La grève du vendredi 13 octobre des médecins généralistes libéraux, d’internes et d’étudiants en médecine a été entendue. Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé, promet qu’à partir du 1ernovembre, le tarif d’une consultation passera de 25 à 26,50 euros pour les médecins généralistes. Depuis le début de la semaine dernière, la Sécu négocie avec des syndicats de médecins. Ils se sentent écoutés pour le moment, mais restent méfiants.
Le dialogue est renoué, la Sécu rencontre depuis une semaine en visioconférence ou en présentiel les syndicats de médecins généralistes en France pour prendre la température. « Les négociations de l’année dernière étant un échec, il y a de la bonne volonté de la part des représentants de la Sécu », confie la médecin généraliste Elise Fraih, présidente du syndicat Réagir, suite à sa visioconférence avec la Sécu.
Les syndicats demandent que la profession soit plus attractive, que les démarches liées à l’installation des jeunes médecins dans des cabinets soient plus simples. Ils veulent une augmentation de la tarification des consultations en fonction de leur complexité. « Pour l’instant on se sent écoutés, mais ce n’est qu’un tour de chauffe », nuance la présidente de Réagir.
« 26,50 euros c’est un début, on attend plus à cause de l’inflation »
Le médecin secrétaire générale du syndicat MG-France, Jean-Christophe Nogrette, a lui aussi négocié avec la Sécu mercredi. Pour lui, cette hausse du prix de la consultation de 1,50 euros à partir du 1er novembre est un bon début, mais il espère qu’elle va tendre vers les 30 euros. L’inflation touche tout le monde, les médecins généralistes ont des charges d’électricité, de chauffage et d’informatique avec des logiciels à payer comme Doctolib, qui coûte 130 euros par mois. « On doit aussi payer des secrétaires, des charges patronales et puis avec l’inflation notre bénéfice net diminue. Toutes ces charges, c’est en moyenne 47 % de nos salaires », ajoute le médecin.
Des consultations complexes et une reconnaissance des remplaçants
Les médecins voient 15 à 20 patients par jour d’après MG-France, mais les consultations ne sont pas les mêmes. Ils aimeraient que la tarification de la consultation soit plus élevée si la consultation est plus complexe, explique le médecin : « Certains ont juste un rhume, d’autres sont plus âgés et ont plusieurs pathologies, les consultations ne prennent alors pas le même temps, ça ne nous demande pas la même énergie ».
Les médecins s’accordent aussi pour dire qu’il faut que les médecins remplaçants soient intégralement payés. Puisqu’à l’heure actuelle, ils n’ont que 70 à 80 % des honoraires qu’ils reçoivent, d’après Jean-Christophe Nogrette. Le reste est versé au médecin qui possède le cabinet. C’est ce qu’on appelle une rétrocession.
Comment vont évoluer les négociations ?
Les syndicats se sentent compris et écoutés, mais ce n’est que le début des négociations. Il est impossible de savoir si la Sécu va répondre aux revendications des syndicats sur le long terme en rendant la médecine plus attractive, avec une hausse progressive de la tarification des consultations et en donnant plus d’aides à l’installation des jeunes médecins. « La Sécu a l’air de vouloir valoriser la médecine générale, mais on reste sur nos gardes, on attend la nouvelle convention médicale de mi-novembre », nous dit Elise Fraih de Réagir.
Noé Chaillot