas, dans un coin d’herbe le long du canal de la Moselle, des excréments jonchent le sol et à quelques mètres des tentes, des odeurs nauséabondes émanent d’un amas de déchets présent depuis plusieurs jours. Une situation qui agace les riverains. Une femme qui vit dans ce quartier depuis plus de 30 ans fait part de son mécontentement : « Trop c’est trop ! On ne veut plus de ces gens là ! On leur donne tout, on leur donne des tickets restaurants et on leur trouve un logement. Moi je ne veux pas payer pour ça ! Ils viennent mendier en France et en été ils repartent dans leurs villas. Des Français qui touchent le RSA ne vivent pas aussi bien qu’eux ! Ici les gens en on marre ! Stop ! » dit-elle. La préfecture reste muette sur le sujet. Ces refugiés n’ont que très peu de chances d’obtenir un titre de séjour. En attendant que leurs demandes soient traitées, des policiers viennent inspecter les lieux de temps en temps mais aucune solution de relogement n’est envisagée pour le moment.
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Photo à la une : Aurélie Bazzara