Alain Juppé était en meeting à Nancy, le 25 novembre dernier. Un dernier meeting avant le second tour de la primaire de la droite et du centre. Face à lui, François Fillon. Mais qu’en est-il du programme du septuagénaire ? Est-ce que ces déclarations sont réalisables ? Est-ce que ces propos sont vrais ? Vérification.
- La dépense publique
« Je souhaite faire baisser la dette publique en allégeant la masse salariale des hôpitaux, de l’État et des collectivités territoriales.»
S’il est élu président de la République, Alain Juppé souhaite faire des économies en ne remplaçant pas un départ à la retraite sur deux. Cependant il veut continuer d’embaucher des jeunes.
La France comptait 5,64 millions de fonctionnaires fin 2014. Et ce sont 112 844 personnes qui sont parties à la retraite à la fin de l’année. Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux entraînerait donc la suppression de 56 422 postes. En 2015, 28 464 personnes ont été recrutées pour travailler dans la fonction publique. Dans les faits, Alain Juppé ne supprimerait « que » 27 958 emplois dans la fonction publique, soit une économie d’environ 621 millions d’euros.
- Le réarmement de l’État
« Il faut réarmer l’État pour lutter contre le terrorisme. L’insécurité progresse partout, même dans nos campagnes.»
Le candidat Les Républicains a pour objectif de renforcer les effectifs de police grâce à 10 000 hommes supplémentaires. Aussi, l’ancien ministre souhaite revenir sur la loi 2009. Cette loi stipule que les personnes condamnées à moins de deux ans d’emprisonnement peuvent voir leurs peine aménagée. Ainsi ces gens peuvent avoir une semi-liberté, une surveillance électronique, ou un placement en extérieur.
Alain Juppé revient alors sur les positions ardemment défendues quand il était lui-même ministre de la Défense en 2010. Le candidat de droite ferait alors machine arrière et autoriserait les détenus condamnés à moins d’un an d’emprisonnement à aménager leur peine.
Pour les 10 000 postes en plus, Nicolas Sarkozy en avait supprimé 12 000 lors de son mandat présidentiel entre 2007 et 2012.
Le candidat a aussi parlé de créer 10 000 places de prison supplémentaires. Notamment pour les mineurs. En effet, la France compte 69 375 détenus pour 58 311 places. Même si Alain Juppé crée 10 000 places en plus, la surpopulation carcérale ne sera pas supprimée en France. Ce seront 1064 détenus qui n’auront pas de cellule à eux.
- Plus de moyens pour la justice
Alain Juppé s’est engagé à donner plus de moyens à la justice. « Actuellement la justice coûte 8 milliards d’euros à la France, on peut donner plus. En France, nous avons quatre fois moins de procureurs et deux fois moins de juges que dans le reste de l’Europe », argumente le candidat.
En effet, la justice dispose de plus de 8 milliards d’euros de budget, 8 043 millions d’euros. Il faut maintenant voir les propositions d’Alain Juppé sur ce thème.
- Les prestations sociales
A 71 ans, le maire de Bordeaux s’inquiète de savoir à quel âge ses concitoyens partiront à la retraite. « Au lendemain de mon élection en tant que président, je ferais passer l’âge de la retraite à 65 ans.»
Si l’âge de la retraite est actuellement entre 60 et 62 ans, Alain Juppé souhaite prolonger la vie professionnelle des actifs. Cette disposition s’appliquerait alors que l’espérance de vie des français est de plus en plus longue. Les natifs de l’hexagone vivent actuellement jusqu’à 82ans et demi.
Le candidat a aussi soumis l’idée de « clarifier les prestations sociales ». En ce sens, Alain Juppé a assuré que « les prestations chômages resteront inférieures à un salaire de quelqu’un qui travaille ». Le septuagénaire souhaite alors créer un compte personnel unique pour avoir des aides aux logements et un revenu de solidarité active (RSA) personnalisés.
Si le Smic (salaire minimum de croissance) est actuellement de 1 144€ par mois, le RSA s’élève lui à 426€ par mois et les aides au logement peuvent atteindre (au maximum) 515,01€ pour un couple avec trois enfants. Dans ce contexte, une personne qui ne travaille pas ne gagne pas mieux sa vie qu’une personne payée au SMIC. La différence entre les deux est de 200€ environ.
Alain Juppé a aussi abordé l’aspect des hospitalisations. D’après l’homme politique, l’augmentation des opérations « ambulatoires, quand une personne arrive le matin à l’hôpital et repart le soir-même chez elle », serait une bonne chose.
D’après des études réalisées par les hôpitaux, le taux de satisfaction de telles opérations dépasse les 90%, les risques d’infection sont réduits et les coûts sont moins élevés pour la personne prise en charge étant donné qu’il n’y a pas les frais d’hébergement.
- Rôle de la France dans le monde
Alain Juppé a présenté deux principaux objectifs de sa politique internationale. D’abord, le candidat veut « redonner sa place à la France, celle de messagère de paix entre les nations.» Ensuite, le candidat souhaite « instaurer une nouvelle Europe en créant une politique financière commune.» Une politique économique existe déjà dans l’Union Européenne. Le traité de Maastricht de 1992 a instauré la monnaie unique dans cette union : l’euro. Il y a aussi un pacte de stabilité et de croissance qui a été mis en place en 1997. Ainsi les États sont contrôlés sur leurs déficits publics.
« La France n’est inféodée à personne, pas même à l’allié américain ou au partenaire russe », a déclaré l’homme politique.
Cependant économiquement la France dépend quand même beaucoup des Etats-Unis. En effet, le pays de Donald Trump est devenu, en 2015, le deuxième client de la France et se maintient à la 6ème place des fournisseurs de l’hexagone. Quant aux relations avec la Russie, elles sont tendues en raison des produits échangés, principalement des hydrocarbures. La balance commerciale entre les deux pays est actuellement déficitaire (du côté français).
- Une France réconciliée
Alain Juppé s’est démarqué avec son « identité heureuse », et, en ce sens, le candidat a appelé à « une France apaisée, au bonheur de vivre ensemble ». Pour cela, le candidat a expliqué qu’il voyait la France coupée en deux. D’une part « la France entreprenante, la locomotive » et d’autre part « la France malheureuse, décrochée.»
D’après plusieurs analystes, les divisions des secteurs privés et publics sont à l’origine de cette scission. Il y aussi le fait que la France est fracturée numériquement, économiquement et culturellement. Si tout le monde doit être logé à la même enseigne, il va falloir ralentir les uns et donner un coup d’accélérateur aux autres.
Et si vous êtes curieux de savoir comment se déroule un meeting d’Alain Juppé, vous pouvez lire le papier d’Elie Guckert.