Bichette, Après-vous, Candy sont toutes des petites boutiques à Metz. Cherchant à se différencier des grandes marques, elles privilégient la qualité, le relationnel et l’originalité à la quantité et la rapidité qui caractérisent la fast fashion.
En arrivant chez Candy, l’ambiance est calme. L’accueil ? Chaleureux. Prendre le temps est le maître-mot. Loin des allées et venues incessantes chez Zara, H&M ou encore Pimkie. Caractérisées par des collections à gogo, une obsession du profit et une primauté de la quantité sur la qualité, ces enseignes ont un poids considérable dans l’industrie de la mode, obligeant les boutiques indépendantes à redoubler d’efforts pour se démarquer. Et le pari est réussi pour les petits commerces à Metz.
Privilégier la qualité
La stratégie est claire : chercher des pièces originales, uniques, au plus près des fournisseurs. « Je vais jusque dans les ateliers, pour observer les artisans fabriquer les vêtements devant moi » confie Françoise, gérante de Candy depuis 38 ans. Sa longévité constitue aussi un gage de qualité. Avec une volonté de défendre les petits artisans, elle fait souvent appel à des fabricants français ou italiens et ne garde que deux modèles par taille. Parce que leur originalité est ce qui fait fonctionner les boutiques indépendantes.
Et ce n’est pas Aurélie, gérante de Bichette, qui dira le contraire : « Mes clientes cherchent vraiment à se différencier ». Commence alors un véritable travail de recherche. Quand elle a le temps, elle n’hésite pas à toquer chez tous les fournisseurs parisiens pour trouver les produits phares de sa nouvelle collection, afin de se démarquer de la fast fashion.
Petite structure, grand relationnel
Tout ce travail continue jusque dans les relations avec les clients qui « recherchent les conseils. C’est très important pour eux » selon Estelle, gérante de Après-vous. Et cette stratégie fonctionne. Elle dispose d’une clientèle habituelle et fidèle même après ces années Covid. Jeunes, seniors, actifs, tous les profils se fraient un chemin dans ces commerces. « Certaines clientes arrivent en famille et repartent toutes avec leur petit habit » confie Aurélie. « On les écoute, on essaie d’être le plus inclusif possible. Le relationnel est primordial ».
Une jeune cliente ne peut s’empêcher de s’intéresser à la discussion. « Ce que j’aime avec les boutiques indépendantes, c’est qu’on a une vraie relation client et que les produits sont variés alors que chez Zara ou Pimkie par exemple, ils s’en fichent des conseils et tous les habits sont identiques ».
Une prise de conscience
La jeune femme n’est pas la seule à vouloir éviter la fast fashion. Françoise note une tendance des clients à retourner vers les petits artisans. « Avec le Covid, les fabricants eux-mêmes évitent l’Asie et changent leurs usines. 50% de mes fournisseurs proviennent d’Europe, beaucoup en Italie, mais avec la volonté des clients d’acheter à petits prix, il est difficile encore de passer à côté de la Chine » explique Aurélie. La gérante de Bichette ne se leurre pas. « Il est clair que le textile pollue, il faut simplement faire les bons choix ».
ZOOM : La fast fashion en quelques mots La fast fashion, ou mode rapide ou mode jetable en français est un phénomène assez récent qui consiste à proposer des collections de mode renouvelées très fréquemment à des prix toujours plus bas et attractifs. Mais la vérité derrière cette nouvelle manière de consommer est bien moins rose qu’il n’y paraît. En effet, afin d’attirer constamment de nouveaux clients et ainsi de leur proposer un choix de produits toujours plus large, les marques n’hésitent pas à user de tous les subterfuges, oubliant bien souvent toute éthique. Les vêtements de fast fashion sont, pour la plupart fabriqués en Asie dans des ateliers de misère, insalubres et même dangereux où les conditions et contrats de travail ne sont pas respectés. De plus, les matières premières utilisées, de très faible qualité comme le polyester, émettraient chaque année 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, selon l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). |
Léa RIFAUT et Cassandra TEMPESTA