Deux immenses centres commerciaux se côtoient dans le cœur de ville de Metz. Cette proximité entraîne-t-elle un problème pour les petits commerces ? Tentative de réponse.
La désertification des centres-villes est aujourd’hui un véritable problème de société pour les grandes métropoles. À Metz, deux centres commerciaux, Saint-Jacques et Muse sont distants d’à peine un kilomètre. À l’ouverture de Muse en novembre 2017, Dominique Gros, le maire de la ville, s’estimait confiant sur la durabilité du projet. « Les 330 millions d’euros investis à cet endroit sont là. Ce n’est pas de l’argent public, mais de l’argent privé qui a été joué sur Metz confiait-il à France Bleu Lorraine. L’objectif est de faire de la ville une place forte du commerce.”
En revanche, sur la question de proximité, le maire PS ne bronchait pas une oreille : “il a été choisi dans cet investissement des enseignes qui sont absentes de Metz. L’idée est d’avoir une complémentarité et non une concurrence.”
Une hyper concurrence commerciale
Au grand dam des commerces de proximité : “ la zone de chalandise de Metz est de 40 kilomètres aujourd’hui explique Pascal Schons directeur de la fédération des commerçants depuis 2016. « On est vraiment dans l’hyper concurrence. La densité commerciale de Metz est 20% supérieure à celle de la France. Aujourd’hui, il y a des tonnes d’opticiens dans le centre-ville. Il n’y a pas à manger pour tout le monde.” La Moselle compte en effet 1300 m² de surfaces commerciales par habitant contre 900 en moyenne nationale. A ce sujet, la préfecture craint d’ailleurs une saturation qui pourrait conduire à trop de locaux vides.
Mais alors, pourquoi construire un second centre commercial ? La mairie avance les créations d’emplois sur le long terme. “On parle de 800 emplois créés mais combien de détruits ?”, assène Françoise Grolet présidente du groupe Rassemblement National. “La concurrence déloyale, ce n’est pas celle des enseignes qui auraient de mauvaises pratiques. C’est plutôt Muse qui fait souffrir le centre-ville et transforme Saint-Jacques en centre commercial moribond” continue-t-elle sur un ton alarmant.
Muse, un côté « bling-bling »
Si l’offre est beaucoup plus grande qu’auparavant, l’arrivée de Muse en novembre 2017 a bouleversé l’écosystème local. Éric, un Messin de 34 ans ne sait plus sur quel pied danser : “avec deux centres commerciaux et de nombreuses boutiques, j’ai parfois du mal à choisir où je vais. Il m’arrive même d’aller aussi bien à l’un que l’autre en une après-midi.”
Annette estime elle que la ville a voulu dynamiser le quartier du Centre Pompidou au détriment de Saint-Jacques. « La volonté du maire était de faire un centre commercial beaucoup plus attractif que Saint-Jacques. Il pensait que des hommes d’affaires ou des touristes de passage à Metz s’arrêteraient forcément au Muse. Finalement, on se rend compte que ce n’est pas le cas et que son côté bling-bling ressort.”
De ce fait, en installant un nouveau centre commercial à deux pas l’un de l’autre, la ville de Metz a pris un risque. Le but ? Redynamiser l’activité autour du Centre Pompidou. Malgré cela, les chiffres n’incitent guère à l’optimisme. Si ceux de Muse sont en constante hausse, ceux de Saint-Jacques sont en chute libre. Visiblement, le pari est perdu.
Thomas Bernier