Confinement, fermeture des frontières, limite de déplacement… 2020 est une année mouvementée pour les jeunes amoureux. Qu’ils soient contraints de s’aimer par écrans interposés ou de cohabiter dans des conditions mouvementées, la pandémie de Covid-19 met les couples à l’épreuve.
Cela fait plus de 245 jours qu’ils sont séparés. Samuel, 25 ans, travaille en tant qu’agent immobilier en région nantaise alors que sa petite-amie, Cassie, une jeune américaine de 23 ans, étudie à l’Université de Chicago. Depuis le mois de mars, les frontières extérieures de l’Europe sont fermées. Si le couple binational s’y attendait, ils ne pensaient tout de même pas que huit mois après, les voyages entre l’hexagone et les États-Unis resteraient impossibles. « On imaginait, sûrement naïvement, que les frontières allaient rouvrir l’été dernier, explique Samuel. Quand on a appris que ce n’allait pas être le cas, ça a été la douche froide ». « La dernière fois que l’on s’est vu c’était le 3 mars. Si j’avais su que ça allait être la dernière fois de l’année, je l’aurais serré encore un peu plus fort dans mes bras », s’émeut Cassie.
Pour ce couple franco-américain, la distance a toujours été une problématique. « Lorsqu’on s’est mis ensemble il y a deux ans, on était pleinement conscient qu’on allait devoir s’aimer à distance, détaille l’étudiante. Mais le fait de toujours savoir quand on allait se revoir nous aidait à tenir. Là on est dans le flou total… ». Adeptes des écrans et des applications de visioconférence au quotidien, les amoureux étaient déjà armés pour affronter la situation. Bien que six heures de décalage horaire les séparent, ils parviennent toujours à se parler quotidiennement. « Deux fois par semaine, on essaye de manger ensemble. C’est-à-dire que lorsqu’elle mange son repas du midi, je mange mon diner et on s’appelle en même temps. Ce sont des petits moments comme ça qui nous aident à nous sentir proche », raconte Samuel.
La pandémie aura tout-de-même fait éclore un projet pour le couple : dès que possible, Cassie quitte son Chicago natal afin de vivre le « french dream », comme elle l’appelle, et pour ne plus jamais être aussi loin de celui qu’elle aime.
« Le Covid-19 nous met des bâtons dans les roues »
Clément et Jules sont en couple depuis le mois de février. Les deux jeunes hommes de 22 ans habitent à seulement quatre kilomètres l’un de l’autre mais ont été dans l’impossibilité de se voir pendant deux mois dès le commencement de leur relation. « Ce n’est clairement pas un début de relation idéal, plaisante Jules. On était à distance tout en sachant que l’autre était à moins de cinq kilomètres. C’était très frustrant ». Ils ont même tout de suite pensé à arrêter. « La veille du confinement, on s’est vu et on s’est dit qu’il était peut-être préférable de se séparer car on n’imaginait pas être en couple à travers les écrans, explique Clément. Finalement on a tenu bon et on a pu se retrouver dès le 11 mai (date du déconfinement, NDLR) ».
Le couple a dû se séparer une deuxième fois pendant un mois durant l’été, Jules étant parti en vacances aux Pays-Bas avec des amis. Puis en septembre, c’est au tour de Clément de déménager à 400 kilomètres de son partenaire pour y poursuivre ses études. « On s’est vu pendant les vacances de la Toussaint et on a prévu une organisation qui nous permettait de nous voir une semaine sur deux. Mais Emmanuel Macron en a décidé autrement ! », s’exclame Jules en riant. « Ce virus nous met des bâtons dans les roues, on commence à se dire que l’univers est contre nous », enchéri Clément.
En attendant de pouvoir vivre pleinement leur amour, le couple garde le sourire et estime que cela rendra leur histoire encore plus forte.
Le Covid plus fort que l’amour ?
Si cette pandémie mondiale peut renforcer les liens d’un couple, elle peut aussi être l’élément déclencheur d’une séparation. Mehdi, étudiant en communication de 23 ans, était en couple depuis trois ans lorsque la France est entrée en confinement. Persuadé que sa partenaire était la femme avec qui il allait construire sa vie, il n’imaginait pas que cet éloignement serait fatal pour leur relation. « Au début, on communiquait énormément par téléphone. Puis plus les jours passaient, moins on s’envoyait de message, jusqu’à ce que l’on se rende compte que l’on ne se manquait pas, détaille-t-il. On s’est avoués que l’on restait ensemble par habitude et que nos sentiments avaient changés ».
Mehdi n’est pas le seul pour qui l’épidémie de Covid-19 a entraîné la fin d’une relation amoureuse. Son meilleur ami, Pierre, avait choisi de vivre le confinement avec sa petite-amie, tous deux étant sûrs que cela renforcerait leur couple. Mais après un mois de confinement dans un appartement de 35 mètres carré, il est parti se confiner chez ses parents. « On a vu que l’on était pas du tout fait pour vivre ensemble. Au début, c’était dur de se l’avouer. Mais finalement c’est un mal pour un bien car ça nous a permis de ne pas perdre plus de temps ensemble ».
Suzanne Jusko