Les stocks de sang atteignent un niveau critique malgré une demande croissante. La crise du Covid-19 n’a pas épargné les collectes, comme celle organisée par l’Établissement français du sang, ce mardi 5 octobre aux Arènes de Metz. Bénévoles et donneurs se mobilisent pour renflouer les poches.
« Oh purée, il n’y a personne » se désole le Dr Christine l’Hôte, responsable des prélèvements en Moselle auprès de l’Établissement français du sang (EFS). Soixante-dix sept personnes pour environ cent soixante-dix créneaux : la collecte organisée ce mardi 5 octobre aux Arènes de Metz n’a pas rencontré le succès escompté. « J’espérais quand même une centaine de poches ce matin », ajoute cette médecin.
« On est asphyxié »
Ce constat est désormais récurrent pour l’EFS depuis le début de l’année civile. Et ce malgré une demande qui ne cesse de croître. « Dans le Grand Est, on utilise 1 500 poches par jour et 10 000 au niveau national, et ces chiffres ne font qu’augmenter Heureusement, il y a toujours un stock permanent, un coussin d’air sur lequel on peut s’appuyer. Mais plus ce stock diminue, plus le seuil d’alerte approche. En France, à 100 000 poches on respire. A 90 000 on tousse. A 80 000 on est asphyxié. Nous sommes à 77 000. On a besoin de donneurs ! » reprend Christine l’Hôte.
Des donneurs parmi lesquels Stéphanie, 35 ans, donneuse régulière depuis cinq ans et venue aux Arènes « après avoir reçu un message de l’EFS comme quoi les stocks sont critiques ». « Donner, c’est quelque chose de vital. Cela a sauvé la vie de mon mari il y a quelques années », poursuit-elle. En France, 4 % de la population en âge de donner se rend aux collectes organisées par l’EFS, soit plus de deux millions et demi de personnes, âgées de 18 à 70 ans révolus. « Une grande majorité de la population dit que c’est important. Mais ici, on constate une grande différence entre la parole et les actes », souffle le Dr Christine l’Hôte.
« Participer à la collectivité, quelque chose d’essentiel »
« Convaincre d’aller donner une fois est assez facile car le don du sang a très bonne réputation. Convaincre de revenir quatre fois par an pour les femmes ou six fois pour les hommes est plus compliqué », abonde Yves Wendling, président de l’Association des donneurs de sang de l’agglomération messine. Fidéliser les recrues, tel est l’enjeu principal de son association, qui aide l’EFS dans la continuité de l’approvisionnement des dons. Cela afin d’assurer un niveau minimum du nombre de poches.
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Ces derniers mois, la crise sanitaire a freiné la fréquentation des sites de collecte. « Le troisième confinement a fait très mal car toutes nos actions se sont révélées peu fructueuses. Les collectes en universités ont été annulées. On continue dans les entreprises mais la moitié des employés est en télétravail. C’est une période assez compliquée », révèle la responsable des prélèvements.
Cette même crise du Covid a motivé Michel, 65 ans et « convaincu par sa femme » à faire don de ses globules rouges, son plasma et ses plaquettes. « Je suis venu lors du premier confinement car j’avais le temps et je voulais m’aérer. Depuis, je viens deux fois par an. C’est quelque chose d’essentiel et une façon de participer à la collectivité. Et en plus, on est très bien reçu, le personnel d’accueil est dévoué, cela donne envie de revenir. »