Il pensait pouvoir profiter de sa retraite pour avoir du temps libre, c’est raté. Ancien sous-préfet de Thionville, François Marzorati a été chargé de surveiller que l’accord signé entre ArcelorMittal et le gouvernement est respecté. Portrait.
Il a appris la nouvelle comme ça, lors d’une journée de travail comme une autre, le 6 décembre. « Le téléphone a sonné, c’était le directeur de cabinet de Jean-Marc Ayrault. Il m’a dit : « le premier ministre vient de signer un accord avec ArcelorMittal, est-ce que vous accepteriez de participer à une mission ? » Je lui ai répondu: « Je connais très bien le dossier mais je pars à la retraite dans quinze jours ». Au final, il a insisté et j’ai dit oui. »
François Marzoratidevra attendre un peu avant de goûter à la retraite. Après 44 ans au service de l’Etatet des postes un peu partout en France,il est désormais président du comité de suivi d’ArcelorMittal Florange. Sa mission : veiller à ce que le géant de l’acier respecte ses engagements : ne pas licencier, investir180 millions d’euros sur le site et poursuivre les recherches entreprises sur le projet Ulcos. Le haut fonctionnaire affiche un réel optimisme. « Dans la convention de Gandrange,il y avait une phrase subordonnée qui était : « Ces engagements s’appliqueront en fonction du contexte économique », et ce n’est pas le cas dans cet accord. Là, ArcelorMittal s’engage de manière inconditionnelle »insiste-il.
Ce « nouveau challenge »ainsi qu’il le désigne ne le dérange pas. Il a du quitter Thionville d’où il a été « très dur de partir après sept ans» pour s’installer à Paris. Plus pratique pour sa femme, enseignante en sciences et vie de la terre dans la capitale. Lui se refait doucement à la vie parisienne, « beaucoup plus fatigante» et qu’il connait bien. Il a été pendant trois ans le directeur de la communication du ministre de l’Intérieur sous la présidence de François Mitterrand. Une période pendant laquelle il a côtoyé Philippe Marchand, Paul Quilès ou encore Charles Pasqua.
François Marzorati évoque avec nostalgie son passé de« serviteur de l’Etat » comme il se plait à le répéter. Un passé chargé d’anecdotes accumulées notamment durant ces sept dernières années : l’accident ferroviaire de Zoufftgen en 2006 à la frontière luxembourgeoise, le dossier Gandrange, les alertes à la centrale nucléaire de Thionville–« être en poste dans une ville où il y a une centrale nucléaire ça vous force à avoir une grande réactivité »… Mais sa plus grande fierté reste la devise républicaine Liberté, Egalité, Fraternité qui s’est multipliéeau fronton des mairies pendant son administration. « J’ai beaucoup milité pour ça. Quand je suis arrivé, seulement dix communes l’arboraient. Quand je suis parti, il y en avait plus de 70. Je suis très attaché à ce symbole, c’est le fondement de notre république, toute notre société est basée sur cela. »
A 66 ans, l’ancien sous-préfet commence donc une nouvelle mission. Fils d’un avocat, le jeune sarthois qu’il était s’est tôt impliqué dans les affaires publiques. Alors inscrit en fac de droit, il est président de la fédération des étudiants du Mans durant l’année 1968. « Vous voyez j’ai même été soixante-huitard », raconte-il en rigolant.
Il apprécie la lecture et la marche mais n’a plus beaucoup de temps aujourd’hui pour lire ou pour se consacrer à ses autres projets. « Je n’ai jamais fait d’anglais et aujourd’hui, avec le dossier Mittal, un tas de papier sont en anglais. Si j’avais le temps, j’apprendrai vraiment la langue.» Pour cela, il faudra attendre la retraite. La vraie.