Le projet de loi du ministre de l’Education nationale Vincent Peillon est au cœur d’une polémique. La réforme des rythmes scolaires rejetées à deux reprises début janvier au Conseil supérieur de l’Education (CSE) et au Comité technique ministériel (CTM), ne passe pas auprès des enseignants.
La refondation de l’école doit faire face à une forte opposition. Pour les parents d’élèves, le décret ne va pas assez loin sur le plan éducatif. Ceux-ci restent circonspects quant aux modalités d’organisation de cette nouvelle semaine de quatre jours et demi. Les collectivités soulèvent aussi une objection de taille : le coût de l’élargissement du temps périscolaire qui resterait à leur charge et cela malgré le fond d’amorçage de 250 millions d’euros dans lequel elles pourront puiser. Enseignants et syndicats, directement impliqués dans le changement des journées d’écoles, émettent un bon nombre de critiques contre un projet réputé « non stabilisé ». Les enseignants réclament des compensations pédagogiques et financières. Une requête refusée par le ministre de l’Education : « la compensation, je n’y crois pas, dès lors que je ne demande pas qu’ils travaillent davantage« . Mais il souligne le fait que les professeurs des écoles connaissent des conditions de rémunération qui ne sont pas équivalentes à celles de leurs collègues du secondaire par exemple. Il évoque un rééquilibrage des salaires mais exclu catégoriquement la compensation dans le cadre de la réforme.
Une réforme « bâclée »
A Paris le 22 janvier, les enseignants du primaire étaient en grève. Une mobilisation massive pour demander le retrait de la réforme appuyée sur des arguments précis : le manque de moyens, d’animateurs, la nécessité d’une allongement de la pause méridienne et une réforme qu’ils jugent « bâclée ». « L’école a été massacrée pendant cinq ans. Le changement, c’est maintenant ? Pour l’école, on n’en est pas encore là. La réforme laisse plus de problèmes en suspend qu’elle n’en résoud. » souligne Corinne, enseignante en CM2. Sébastien, directeur d’école à choisi de faire grève pour trois raisons : « La rapidité de la mise en place, le manque de concertation avec les enseignants et aussi parce que je crains que les écoles, à commencer par la mienne, n’aient pas les moyens nécessaires ». Les instituteurs parisiens craignent également de perdre un privilège, celui de ne pas enseigner la musique, les arts et l’éducation physique qui sont dans la capitale pris en charge par des enseignants « municipaux ». Par ailleurs, ils seront amenés à travailler une demi-journée de plus, sans augmentation de salaire. C’est pour cela que l’on ne sait pas s’i la grogne est le signe d’une inquiétude sincère pour les élèves ou le résultat d’un réflexe corporatiste. Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE le souligne, « ce n’est pas du rythme des enseignants dont on doit parler en priorité, mais de celui des enfants. Il faut les faire passer d’abord pour une fois« . Avec 144 jours de classe par an et six heures de cours par jour, la France connait la pire des situations en Europe. Ses performances médiocres au baromètre Pisa devraient pourtant inciter tous les acteurs de l’école à se mobiliser.
[toggle title= »Lomme (Nord) fait le test »]Dans la commune de Lomme dans le Nord, deux écoles font le test de la réforme des rythmes scolaires. Surprise générale, les parents sont contents. La classe dure du lundi au vendredi, mercredi matin compris, dont deux après-midi par semaine d’ateliers, et pas plus de cinq heures de cours par jour au lieu de six. Les enfants seraient plus concentrés et attentifs lorsqu’ils travaillent le matin. Le point qui reste sensible est celui concernant les communes les plus pauvres qui redoutent de devoir payer davantage. Quant aux professeurs des écoles ils craignent tout de même une dégradation de leurs conditions de travail. Pour l’éviter, Peillon a promis une table ronde.[/toggle]