Handicapé depuis ses neuf ans, Pierre-Frédéric Zieba se bat avec force pour faire entendre la voix de son association qui milite pour les droits des personnes à mobilité réduite.
« Assis, la vie n’a pas de piment ». Pierre-Frédéric Zieba pousse son fauteuil roulant pour se déplacer. Par habitude certes, c’est aussi en quelque sorte une manière pour lui de se sentir vivant. L’homme de 35 ans est calme, serein. Il prend son temps pour s’exprimer.
Victime d’une rupture d’anévrisme il y a 26 ans, d’une mâchoire cassée il y a deux mois, Pierre-Frédéric Zieba est aujourd’hui reconnu par l’Etat Français comme handicapé. Il perçoit ainsi une pension d’invalidité de 900 euros mensuels. Une somme qui lui permet de vivre sa vie simplement, faire fonctionner son association, et se déplacer de façon low cost de ville en ville.
Un message à faire passer
Natif de Meaux en région parisienne, Pierre-Frédéric vit depuis quelques années à Marseille. Une ville où il se reconnait. « C’est plus populaire que la capitale ». Là-bas, il a créé il y a cinq ans avec un ami l’association « Harcelons-les ». Cette dernière milite pour faciliter la vie des personnes à mobilité réduite.
L’homme s’indigne de la place actuelle des personnes handicapées en France. Souvent, le regard des autres pèse. Il s’offusque surtout du manque de considération des pouvoirs publics.
Il occupe ainsi ses journées en s’investissant à plein temps dans l’association. Entièrement dévoué, il souhaite faire entendre sa voix : « Vu ma vie, à quoi bon baisser les bras ? Ma seule force : ma détermination ».
« Ma passion est le militantisme »
D’observateur, Pierre-Frédéric Zieba est devenu acteur. Ancien militant de Nuit Debout place de la République à Paris, il s’est retrouvé un samedi, par hasard, en plein cœur d’une manifestation de Gilets Jaunes. « Ils sont très solidaires et m’ont tout de suite accepté ».
Lors de l’acte XVII, il se décide et participe pour la première fois à un rassemblement. S’en suivra de nombreux autres dans treize villes différentes. Au cœur de la marée jaune, Pierre-Frédéric Zieba a trouvé sa place. « Ma passion est le militantisme, ici on migre vers une prise de conscience collective ».
Dans les manifestations aussi, il ressent le tabou du handicap. Ainsi, « Comme je suis en fauteuil roulant, les flics sont décontenancés face à moi ».
« Macron démission ? Ça ne veut rien dire pour moi ». Face aux propos et débordements simplistes, Pierre-Frédéric Zieba n’apporte pas de soutien. Comme l’indique le nom de son association (« Harcelons-les »), l’homme favorise la participation et l’investissement. « La violence peut être évitée. Quant au harcèlement, il est plus long. Mais il est aussi plus acceptable. Voilà ma méthode ».
De passage à Limoges en octobre, le Marseillais s’est vu offrir un nouveau gilet jaune. Il avait aujourd’hui à cœur de le porter, pour montrer sa lutte, ne pas cacher ses revendications. Monsieur Tout-le-monde parmi les Gilets Jaunes, Pierre-Frédéric Zieba est un militant affirmé, portant haut et fort les revendications des invisibles de la société.