Le Ballon d’or 2009 a été attribué à Lionel Messi. Et alors? En cette année vierge de toute compétition internationale et de tout suspense, quel est encore l’intérêt du trophée? Simon Capelli, journaliste à So Foot, revient avec nous sur ce que peut encore peser le Ballon d’Or.
Récompensant chaque année depuis 1956 le meilleur joueur de football du monde désigné par un jury de journalistes réuni par France Football, le Ballon d’or est la récompense ultime pour tout athlète qui a travaillé d’arrache-pied pour être le meilleur parmi les meilleurs. Selon Simon Capelli, journaliste à So Foot, ce principe est « une aberration, puisqu’il s’agit d’une récompense individuelle attribuée dans le cadre d’un sport collectif. Mais au fond, prenez Cannavaro en 2006. C’est surtout grâce aux performances de l’équipe d’Italie qu’il l’a obtenu. » Comme disait le grand Alfredo Di Stefano, « aucun joueur n’est aussi bon que tous ensemble ». La sagesse footballistique, la syntaxe en moins.
Le Top Ten de cette année ne comptait pas moins de 4 joueurs du FC Barcelone dans ses rangs. Le club catalan, vainqueur du championnat, de la coupe d’Espagne et de la Ligue des Champions, s’impose logiquement comme celui à l’effectif le plus talentueux. Et puisque Lionel Messi en est la star, aucun suspense à espérer? « A moins qu’il y ai une vraie surprise pendant la remise, par exemple que le trophée soit attribué à tous les joueurs du Barca, je ne vois pas. ». Qu’en est-il des critères d’évaluation? Le règlement parle de: a) les performances et le palmarès, b) la personnalité du joueur et c) la « classe », terme pour le moins vague incluant selon France Football le talent et le fair-play. « Je ne vois pas qui pourrait réunir tous ces critères! Déjà, pour la classe, ça ne peut pas être Cristiano Ronaldo. A moins que classe en football ne rime avec call girls et grosses bagnoles. Messi a le talent, mais pas la classe. Il est très timide en interview. Pour moi, cette année, cela aurait dû être Xavi ou Iniesta, pour leur apport au collectif ». Et que penser du fait que Henry ait été écarté du Top 10 final? Sans cette main malheureuse en match de barrages contre l’Irlande, aurait-il eu sa chance? « Même sans la main, ou avec quatre bras, Henry ne mérite pas ce trophée. »
Le prestigieux globe doré aurait-il perdu toute son aura? « Le principe me plaît tout de même, surtout le côté débat qui vire à la foire d’empoigne. ». Cette année, avec un plébiscite de 473 points pour Messi contre 233 pour Cristiano Ronaldo, on n’aura même pas eu droit aux empoignades tant appréciées par les amateurs, du café du coin aux tribunes du Partizan Belgrade. Cette année, on aura juste donné un beau cadeau de fin d’année au petit Lionel.
Photos: France Football