Petit à petit, l’agriculture biologique s’installe dans la vie quotidienne des Mosellans. Les productions locales sont de plus en plus nombreuses, variées et de qualité. Pour faire valoir ses atouts, la filière dispose depuis le 9 mars d’une nouvelle vitrine : un marché biologique, tous les samedis matins, au pied de la cathédrale de Metz, à deux pas du marché “conventionnel”. Une quinzaine de producteurs de la région y vendent leurs produits ; le rendez-vous a déjà ses habitués.
Histoire d’eau
Il s’agit d’offrir un nouveau débouché aux productions de la Lorraine. Mais pas seulement. Le développement de ce point de vente s’inscrit dans un processus plus large, explique Patricia Heuzé, chargé de mission “eau et territoire” au sein du Centre de groupement des agrobiologistes de Lorraine, à l’origine du projet. “Mon travail, au sein du Groupement, est de traiter le problème de la pollution de l’eau d’origine agricole dans le bassin versant du Rupt de Mad. 70% de l’eau du robinet consommée par les Messins provient de cette zone”. Or, pour l’heure, ce territoire compte seulement une poignée de paysans bio, et peu d’adeptes de l’agriculture conventionnelle songent à se convertir. D’où l’idée de stimuler la demande pour inciter de nouveaux agriculteurs à sauter le pas. “Le développement de l’agriculture bio autour des zones de captage permettrait d’améliorer la qualité de l’eau en éliminant les intrants et produits phytosanitaires dans les sols” analyse la spécialiste, qui mise sur un effet domino. “Si les Messins plébiscitent l’agriculture biologique chez eux, cela donnera envie à d’autres territoires de s’y mettre. A terme, l’idée est de leur proposer des produits bio directement issus de la vallée qui produit leur eau”. Du bon sens : mieux vaut en effet éliminer la pollution à la source plutôt que la traiter, via des opérations coûteuses, en bout de chaine.
Pour tracer ce cercle vertueux, l’activisme des associatifs et la bonne volonté des consommateurs ne suffisent pas. La balle est dans le camp des collectivités locales et des géants français de l’eau. Certaines régions se sont déjà engagées dans ce type d’action : le conseil régional d’Ile de France a par exemple lancé un plan de développement de l’agriculture biologique sur les zones de captage. La Moselle en est encore loin, mais le développement d’un marché bio hebdomadaire est une première étape dans le processus.