Le mercredi 25 octobre, les enfants lisent à l’Agora de Metz. Originalité de l’atelier : des chiens les assistent. Une initiative qui vise à développer leur confiance et plaisir de lire. 

« Hé, Snoopy, tu m’écoutes ? ». Jules, Martin, Antoine, Mathilda ou encore Marianna font partie de ces enfants qui ont pu, ce mercredi 25 octobre, partager une heure de lecture avec les chiens médiateurs du grand Est. La médiathèque de Metz, l’Agora, était fière d’accueillir cet atelier original pour la première fois. L’objectif : aider les enfants en difficulté à ne plus craindre la lecture, et à prendre confiance en leurs capacités dans un cadre sain et réconfortant.  Si la plupart d’entre eux rencontrent des difficultés, les chiens médiateurs les aident à les surmonter.

Une première pour l’Agora


Arrivés en avance, un peu avant 15 heures, les chiens médiateurs prennent place dans la salle avec leurs accompagnants. Calmement, ils attendent les enfants. À peine arrivé, Martin se précipite vers Utah pour la câliner, à l’image d’autres petits lecteurs. Pour débuter la séance, chacun se lève et va se présenter à un chien, en lui disant son prénom. Les enfants se prêtent à l’exercice avec plus ou moins de facilité. Ensuite, « chacun va choisir un livre, et décide de le lire pour les autres enfants. Le chien est là pour sécuriser l’enfant, qu’il puisse le caresser en lisant l’histoire, il oublie que des gens le regardent et l’écoutent et ça le met à l’aise devant les autres », explique Isabelle Martin, la responsable du pôle « public empêché » à la médiathèque de Metz. Ce dernier vise à aider les personnes éloignées de la culture à s’en rapprocher, qu’il s’agisse de personnes en situation de handicap, allophones, précaires, ou éloignées géographiquement.

L’idée de l’animation vient de sa collègue, Mathilde Nonne. Des ateliers similaires de lecture accompagnée en présence de chiens ont eu lieu à Nancy, ce qui a inspiré la jeune femme.

Martin fait la lecture à Sidney, sans bégayer
Martin fait la lecture à Sidney, sans bégayer – Photo par Loris Jecko

Des chiens médiateurs, dressés pour aider 

Noémie Letrillard, éducatrice canine auprès de l’Association des Chiens Médiateurs et d’Utilité de l’Est, observe la scène, le sourire aux lèvres. « C’est la médiathèque qui nous a contactés et nous avons été ravis de répondre à leur appel, d’autant plus que nous sommes dans le même quartier », raconte-t-elle. Les chiens médiateurs proviennent tous de l’école des chiens guides, mais attention, « il ne faut pas les confondre », insiste l’éducatrice canine. Chaque labrador était accompagné de son maître, mais surtout de son complice. S’ils choisissent cette race, c’est à la fois pour sa docilité mais aussi sa capacité d’apprentissage.  « Ce sont des chiens qui sont réorientés car on estime qu’ils ne vont pas réellement convenir pour faire guide. Ils arrivent alors qu’ils sont âgés de 8 mois à un an et sont placés dans des familles d’accueil qui participent à leur éducation », explique Noémie Letrillard. Les stars de l’atelier sont restées sagement allongées ou assises, au côté des enfants, dans une ambiance calme et sereine. 

Le chien médiateur pourrait bien se mettre à la lecture...
L’occasion pour Talya de se mettre à la lecture… – Photo par Loris Jecko

Un moment privilégié pour affronter ses difficultés

Les enfants présents à l’atelier ont tous des difficultés pour lire. Certains préfèrent lire seuls, d’autres se lancent et s’approchent de leur nouvel ami canin pour leur raconter les aventures du Petit Chaperon Rouge, de Pinocchio ou encore de La belle aux bois dormants. Après une dizaine de minutes, les langues se délient. Une fanfare de petites voix s’élève dans la salle, chuchotant des histoires et s’assurant que leur auditeur le chien ne rate rien des merveilleux livres qu’ils ont entre les mains. 

Martin, multi-dys, a trouvé en Utah, son « auditeur » du jour, une oreille attentive et sans jugement. « Je bégaie beaucoup. Avoir un chien près de moi, ça m’a aidé à ne plus bégayer et à avoir moins peur d’eux », a-t-il confié à la fin de la séance. Quant à Jules, il était d’abord assez impressionné. Timide, il ose à peine prononcer son prénom à haute voix. Le garçon rencontre des difficultés à lire et à se concentrer, mais il a pu se focaliser sur le conte qu’il avait choisi, Le bonhomme en pain d’épices, grâce à son nouvel ami poilu. Près de lui, Sparrow a failli s’endormir. Mais qu’importe, le résultat est là.

Jules lit une histoire à Sparrow
Jules lit avec attention l’histoire du soir à Sparrow – Photo par Loris Jecko

Une expérience qui a déjà fait ses preuves

Le constat est unanime : avoir un chien comme auditoire améliore la lecture et détend le petit lecteur. Une étude a déjà été réalisée en 2010 par l’Université de Californie et est arrivée au même résultat. Les enfants se sentent à l’aise et détendus lorsqu’ils lisent à un chien, car ces fidèles compagnons à quatre pattes ne portent aucun jugement sur leur lecture, qu’elle soit parfaite ou parsemée d’erreurs. Cela encourage les enfants à persévérer et à gagner en confiance, transformant ainsi leur rapport à la lecture de calvaire à plaisir. 

Finalement, à cette séance de lecture, les enfants auront non seulement appris quelques histoires, des anecdotes sur les chiens, à améliorer leur lecture, mais repartent surtout avec le sourire aux lèvres et des étoiles pleins les yeux. « J’avais peur des chiens, et maintenant, j’aimerais en avoir un ! », s’exclame Martin, ravi de son après-midi. 

Claire Thery – Loris Jecko