Embarqué en pleine campagne des primaires, les Républicains vivent en parallèle une autre élection tout aussi mouvementée. L’Association des Maires de France a en effet perdu la présidence de François Baroin (LR) en août dernier celui-ci souhaitant « favoriser le passage de témoin à un élu d’une nouvelle génération ». Qui de David Lisnard (LR) ou de Philippe Laurent (UDI) succèdera au maire de Troyes lors du congrès de la puissante association d’élus locaux qui s’ouvre ce mardi 16 novembre ?
Une guerre intestine chez les Républicains…
À l’origine, les Républicains imaginaient une promenade de santé pour David Lisnard. Le maire de Cannes avait été adoubé par François Baroin et était déjà vice-président de l’AMF. Mais la frange Macron-compatible des Républicains, Renaud Muselier en tête, est loin de l’entendre de cette oreille. Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur reproche au Cannois de ne pas l’avoir soutenu lors des régionales et appelle dans une lettre aux maires à voter contre « le maire de Cannes, qui, du haut de son tapis rouge, niché dans son Palais des festivals, ne pourra jamais comprendre ce que vous vivez au quotidien dans vos territoires ».
Dans cette élection où les familles politiques ne figent pas les votes, la perte du soutien des Macrons-compatibles pourrait être rédhibitoires pour les ambitions du maire LR. Les grands cadres du parti de droite tentent donc de réagir, à l’image de Gérard Larcher. Le président du sénat avançait dans le JDD « Rien ne serait pire que l’alignement de l’Association des maires de France sur la politique menée par le gouvernement, quel qu’il soit ». Eric Ciotti, président de la très importante fédération des Bouches du Rhône allait plus loin en exhortant une énième fois Renaud Muselier à quitter le parti via Twitter le qualifiant de « petit télégraphiste d’Emmanuel Macron ».
…Qui pourrait profiter à la majorité présidentielle ?
Parce que s’il devait y avoir un gagnant à cette querelle, cela pourrait bien être le gouvernement. Philippe Laurent, édile de Sceaux dans les Hauts-de-Seine, est désigné comme « un agent infiltré du gouvernement » par ses détracteurs. On lui reproche d’avoir 23 maires sur 32 considérés proches du gouvernement sur sa liste. Alors que David Lisnard se place en tête d’une liste plus traditionnelle, paritaire entre la gauche et la droite. L’actuel secrétaire général de l’AMF nie malgré tout ces accusations de liens avec la majorité. « Dans mon conseil municipal, j’ai une majorité UDI-LR et ma principale opposition, c’est En marche », souligne-t-il dans les Echos. « Ce sont eux qui politisent le scrutin, pas moi ». S’il a proposé une liste contre celle de David Lisnard, c’est pour lutter contre cette succession un peu trop facile selon son camp. « L’AMF appartient aux maires, elle vaut mieux qu’un petit marchandage entre amis » rappelle Gaël Perdriau, le numéro 2 de la liste du maire de Sceaux.
Une victoire ou une courte défaite de Philippe Laurent serait une très bonne chose pour Emmanuel Macron. Le lobby des maires s’étant toujours mis en opposition de la vision très verticale, d’aucuns diraient jupitérienne, du leader d’En Marche. Même si Pierre Cuny, le maire de Thionville (DvD) veut rappeler que l’enjeu du scrutin est bien moindre que ce que certains le rendent. « On essaye d’en faire des présidentielles. Philippe Laurent étant plutôt macroniste et Didier Lisnard plutôt Républicain. Le maire élu, il travaille avec les autres maires. » Pourtant si l’AMF se rapprochait des positions du gouvernement « ce ne serait pas du tout un problème. » Pour le maire lorrain, « les propositions d’Emmanuel Macron sont des propositions de droite avec un côté humaniste. Donc moi ça ne me pose pas de problèmes. Au contraire. »