Josette Jouas est l’auteur de « Ces bretons d’Amérique du Nord », ouvrage de référence sur les bretons ayant émigré aux Etats-Unis. Elle décode pour nous ce phénomène.

Bretons aux quatre coins du monde

 

Pourquoi vous être intéressée à ce sujet ?

Cela me touche particulièrement car un membre de ma famille est parti en 1912. J’ai donc une partie de ma famille aux USA et une autre en Bretagne. Pour ma maîtrise d’anglais j’ai logiquement choisi ce thème. Beaucoup de personnes ont déjà écrit sur ce sujet mais moi j’ai été sur le terrain, pour savoir ce qu’ils font là bas, comment ils s’en sont sortis, quels métiers ils ont pu occuper.

Quelles sont les grandes étapes des migrations bretonnes vers l’Amérique du Nord ?

Il y a différentes phases. En 1905 tout d’abord avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Des prêtres qui ne pouvaient exercer librement sont partis au Canada qui cherchait alors des immigrants francophones. Ensuite en 1911-1912, à cause de la pauvreté, de la maladie, de la surpopulation dans les fermes…C’est similaire à la crise de la pomme de terre en Irlande en 1848. Les gens ne savaient pas lire ni écrire mais il y avait des opportunités. Après la Première Guerre Mondiale, les gens ont pu recommencer à partir. En 1919, l’ouverture du port du Havre pour les transatlantiques a provoqué une émigration massive. Il y avait déjà des bretons aux Etats-Unis qui disaient « venez il y a de l’argent, il y a du travail. » Enfin en 1950 : après 2e guerre mondiale, nouvelle vague massive du centre bretagne. On y trouve deux raisons : la région avait été dévastée par la guerre et la survivant de « l’American Dream » propagé par les bretons qui étaient là bas.

Pourquoi autant de bretons voyagent-ils ?

La géographie de la Bretagne est un premier élément de réponse. Quand il y a des ports, un littoral ça invite au voyage. Ca a commencé très tôt avec des explorateurs, les corsaires, c’est presque une tradition bretonne. En 1950, certains ont même été recrutés directement pour aller dans les forêts du Canada ou dans les fermes d’Afrique du Nord.

Comment expliquer l’importance des communautés bretonnes ?

Nous avons une identité culturelle très forte. Les bretons ont toujours tenu à être ensemble. A NY, par exemple, il y a eu très vite un club de football, des associations, des bagads bretons. Ils veulent parler breton, faire du cidre ou des crêpes en commun. Le rassemblement en communauté qui est très important pour les expatriés bretons.