Depuis le 1er février, le Luxembourg a augmenté le prix du tabac. Une mesure plus que modeste qui n’empêche pas la ruée des fumeurs mosellans vers le Grand-Duché, au grand dam des buralistes de ce côté de la frontière.
Au Luxembourg, le prix du tabac augmente mais ne flambe pas. Concrètement, le montant d’un paquet de cigarettes gonfle de 20 à 30 centimes selon les marques. Les amateurs de nicotine devront désormais entre 4,30 et 4,60 euros pour acheter leur paquet. Un prix qui reste tout même bien plus attractif qu’en France où le même produit coûte 6,60 euros, soit deux euros de plus. Le rush des fumeurs français, notamment mosellans, vers la frontière luxembourgeoise n’est donc pas prêt de se calmer. De quoi indigner bon nombre de gérants de bureaux de tabac.
« Les luxembourgeois consommeraient en moyenne cinq cartouches par jour »
« Vive l’harmonisation des prix » ironise Christophe Deconchon, un buraliste messin. Outré par cette concurrence déloyale, il a fait partie des 4 200 buralistes qui ont manifesté à Bruxelles le 22 janvier. « La hausse est insuffisante, on ne peut pas laisser un écart pareil avec les tarifs français ». Dépité mais pas encore résigné, Christophe s’emporte : « Un pays doit avoir sa propre consommation. Au Luxembourg, les chiffres de ventes de tabac indiquent qu’un habitant consommerait en moyenne cinq cartouches par jour, c’est n’importe quoi ». Pour lutter contre cette iniquité, le buraliste soutient la pétition des buralistes mise en place le 14 janvier dernier. Cette initiative permet aux clients de montrer leur soutien envers la profession, en apposant leurs signatures.
Si la hausse fait grincer des dents en France, elle est surtout très lucrative pour le Luxembourg. Cette augmentation des prix rapportera environ 15,75 millions d’euros au budget du pays. A noter que le tabac à rouler sera plus cher lui aussi, passant en moyenne de 29 à 31,50 euros par kilogramme. Bernard, invétéré fumeur depuis 33 ans, est parfaitement conscient du dumping fiscal appliqué par l’État luxembourgeois. « Les buralistes français sont les dindons de la farce » constate-t-il. « C’est toujours moins cher qu’en France, où on est taxés à mort. On ne va faire plaisir à l’État français et on va au moins cher ». Pour l’Hexagone, les prix augmenteront de nouveau le 1er juillet 2013, de 30 centimes environ par paquet. Depuis 2004, plus de 6 000 gérants ont dû fermer boutique. Un désastre professionnel auquel il faudra remédier pour empêcher les autres bureaux de tabac de partir en fumée.