De préjugés en caricatures, le film de Virgine Despentes, Bye Bye Blondie, est bien loin de l’esprit punk attendu. Entre mauvaises interprétations et mise en scène maladroite, la réalisatrice passe à côté de l’essentiel.

Bye_Bye_Blondie

Quand Virginie Despentes, réalisatrice de Baise- moi, décide d’adapter un de ses romans avec pour actrices principales Emmanuelle Béart et Béatrice Dalle, on s’attend à une œuvre qui bouscule ou du moins qui dérange. Mais il n’en est rien. La réalisatrice livre une œuvre aseptisée, aux saveurs trop familières et sans intérêt.
Virginie Despentes tente de nous embarquer, non sans mal, dans une passion amoureuse entre deux femmes, idylle qui débute dans les plus sombres moments de leur adolescence. Mais ce scénario prometteur n’entre pas suffisamment dans la psychologie des personnages pour pouvoir accrocher à l’histoire. La culture punk de la réalisatrice est incontestable, mais elle ne peut faire à elle seule la qualité du film.

Un mauvais goût de déjà vu
Dès les premières minutes, Béatrice Dalle (Gloria) surjoue le rôle type d’une punk enragée au cœur sensible, quand son acolyte nous peint le portrait d’une BCBG rebelle dans le rôle de Frances. Quelques insultes et vulgarités sont égrainées pour tenter un effet rock’n roll décalé. Mais la sauce ne prend pas. Béatrice Dalle ne convainc pas dans un rôle qui ne demande pourtant pas de composition à l’actrice. Emmanuelle Béart tient la route péniblement. Dommage que sa féminité vienne trop régulièrement entraver son jeu dans un rôle plus masculin.

Les deux actrices qui interprètent les personnages adolescentes relèvent le niveau. Plus crédibles et surtout plus sincères dans leurs interprétations, les deux jeunes femmes apportent un peu de fraîcheur et d’authenticité. Stéphanie Sokolinsky, dans le rôle de Gloria arrive enfin à nous déranger dans des scènes d’hystérie criantes de vérité. Clara Ponsot apporte à Frances la profondeur et la détermination qui manquent à l’interprétation d’Emmanuelle Béart.

Le film avance et la déception augmente. Quand l’œuvre pourrait questionner sur la marginalité, elle ne fait que l’effleurer. Quand elle tente d’aborder le fossé existant entre la vie provinciale et la vie parisienne, elle s’emmêle dans des stéréotypes pesants en frôlant le ridicule. Enfin quand l’œuvre veut insuffler de l’esprit punk, il tombe dans un dénouement mielleux qui vous laisse une sensation d’écœurement. Une conclusion fade, qui renforce le sentiment d’indifférence que nous inspire le film.