200 000 Bretons seraient expatriés à travers le monde selon Olivier Balavoine, fondateur d’un des principaux réseaux d’expatriés « BZH Network ». Pourquoi sont-ils partis, comment conservent-ils leur identité et surtout quel futur pour cette communauté ? Décryptage.

 

Alors que le débat sur l’identité nationale fait rage, peut-on encore parler de particularisme régional ? Pour plusieurs milliers de Bretons à travers le monde, la question ne semble pas se poser. Plus importante diaspora régionaliste française et l’une des plus grandes d’Europe Occidentale, les Bretons se singularisent en se regroupant à travers le monde. Associations, amicales, bagad, réseaux… on en trouve une multitude sur tous les continents (voir carte).

A l’image des Irlandais partis aux USA en 1848, c’est la pauvreté et la famine qui ont guidé les premières vagues massives de Bretons à travers le monde. Mais bien avant ça, la Bretagne était déjà une terre d’explorateurs : Surcouf, Duguay-Trouin ou encore Jacques Cartier étant les plus connus d’entre eux. Selon Josette Jouas, auteur du livre « Ces Bretons d’Amérique du Nord », on situe « la première vague en 1911-1912, juste avant la première guerre mondiale quand la situation économique était vraiment difficile en Bretagne». Mais les départs suivants ont été davantage mûs par l’American Dream. « Les Bretons déjà sur place évoquaient le travail et l’argent en abondance qu’on y trouvait » continue l’auteur. Les exodes suivants auront lieu après chaque guerre mondiale.

Une présence dans plus de 50 pays

Plus que dans l’économie ou dans l’histoire, c’est peut-être du côté de la géographie qu’il faut chercher l’origine de ces migrations. Bernard le Nail, directeur des Editions les Portes du Large explique : « Quand on vit au bord de la mer, l’horizon n’est pas fermé cela donne envie d’aller voir ailleurs. »

Australie, Chine, Japon, USA, Argentine et même Antarctique, les ailleurs bretons sont aujourd’hui nombreux. Loin de disparaître dans les cultures locales, les adeptes du « bzh » se réunissent entre eux et cherchent à s’interconnecter à travers le monde. « BZH Network », « Bretons du Monde », « An Tour Tan »…de nombreux réseaux sociaux les mettent en relation. Là ou ceux-ci n’existent pas, des associations locales sont nées couvrant ainsi près de 50 pays. Au-delà des contacts virtuels, ils n’hésitent pas à se rassembler, en Bretagne bien sûr, comme à Vitré ou à Vannes récemment.

Communiquer avec le monde entier grâce à la diaspora

Aujourd’hui, l’objectif, à distance ou face à face, est de maintenir une identité bretonne très vivace et de relier entre elles les personnes conscientes d’appartenir à cette communauté. Mais demain ? Quel futur et quels objectifs pour ces Bretons d’ici et d’ailleurs ? C’est du côté de l’économie et du pouvoir des réseaux qu’il faut chercher. Aujourd’hui déjà, l’Institut de Locarn propose des pistes en ce sens. « Récemment, en Chine, un client voulait acheter des produits laitiers. Un Breton installé là-bas et adhérent du réseau DEB (comme diaspora économique bretonne) nous l’a signalé. Le client a obtenu une réponse d’un industriel breton dans les 48 heures » explique Gaétan Bourgé. Une idée partagée par Olivier Balavoine « quand on comprend les réseaux sociaux, on peut communiquer avec le monde entier. Seule la langue peut constituer une barrière. Celle-ci disparaît grâce à la diaspora bretonne. » Et si finalement, être conscient de son particularisme régional était le premier pas pour devenir un citoyen du monde… ?

Jérémy Joly