L’association messine Couleurs Gaies et la Horda Frénétik 97, l’un des groupes de supporters ultras du FC Metz, se sont rencontrés samedi 21 septembre en marge du match entre le club lorrain et Amiens. L’occasion de dialoguer et de dégonfler certaines polémiques.
Vendredi 31 août, Metz-Paris Saint Germain, 20ème minute de jeu. Les caméras se détachent de la pelouse du stade Saint-Symphorien et se braquent sur la tribune Ouest, celle occupée par Génération Grenat 1995 et Gruppa Metz, deux des trois groupes de supporters ultras du club à la croix de Lorraine. Au centre de la fourmilière grenat, quatre bandes déployées : « PSG, LFP, laisse-moi te chanter d’aller te faire en..mmmm.. Je passerai pas à la TV parce que mes mots sont pas très gais ». Match arrêté pour incident homophobe. Un de plus. En parodiant le tube Balance ton quoi de la chanteuse belge Angèle, Génération Grenat 1995 s’invitait à la table des opposants aux interventions des instances du football et des ministres pour lutter contre l’homophobie. « On a eu la même idée que la Génération Grenat, on a sorti la même banderole en seconde mi-temps, ironise Graouz, l’un des capos de la Horda Frénétik 97, groupe ultra situé de l’autre côté de l’enceinte, en tribune Est. C’est une question de contexte. Quand on dit et écrit à un joueur ou à la Ligue de Football Professionnel « d’aller se faire enculer » (sic) , pour moi, cela n’a rien d’homophobe. C’est un folklore qui a plus de vingt ans. Mais on reste ouvert au débat et à l’échange ».
À l’initiative du groupe de supporters, une rencontre s’est tenue avec le président de l’association Couleurs Gaies, Matthieu Gatipon, vendredi 21 septembre à la fin du match entre Metz et Amiens. » On savait qu’ils seraient ouvert au dialogue, raconte le président de l’association. Pour autant, il existait certaines incompréhensions. Par exemple, selon nous, ce n’est pas parce que des termes comme « pédé » ou « enculé » ont pris un sens courant dans le langage quotidien qu’ils sont vidés de leur sens « .
Unis contre le tout-répressif
Les deux associations dénoncent également les méthodes répressives et contre-productives employées par les instances pour combattre ce fléau. » Cela a été traité à l’envers, déplore Matthieu Gatipon. Si vous voulez convaincre les gens de changer de façon de faire, il faut d’abord faire preuve de pédagogie et, ensuite, appliquer des sanctions. »
Nous, à la Horda, on n’a jamais demandé à l’un de nos membres son orientation sexuelle, son origine ou sa religion, explique Graouz. On est un groupe ouvert à tous, antiraciste et luttant contre toute forme de discrimination. Sauf que c’est compliqué à montrer publiquement durant les matchs. On ne va pas brandir et agiter des drapeaux antiracistes ou des drapeaux LGBT. On reste avant tout un groupe de supporters de football. Dans l’enceinte du stade c’est difficile à faire. En revanche, en dehors, nous faisons différentes actions pour combattre cela, comme celle-ci. Ce que je regrette c’est que l’on ait condamné et définit le mouvement ultra comme homophobe en prenant compte seulement ce qui se dit ou s’écrit à l’intérieur du stade ».
Pour l’instant, aucun autre rendez-vous n’est défini. Les deux associations comptent tout de même se rencontrer à nouveau prochainement. « Pour des actions futures nous préférons attendre, temporise Graouz. On trouve cela trop opportuniste de commencer cela maintenant. On préfère laisser se tasser cette polémique et avancer ensemble une fois que celle-ci se sera calmée. C’est mieux pour tout le monde ».