Quatre BFF* cherchent à quitter la pauvreté de leur vie le temps d’un Spring break, ces vacances de débauche made in America, à base d’alcool, de drogues et de sexe. Fauchées, elles décident de braquer un snack pour vivre le rêve floridien et entament une véritable descente aux enfers.
Harmony Korine marque son retour au long-métrage avec un OVNI. Spring Breakers, c’est d’abord une campagne d’affichage taillée pour émoustiller les adolescents prépubères et qui laissait présager un American Pie version kitsch et sexy. Tout faux. Le film débute lentement mais ne s’attarde pas sur les détails : pas besoin de nous présenter les filles, nous les connaissons déjà. Elles sont jeunes, elles sont sexy, et persuadées d’être quelqu’un parce qu’elles sucent, boivent et sniffent. Seule Faith, la catho de la bande, interprétée par une Selena Gomez venue casser son image Disney (mais pas trop) est plus mesurée.
Les spectateurs venus pour les bikinis et les soirées mousse en auront pour leur argent pendant la première demie-heure. Jusqu’à ce que les vacances des héroïnes partent en vrille, et que le film débute vraiment. C’est là qu’intervient Alien, un gangster local prenant les filles sous son aile. Un personnage magique interprété par un James Franco au sommet de son art dans ce rôle de rappeur-bandit mégalo. À grands coups de monologues sur le Rêve américain, il va emmener les filles sur une pente glissante qu’elles ne pourront plus remonter.
Très lent, le film a de quoi exaspérer. A plusieurs reprises, le spectateur est même à l’aise Mais Harmony Korine sait manier une caméra, et le prouve dans une magistrale scène de braquage. La photographie est parfaite, sublimée par l’éclairage au néon et les couleurs fluo (attention à la crise d’épilepsie, quand même), notamment dans une scène finale maîtrisée, ou l’action est entrecoupée de flashback.
Malgré un environnement fluo au possible, le réalisateur pond une œuvre noire, dressant à travers ces quatre bimbos un portrait effrayant d’une jeunesse américaine à la dérive. On est hypnotisé par l’inconscience des filles, parfaitement résumée dans un parallèle surréaliste entre les orgies du Spring break et les conversations entre Faith et sa grand-mère, au cours desquelles elle décrit cet univers fascinant où « tout le monde est gentil » et qui « a changé sa vie ».
Spring Breakers c’est à la fois nerveux et très lent, à la fois beau et douloureux pour les yeux, à la fois chiant et jouissif. Un OVNI, on vous dit.
* Best Friends Forever