Réalisé par Mat Whitecross, et co-produit par les deux frères Gallagher, le documentaire Supersonic retrace l’ascension fulgurante d’Oasis, l’un des derniers gros phénomènes de l’histoire du rock anglais.
D’emblée, le documentaire pose les jalons : « Il aura fallu à peine 3 ans au groupe pour être signé et jouer à Knebworth devant 125,000 fans. Comment ça s’est passé ? » lance le journaliste à Noel Gallagher. « C’est une grande question. Et ça mérite une grande réponse », rétorque le guitariste. La chanson Columbia débute, le groupe entre en scène, Liam Gallagher fait l’idiot et Oasis s’apprête à jouer l’un des plus gros concert de l’histoire de sa carrière, où plus de 4% de la population britannique a essayé de se procurer le fameux sésame. Historique. Bienvenue dans Supersonic, documentaire foudroyant sur cinq jeunes branleurs de Manchester qui, en l’espace de 3 années, passe du statut de jeunes sans avenir à rock stars multi-millionnaires.
L’histoire, tous les fans d’Oasis la connaisse presque par coeur. Alors comment ne pas être redondant à propos du concert à Glasgow, au King Tuts Wah Wah Hut où le boss du label Creation Records, Alan Mcgee, les a vus et signés le soir même ? Sur les premières démos de leur album Definitely Maybe qui n’étaient pas au goût du groupe ? De la rivalité grandissante entre deux frères que tout oppose, ou presque ? Ce qui fait la force, mais aussi la faiblesse du documentaire, c’est d’avoir les deux frangins comme producteurs délégués.
« Je suis un peu un enfoiré »
Supersonic s’articule principalement autour d’archives audios, de vieilles vidéos et photos et d’animations graphiques. Juste les voix et commentaires des interlocuteurs – la mère des deux frères, les membres du groupe, l’ingénieur du son, etc. – sont superposés sur ces images. La narration se fait donc ainsi et se suit relativement bien. Mais forcément, les deux stars d’Oasis ont aussi la main mise sur le déroulement du documentaire. La plupart du temps, ils en sortent en héros attachants. À la fois capable de s’imbiber de bières et de ravager une chambre d’hôtel. Mais ayant aussi la volonté de s’en sortir pour aider leur mère, immigrée irlandaise mariée à un alcoolique qui la frappe.
Comme à leur habitude, Noel et Liam se montrent sous leurs meilleurs jours : ironiques, marrants, blagueurs, arrogants, charmants, insouciants. Ils racontent comment le groupe a explosé, comment se passaient les sessions d’enregistrements, les relations avec les autres membres du groupe. Ils oublient de parler, par exemple, de la guéguerre entre Oasis et Blur ou encore d’argent (l’une des causes des problèmes au sein du groupe, puisqu’en tant qu’interprète, Noel gagnait plus que les autres).
Les images d’archives, filmées backstages ou lors des tournées, donnent l’impression d’entrer dans l’intimité du groupe. Et offre des moments comme celui-ci, sans langue de bois. Noel, clope au bec, fatigué : « Je l’ai accepté. Je suis un peu un enfoiré. »