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Lundi 7 février à Metz, des magistrats et du personnel judiciaire ont tenu une assemblée générale au tribunal de grande instance de Metz pour protester contre les récriminations de Nicolas Sarkozy envers la justice. Les audiences les moins urgentes seront renvoyées jusqu’à une journée d’action nationale, jeudi  10 février.

Il soufflait comme un vent de colère lundi au tribunal correctionnel de Metz. Comme dans d’autres villes de France, une trentaine de personnes, (magistrats et personnel administratif) se sont réunies en assemblée générale pour signifier leur ras-le-bol après les propos de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Laëtitia. Cette jeune fille de 18 ans, dont certaines parties du corps démembré ont été retrouvées, avait disparu depuis la mi-janvier à Pornic. Alors que son assassin présumé, déjà condamné pour viol, avait été libéré sans mesure de surveillance, le chef de l’Etat a pointé des « dysfonctionnements » dans l’appareil judiciaire et a promis des « sanctions ».

Dans une motion votée à l’unanimité et tous syndicats confondus, le personnel s’est déclaré « profondément choqué par ces attaques », qu’il a qualifiées d’ « inacceptables et dangereuses ». Comme signe de protestation, il a décidé, de « renvoyer les affaires les moins urgentes », c’est-à-dire repousser les procès convoquant des personnes laissées en liberté. Cette disposition, qui ne concerne pas les actuels détenus, aura cours jusqu’au jeudi 10 février, journée d’action nationale. La motion appelle à un rassemblement ce jour-là à 10h, devant le tribunal de grande instance.

« Les greffiers sont surchargés »

« On prend les magistrats pour des boucs-émissaires », s’est plainte Anne Fabert, vice-présidente chargée de l’application des peines au tribunal de grande instance de Metz. La magistrate a pointé « un manque de moyens qui était connu par le ministère », en prenant comme exemple le cas messin : « Ca fait 3 ans et demi que je travaille au service d’application des peines, et nous avons toujours manqué de personnel. Les greffiers sont surchargés, ils n’ont pas le temps de s’occuper des nouveaux dossiers. On n’est pas à l’abri de passer à côté d’un dossier important impliquant une personne dangereuse ». D’après Anne Fabert, le personnel de Metz envisage de « réduire le nombre d’audiences dans les semaines qui viennent, pour réorganiser notre travail en fonction de nos moyens ».

Anne Fabert a dénoncé « une politique contradictoire » du gouvernement : « Il est à la fois à l’origine des peines-planchers et d’une loi généralisant les remises de peine, l’an dernier ». Vincent Lemonier, juge d’instruction au tribunal de grande instance de Metz également présent à l’assemblée générale, a lui souligné la « complexité du problème de la récidive » : « Même si des mesures de surveillance étaient décidées et appliquées pour chaque ancien détenu, on ne pourrait pas exclure toute nouvelle infraction. Certains violeurs récidivent, d’autres ne récidivent pas. C’est imprévisible ». Cette réalité, le grand public la connaît peu. « On n’a pas assez expliqué le fonctionnement de la justice, reconnaît Anne Fabert. Ce n’est pas toujours aussi simple que ce qu’on veut nous présenter. On envisage de mettre en place des actions de communication auprès des citoyens, pour rendre compte de la situation réelle».