Le “Movember”, ce mouvement pour la prévention du cancer de la prostate, c’est tous les mois de novembre. A Thionville, barbiers et urologue doutent de son efficacité.
Chaque année, le mois de novembre rime avec “Movember”. Si ce mot anglais – contraction de “moustache” et “november”- existe depuis quelques années, il disparaît de plus en plus des politiques de sensibilisation. Si l’Octobre rose, pour le cancer du sein, ne perd pas en crédibilité, le cancer de la prostate, lui, reste encore tabou. “Ce n’est pas le cancer le plus meurtrier, il n’est donc pas prioritaire dans les campagnes de prévention de santé publique”, regrette le Dr. Jacques Schlosser, urologue thionvillois.
Encore du chemin à faire
Le vrai tabou, c’est le dépistage lui-même. Certains hommes refusent encore le toucher rectal. A l’instar de Mehdi : “Si on trouve une autre méthode, je veux bien me faire dépister.” Même s’il est conscient que ”le risque zéro n’existe pas”, le quadragénaire préfère soigner son hygiène de vie. Pourtant, le Dr Schlosser insiste: “Cet examen n’est pas suffisant, mais il reste indispensable.”
L’autre souci, c’est la visibilité du mouvement. Aujourd’hui, la mode de la barbe, de la moustache, c’est toute l’année. Les barbus refusent de sacrifier leur toison qu’ils ont patiemment fait pousser, et qu’ils entretiennent avec soin . “Cela fait 15 ans que j’ai une barbe fournie, ça me freine trop de ne garder que la moustache”, admet Loris, 34 ans. Il ne s’est pas laissé convaincre par “un ami qui le fait pour la deuxième fois”.
Jean, barbier chez Eric&Laurent depuis 15 ans, confirme. “Les barbus sont égoïstes. A peine deux clients sur cent m’ont demandé de leur tailler une moustache”, souligne-t-il. Selon lui, Movember a plus pris dans les grandes villes comme Paris qu’à Thionville. Alors comment différencier les engagés des simples barbus et moustachus, la question se pose.
Mélina Le Corre & Anne Damiani