Axelle Holmes est cosplayeuse depuis cinq ans. Le Cosplay est l’art de fabriquer des costumes pour ensuite incarner les personnages sur scène. Souvent mal vu du grand public et jugée immature, cette passion a pourtant beaucoup apporté à Axelle.
À peine un pas sur scène et Axelle attire déjà tous les regards. Plongée dans le noir, la salle de l’Anim’Est est seulement éclairée de quelques lumières bleues, mais l’excitation des spectateurs se fait sentir. L’odeur de sueur y est aussi peut-être pour quelque chose mais l’attention est vite accaparée par l’entrée de l’artiste. Vêtue de son cosplay entièrement fait à la main, décolleté et mini-jupe sont de la partie. La jeune cosplayeuse perruque rose sur la tête nous emmène dans l’univers de League of Legends à travers son personnage de « Miss Fortune arcade », pour deux minutes trente de show. « En Europe, ce n’est pas comme aux États-Unis ou au Japon où ils ne font que défiler. Ici, les prestations comptent pour la moitié de la note », précise-t-elle. Faire le show ne lui fait pas peur, au contraire, c’est un aboutissement : « J’ai fait pas mal d’années de théâtre donc la scène ou la prise de parole en public ne me dérangent pas ». Une fois qu’elle est dans son personnage plus rien ne l’arrête.
S’assumer et mieux vivre le cosplay
Lorsqu’elle tombe le costume Axelle redevient Marion, étudiante de 19 ans en licence d’art plastique. Très spontanée, la jeune femme est bien éloignée de ses personnages de cosplay. Cheveux marrons bouclés et jeans troués remplacent les perruques violettes et jupes plissées de la cosplayeuse. Peu maquillée, très naturelle, la jeune femme est loin de l’extravagance qui colle à la peau de ces artistes du déguisement. Mais pour pouvoir vivre sa passion, elle a d’abord dû assumer son image : « Au début, ce n’était pas possible pour moi d’avoir le ventre à l’air, mais depuis que j’assume mon corps ça ne me dérange plus », confie-t-elle. Cette peur du regard des autres, Axelle a pu la surmonter grâce au cosplay : « La première fois que j’ai fait du sexy, c’était parce que c’était un personnage que j’adorai ». Les commentaires positifs du public des conventions, ces événements durant lesquels les fans se réunissent autour de leur passion commune, ont également beaucoup aidé la jeune femme.
Fan de mangas et de jeux vidéo, elle choisit d’incarner des personnages en fonction de ses affinités avec ceux-ci. Des fois, si un costume lui plait visuellement elle peut aussi succomber à la tentation de le revêtir. En revanche, elle n’interprétera jamais un personnage sans rien connaitre de celui-ci.
Concourir pour le plaisir
Depuis 2014, Axelle fait des concours de cosplay dans les conventions parisiennes et dans le Grand Est. Son premier concours loin d’être catastrophique n’est pas son meilleur souvenir : « Niveau costume c’était pas trop ça… Je débutais. C’était Elsa de la Reine des Neiges. Si je devais le refaire aujourd’hui, je ne le referai absolument pas de la même manière, j’aurai tout à changer », observe-t-elle un peu déçue. En véritable perfectionniste, c’est grâce aux conseils avisés d’autres artistes plus expérimentés qu’elle a su s’améliorer : « Les membres du jury sont souvent des cosplayeuses qui s’y connaissent et elles m’ont vraiment épaulée pour que je puisse m’améliorer. Elles m’ont dirigé vers des tutoriels, des sites, des professionnels », admet Axelle. Très fière de porter son travail lors des concours, elle souligne aussi que partager sur sa passion avec des fans ou des personnes habillées du même univers est très agréable.
Si elle avait un regret concernant le cosplay, c’est peut-être le fait que ses parents ne la soutiennent pas plus que ça dans sa passion. Même s’ils ne lui interdisent pas de faire des concours, ils ne voient pas cela non plus d’un très bon œil : « Ils voient ça avec des yeux de parents, ça prend du temps, ça coûte cher, ce n’est pas très mature ». Axelle voudrait tout de même que ses parents viennent la voir sur les conventions où elle fait le show même si comme elle le dit : « Les concours, ça ne les dérange pas, mais ce n’est pas trop leur truc ». Néanmoins, si elle a besoin d’aide, elle sait qu’elle peut tout de même compter sur eux : « Si j’ai des questions en électronique pour faire un costume, je sais que mon père m’aidera sans soucis ».
Son grand soutien familial reste sa tante avec qui elle a découvert le cosplay pour la première fois à la Japan Expo de Paris en 2011. « Le premier jour, on a vu pleins de gens déguisés. On s’est dit, si on n’y va pas déguiser, on va passer pour des ploucs. Alors, le deuxième jour, on a décidé d’aller acheter des déguisements »,se souvient Axelle amusée. En grande passionnée, elle a décidé d’y retourner l’année suivante déguisée, mais cette fois-ci, elle s’est promis de faire son déguisement elle-même. C’est à ce moment-là qu’a commencé pour elle l’aventure de l’art du déguisement.
Fabriquer, un choix pas une nécessité
Pour Axelle, le cosplay c’est vraiment faire le costume et s’investir à fond. Fabriquer les petits détails, les accessoires et ressembler le plus possible au personnage que l’on va incarner. Axelle va même jusqu’à mettre des lentilles pour changer la couleur de ses yeux et correspondre à celle du personnage. Très manuelle, la jeune femme prend beaucoup de plaisir à réaliser ses personnages : « Le cosplay ça touche à tout, il y a de la couture, de la création de bijou, d’armure, des perruques, du maquillage, ça englobe tellement de choses » s’enthousiasme-t-elle. Le maquillage est d’ailleurs très important, il donne vie aux personnages.
En moyenne, elle passe un mois à concevoir un costume, mais la durée varie en fonction du personnage choisi au départ et du rapprochement de la date du concours. La pétillante artiste arrive à gérer son temps entre études et passion. Sa priorité reste tout de même son avenir : « Les périodes de partiels, ça va être plus mollo le cosplay »
Fabriquer soi-même son costume n’est pas obligatoire dans l’art de se déguiser, mais si l’on veut s’inscrire à un concours, ça l’est. 80 % du costume doit être fait main lors des concours. Pour Axelle, le choix est vite fait : « Les déguisements sur internet, ce n’est souvent pas adapté à ta morphologie, les tissus ne sont pas de bonne qualité et ce ne sera pas proche de la référence. » déplore-t-elle. Mais surtout, faire soi-même coûtera moins cher. Même si son budget consacré au cosplay reste souvent supérieur au budget pâtes : « L’année dernière, c’était une horreur, je n’arrivais pas à gérer mon budget parce que je faisais passer le cosplay avant tout ».
Axelle reste une cosplayeuse parmi les autres. Mais dans ce monde plutôt masculin son but n’est pas d’être connue, mais juste de faire parler son âme d’artiste.