A quelques jours de la fermeture saisonnière du camping de Metz où les Manguana ont trouvé refuge, une nouvelle marche bruyante entre la préfecture de Moselle et la mairie a eu lieu samedi 24 septembre pour soutenir la famille de réfugiés, au bord de l’expulsion.
A 10h, devant la préfecture de Metz, les passants sont encore timides. Mais parmi les messins déambulant sur la place, certains se sont rassemblés en un petit groupe. Armée de casseroles et instruments de musique, les participants à la manifestation bruyante en soutien à la famille Manguana sont sur le point de partir. Organisée par le collectif mosellan Droit au Logement, cette marche démarre de la préfecture pour rejoindre la mairie. “Qu’est ce que va faire la famille après le 30 septembre ?”, s’inquiète un participant.
Pour la famille de réfugiés, le temps presse. Alors qu’ils sont logés sous une tente au camping municipal de Metz depuis juillet, les Manguana doivent quitter les lieux pour le 30 septembre, date de fermeture hivernale du camping. Originaire du Congo, la famille a dû partir, cette année, d’un foyer à Lille où elle était logée depuis 3 ans. Alors que le 115 n’a pas pu les aider, les réfugiés n’ont eu d’autres choix que de s’installer au camping municipal, soutenus par le collectif.
Pourtant, 11 000 logements seraient vides dans l’agglomération de Metz. “Ça fait 10 ans qu’il y a un discours sur les logements vides mais rien ne bouge pour aider ces personnes”, pointe du doigt Floriane. Avec le hochet de son jeune fils à la main et une flûte en bois pour lui, tous les deux sont venus apporter leur soutien à la famille.
Plusieurs personnes rejoignent le cortège au fur et à mesure en scandant “un toit c’est un droit !”. Deux jeunes collégiennes ont elles aussi rallié les manifestants. “On est venues ici car nos mères font partie de la CGT”, confie l’une d’entre elles, “mais cette histoire nous touche également ». Il y a trois jeunes qui sont concernés, ce n’est pas facile non plus de vivre sous une tente.” Elles ne sont pas plus âgées que l’aîné des Manguana.
Un rassemblement politique
Les sifflets et les banderoles viennent agiter le parvis de la mairie de Metz, d’habitude calme à cette heure de la journée. Parmi les manifestants, syndicats, élus et sympathisants politiques se sont joints à la colère collective. Cédric, membre du Front social 54, accompagné par sa femme, elle aussi engagée, ont fait la route depuis Nancy pour « dénoncer le comportement de la préfecture et un traitement inhumain auprès d’une famille qui se retrouve dans un camping ». Selon eux, « il y a une chasse aux migrants purement politique », dans le seul but de « faire du chiffre », ajoutent-ils.
Largement diffusée sur les réseaux sociaux et partagée aux acteurs régionaux, l’affaire Manguana a attiré l’attention des politiques, notamment l’opposition. La députée France Insoumise de la troisième circonscription de Moselle Charlotte Leduc est venue apporter son soutien à la famille et protester contre l’inaction du maire Les Républicains François Grosdidier. « Les Manguana sont dans une situation caricaturale, laissés à leur sort sous des pluies diluviennes après avoir subi la canicule cet été », gronde-t-elle. L’élue Insoumise et les sympathisants NUPES pointent du doigt le « cynisme flagrant » de la mairie et de la préfecture.
« C’est une manière de se débarrasser d’eux »
Si la mairie et la préfecture n’avaient, jusqu’à présent, proposé aucune solution de logement pour la famille Manguana, le collectif dévoile aux manifestants une nouvelle information : l’installation des réfugiés au centre de Vitry-sur-Orne (57). ‘“Ils voudraient prétendre (le maire et le préfet) qu’ils ont trouvé une solution en envoyant la famille Manguana à Vitry-sur-Orne. Pour savoir ce qu’est Vitry-sur-Orne, c’est un machin qui a été inventé pour soi-disant faire le deuil de la France.”, clame Fernand, membre du collectif, micro à la main.
Depuis 2015, un centre d’accueil aux réfugiés se tient dans la ville de Vitry-sur-Orne, près de la ville de Thionville. Si cet hébergement peut être une solution temporaire pour les Manguana, il signerait la fin de leur séjour en France. Dédié aux réfugiés dont la situation n’a pas été régularisée en France, ce centre doit les convaincre, en 1 mois et demi, de retourner d’eux-mêmes dans leurs pays d’origine. “C’est une manière de se débarrasser d’eux”, assène Charlotte Leduc.
Mise au point : Depuis la marche bruyante du 24 septembre, le camping municipal de Metz a fermé ses portes, laissant les Manguana sans options. Contacté, le 115, numéro d’accueil d’urgence, continue de « proposer » le centre de Vitry-Sur-Orne. La tente de la famille de réfugiés a été déplacée au square avec l’aide du collectif mosellan pour le droit au logement.