Une fois par mois, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) organise des sorties gratuites pour faire découvrir la nature. Immersion avec ces ornithologues amateurs.
Il fait froid mais ensoleillé en ce dimanche matin de novembre. Il est 8h30 et seulement six personnes sont réunies sur le parking de la salle polyvalente d’Argancy, à côté de Metz. Tous habillés chaudement dans des tons verts ou bruns, munis de chaussures de randonnée et de paires de jumelles, ils sont déjà à l’affût. Quand on est novice à l’observation des oiseaux, difficile d’apercevoir quoi que ce soit au milieu des branches, mêmes nues. Seuls les vols en formation en V au milieu du ciel bleu sont visibles. Les membres de la LPO, eux, ont déjà repéré un pinson des arbres et une famille de chardonnerets élégants.
La LPO, un nid d’informations
S’ensuit alors deux heures de balade dans les bois et en bord de Moselle. A cette époque de l’année, il est possible d’observer les oiseaux hivernants. « Ils viennent généralement d’Europe du Nord car l’hiver ici est plus doux », explique Jean-Yves Schneider, administrateur au sein de la LPO. La grande aigrette blanche en bord de fleuve ou les sarcelles d’hiver en sont des exemples. Les autres spécimens visibles sont d’ici, et ne migrent pas. « La mésange charbonnière est insectivore l’été et granivore l’hiver », poursuit le responsable du groupe local Orne et Moselle. L’animal s’adapte donc tout simplement au changement de saison.
Au gré des observations et des pas froissant le tapis ocré des feuilles d’automne, les amateurs échangent informations et anecdotes. « Ce pic épeiche, c’est un mâle ou une femelle ? – Un mâle. – Ah oui, je vois l’arrière de sa tête, elle est rouge. » Le dimorphisme sexuel des oiseaux, c’est-à-dire les différences physiques entre les deux sexes, est en effet un point de repère et un objet de conversation. « C’est toujours le mâle qui porte les couleurs vives, il fait un peu le kéké, rit Jean-Yves Schneider. Alors que la femelle, elle, doit être discrète pour protéger ses petits. »
Un coup dans l’aile pour ces amateurs d’oiseaux
Pour Yves comme pour Nathalie, l’observation des oiseaux et de la nature en général, c’est une passion qui est née dans l’enfance. Au quotidien ou pendant les vacances, les aficionados de nos amis à plumes sont toujours à la recherche de « l’oiseau rare », le spécimen qu’ils n’ont encore jamais vu. « D’abord on observe dans son jardin, puis on se prend au jeu », raconte l’homme de 51 ans. Mais l’observation n’est qu’une partie des activités proposées
par la LPO. Le message essentiel de l’association est la protection des milieux naturels. Missions de sensibilisation dans les écoles, création de panneaux informatifs, vente de mangeoires… Nathalie et Yves ont cet autre point en commun : tous deux auraient voulu travailler dans ce domaine. « Cela n’existait pas à l’époque, ce n’était pas autant développé que maintenant », déplore-t-elle.
Leur lutte pour la préservation des écosystèmes s’avère difficile. Leur principal adversaire : les chasseurs. Tous sont scandalisés par le « cadeau » qui leur a été fait en août dernier par le gouvernement et qui a provoqué la démission de Nicolas Hulot. ils dénoncent une « confiscation » de la nature par ce lobby « qui a la faveur de tous les partis politiques ».
La balade se termine en beauté, avec un couple de martin-pêcheurs flamboyants et un épervier insaisissable à contre-jour. Le bruit de l’eau et les chants discrets des oiseaux s’estompent peu à peu face aux sportifs dominicaux qui s’activent à côté.
Anne Damiani
Pour contacter la LPO Moselle, rendez-vous sur leur page Facebook.