Des « outils efficaces, adaptés, percutants pour les élèves » seront mis en place. Ce sont les mots de Najat Vallaud-Belkacem lors de la conférence de presse sur ses nouvelles mesures pour l’éducation. Laïcité, rites, apprentissage du français, la ministre de l’Education a présenté de nombreuses nouvelles dispositions.
250 millions d’euros. C’est la somme qui sera accordée à l’Education nationale, financée par la redistribution de financement gelé. Onze mesures ont été présentées par Najat Vallaud-Belkacem, jeudi 22 janvier. Après les attentats survenus en France début janvier, la ministre de l’éducation a tenu à mettre l’accent sur sur les valeurs républicaines.
- Renforcer la transmission des valeurs de la République : les professeurs et les personnels de l’éducation, même déjà en poste devront suivre une formation. A la fin de l’année scolaire 2015, 1 000 éducateurs seront formés aux principes de la laïcité, et de l’enseignement moral et civique. La capacité des professeurs à expliquer et à transmettre les valeurs de la République sera prise en compte dans la notation lors des concours de recrutement. Un portail de ressources pédagogiques sur la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (en lien avec la DILCRA, la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme) sera mis en ligne.
- Rétablir l’autorité des maîtres et des rites républicains. La charte de laïcité et sur les règles devront être signées par les parents d’élèves.Les règles de civilité et de politesse seront apprises et devront être respectées dans l’ensemble du système scolaire. Un signalement systématique au chef de l’établissement sera effectué en cas de manquement à ces valeurs. Najat Vallaud-Belkacem a insisté sur le fait qu‘ »aucun incident ne sera laissé sans suite. » La ministre de l’Education veut également l’élargissement de sanctions similaires à des travaux d’intérêt général (qui ne représentent que 4 % des sanctions aujourd’hui). « Apprendre les rites, c’est apprendre à les respecter. » Najat Vallaud-Belkacem a annoncé vouloir intégrer dans l’ensemble des établissements la journée de la laïcité, les cérémonies patriotiques, la semaine de l’engagement, la semaine du racisme et de l’antisémitisme.
- Créer un nouveau parcours éducatif, de l’école élémentaire à la terminale. Un parcours éducatif citoyen sera mis en place. De l’école primaire à la terminale, ce sont 300 heures de formation théorique, de débats et d’analyse qui attendront les élèves. L’éducation aux médias et à l’information deviendra un point important du programme scolaire. « Les élèves apprendront à lire et à décrypter l’information et l’image, et donc à se forger une opinion » a précisé la ministre. Les initiatives des élèves et leur engagement associatif seront mises en avant.
- Associer pleinement et développer les temps d’échange avec les parents d’élèves. « Il faut établir une relation de confiance » a expliqué Najat Vallaud-Belkacem. Pour cela, des temps seront accordés aux parents dans l’enceinte de l’établissement, pour développer la discussion entre famille et école.
- Mobiliser toutes les ressources des territoires. Un partenariat avec les collectivités locales sera renouvelé. Ce dernier pourrait permettre une meilleure réussite éducative des jeunes. Des liens seront réalisés avec des associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Cette mesure sera réalisé en partenariat étroit avec le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.
- Engager un chantier prioritaire pour la maîtrise du français. Pour la ministre, « la maîtrise du français s’impose. » Elle veut permettre aux enfants de développer leur argumentation, et leur capacité d’écouter l’autre. L’apprentissage des élèves allophones (élèves vivant en France et n’ayant pas pour langue maternelle le français) sera renforcé. En classe de CE2, une évaluation de français permettra aux enseignants de réaliser des diagnostiques pour chaque élève, et ainsi les aider au cas par cas. Le dispositif « Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des enfants » sera renforcé. Les parents étrangers allophones auront une meilleure connaissance de l’institution scolaire, et bénéficieront de moyens pour aider leurs enfants dans leur scolarité.
- Accélérer la mise en oeuvre du plan de lutte contre le décrochage. La « stratégie de lutte contre le décrochage » sera mobilisé par les recteurs. Les 620 000 jeunes (selon l’Education nationale) sortis du système scolaire auront la possibilité de poursuivre leur cursus grâce au « droit au retour en formation ».
- Renforcer les actions contre les déterminismes sociaux et territoriaux. Un état des lieux sur la politique active de mixité sera établi entre 2015 et 2016. Najat Vallaud-Belkacem promet une « coopération avec les entreprises et le monde économique. » Une formation et un accompagnement aux jeunes décrocheurs sera mis en place avec PEPITE (le pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entreprenariat). Les jeunes titulaires du baccalauréat pourront bénéficier du statut national d’étudiant-entrepreneur.
- Une action en faveur des publics les plus fragiles. Des fonds sociaux de 45 millions d’euros vont être investis pour aider les enfants en situation de pauvreté.
- Mobiliser l’enseignement supérieur et la recherche pour éclairer la société dans son ensemble sur les fractures qui la traversent et sur les facteurs de radicalisation. « Il faut valoriser les recherches réalisées afin d’éclairer le débat public sur les questions relatives à la radicalisation », a exprimé la ministre de l’Education. Le gouvernement va également créer des emplois d’enseignants-chercheurs et de chercheurs dans des disciplines plus rares.
- Renforcer la responsabilité sociale des établissements de l’enseignement supérieur. Cette dernière mesure tend à valoriser les parcours professionnels et technologiques du lycée au master. Les échanges Erasmus seront favorisés. Ainsi que l’accès aux études supérieures pour les publics en difficulté. Les enseignants du supérieur seront mieux formés aux enjeux de la laïcité, de la lutte contre la discrimination, le racisme et l’antisémitisme.
Certaines de ces mesures avaient déjà été annoncées le 21 janvier lors des voeux de François Hollande au personnel de l’éducation. Retrouvez notre article ici.