Saviez-vous que la SNCF proposait des logements sociaux ? Par le biais de l’entreprise spécialisée ICF Habitat, elle loue des biens à des particuliers, cheminots ou non. À Metz, l’entretien des quelques 254 HLM et les relations clients avec ICF ne semblent pas satisfaire tous les locataires.

Quel est le point commun entre la Gare de Metz et les habitations de la rue du Saulnois ? Elles appartiennent toutes à la SNCF. Dans le Grand Est, ICF Habitat, filiale immobilière de la société de chemins de fers, possède plus de 1 200 logements collectifs. Si la mission principale de l’entreprise est « d’offrir aux cheminots, aux travailleurs clés et aux populations modestes des logements » d’après leur site internet, les principaux concernés se sentent délaissés par l’entreprise. « Quand on leur demande d’intervenir, ils ne viennent pas, ils ne tiennent pas compte des demandes malgré des relances », déclare une habitante qui se bat depuis trois ans pour obtenir la réparation d’une fuite d’eau dans son logement. Un discours partagé par plusieurs voisins, alors que l’entreprise revendique la qualité de l’accompagnement de ses locataires. 

Un accompagnement inexistant ?

Quand nous sonnons à la porte d’un pavillon, propriété d’ICF Habitat, nous ne nous attendons pas à tomber sur un locataire aussi virulent quant à son bailleur. Retraité de l’armée, Olivier* s’agace dès que l’on mentionne ICF. Après vingt années passées dans ce logement, il constate la dégradation des lieux au fil des ans et l’absence de réaction de la part de ses conseillers. Il réclame des changements depuis longtemps, mais rien n’est fait. « Ils sont venus il y a quelque temps pour évaluer les dégâts », ajoute-t-il. Depuis, silence radio. De l’extérieur, les pavillons semblent de bonne facture, les peintures sont assez récentes et les couleurs vives ont fière allure. Pourtant, dès que l’on s’avance dans l’allée, la réalité nous saute aux yeux. Le crépi se fissure, la peinture craquelle au niveau de la poignée de porte, de la mousse d’isolation ressort d’une porte de garage et de la moisissure gagne du terrain sur la peinture blanche. 

Après avoir discuté avec plusieurs habitants, seule Cassandra* semble satisfaite du bailleur. Avec son compagnon, ils sont en relation avec une conseillère de chez ICF qui les a accompagnés dans la signature du bail. Ils n’ont rencontré aucun problème vis-à-vis de leur logement au cours des quatre dernières années, bien qu’ils aient entendu d’autres voisins se plaindre de fissures dans leurs maisons. Plus tard, par SMS, Chloé* décrit un environnement calme et « une maison fonctionnelle » par rapport à leur précédente location. En cas de besoin, elle a toujours pu entrer en contact avec ICF, qui ont répondu à ses demandes de façon positive. 

Alors que les habitants dénoncent des fissures, la plupart des façades craquellent – Loris Jecko

Des rues différentes, un problème commun

Alors que nous poursuivons notre tour des biens ICF, nous remarquons que les locataires sont nombreux à pointer du doigt les manquements de la part de la société. Marie*, qui vit dans un T4 avec son fils, nous confie avoir obtenu le logement par la biais de la mairie, qui l’a soutenue dans cette demande alors qu’elle traversait une situation « très compliquée ». Après quelques échanges, elle confirme les dires de son voisin, Gérard*, lui aussi mécontent. Le bois de la terrasse est en très mauvais état, les escaliers s’effritent et le chauffage est défectueux. Des dires qui se confirment par un rapide coup d’œil autour de l’entrée, les escaliers empruntés pour atteindre le logement sont dans un piteux état. Prendre contact avec ICF relève du casse-tête. « Impossible de joindre quelqu’un par téléphone, on nous dit qu’on va nous rappeler, puis plus rien », raconte-t-elle. 

Les escaliers menant aux différents logements sont sales et abîmés – Loris Jecko

La plupart des personnes que nous avons interrogées n’ont aucun lien avec la SNCF, seule une habitante nous a indiqué avoir un père cheminot. Lorsqu’ils sont arrivés dans le logement, tout était neuf, mais des malfaçons n’ont pas tardé à apparaître, comme dans les autres logements. « Sur la terrasse, une planche se décollait, c’était vraiment dangereux et personne n’est venu pour la réparer, malgré nos appels » avoue-t-elle à demi-mots. Las d’attendre, ils s’en sont occupés eux-mêmes. Pourtant, Sylvie Cavrot, directrice générale déléguée et directrice financière d’ICF Habitat déclare que l’entreprise est « attendue sur le terrain de la proximité et de l’accompagnement ».

ICF Habitat n’a pas souhaité répondre à nos questions, précisant qu’ils communiquaient très rarement et n’avaient pas de disponibilités à nous accorder. Depuis plusieurs années, la stratégie immobilière d’ICF consiste à multiplier la création de logements, « sur 2023, ce ne sont pas moins de 1 374 logements neufs et 1 798 logements réhabilités qui ont été livrés sur l’ensemble du territoire » précise la directrice. Actuellement, la SNCF annonce se focaliser sur la transition énergétique de son parc immobilier.

*Les prénoms ont été modifiés.

Loris Jecko et Claire Thery