Suzanne, marquée dans sa chair

 

 

 

Le cancer du sein, Suzanne, 47 ans, l’a vécu de l’intérieur. Son combat a commencé en 2005.

 

Il est bientôt minuit. Suzanne est au lit depuis peu. Son traitement la fatigue. Elle devra prendre ces mêmes cachets pendant quinze ans. Les recherches, analyses et bilans sont formels : les cinq années suivant la maladie sont les plus dangereuses. Il faut tout faire pour éviter la récidive. Suzanne a tout fait pour l’éviter. Elle prend docilement ses cachets. Malgré la prise de poids, les baisses de tension, les bouffées de chaleur, les sautes d’humeur, les troubles de la vue, l’absence de sentation aux extrémités… Elle continue à prendre ses pilules.

Suzanne est tombée malade trois mois après avoir mis au monde son petit dernier. Le cancer l’avait en réalité déjà atteinte depuis quelques temps. Elle a senti une grosseur au niveau du sein droit. Une sensation étrange. Son médecin traitant et son gynécologue lui ont dit qu’elle se faisait du souci pour rien. « Ce sont les montées de lait. » Elle est pourtant persuadée qu’il s’agit d’autre chose. Elle demande une mammographie. Les choses s’enchaînent très vite. L’année 2005 commençe tristement. Son mari souhaite d’ailleurs inconsciemment une « Bonne année 2006 » à ses amis. Il préférerait passer directement à l’année suivante. Eviter à sa femme et à sa famille de « vivre cet  enfer », relate Suzanne.

Après son opération, Suzanne a subi dix séances de chimiothérapie. Sa tumeur était maligne. Ses ganglions attaqués. Certaines personnes décident, pour ne pas perdre leurs cheveux, de recouvrir leur crâne de glace pendant plusieurs heures chaque jour. Elle ne veut pas de cette torture. Ses cheveux tombent petit à petit. Une drôle de sensation. Comme si quelqu’un lui tirait en continu les cheveux au niveau des racines. Ils font aujourd’hui de belles perruques. Le crâne est aéré et la chevelure est soyeuse. On y croirait presque. Son coiffeur lui fait une super coupe de cheveux. Elle opte finalement pour le foulard. Les gens n’y voient que du feu, vantant les grâces de son nouveau look très seventies. Suzanne forçe sur le noir, masquant ainsi l’absence de cils et de sourcils. La chimio l’épuise. Elle ne supporte pas le fait de ne pouvoir s’occuper comme elle l’entend de son bébé. Mais elle n’en a pas la force. Elle ne se plaint jamais. Après toutes ses séances de chimio, sa tumeur ne se décide toujours pas à partir. Elle doit avoir à nouveau recours à une opération. Encore de la chimio. Puis de la radiothérapie. Elle est sauvée.

Et puis… Quatre ans et demi plus tard, la tumeur est de retour. Il n’y a plus qu’une seule solution. L’ablation. Suzanne doit aujourd’hui apprendre à vivre avec ce nouveau corps. Cet étranger. Il ne lui ressemble pas. Il lui fait peur. Elle se rend chaque semaine chez sa kinésithérapeute qui masse sa cicatrice. Elle a moins mal et arrive à lever le bras. Son fils vient d’avoir cinq ans. Suzanne est vivante.

Ce qu’il faut savoir

Les chiffres :

Avec 50 000 nouveaux cas par an et 11 000 décès, il est au premier rang des cancers féminins. En France, seules 50 % des femmes se sont fait dépister l’an dernier. Ces cinq dernières années, 650 projets de recherche ont été soutenus par l’Association pour la Recherche sur le Cancer (ARC), soit un projet sur 5.

Les préconisations :

Tout d’abord, l’examen régulier pour chaque femme par le médecin généraliste, le gynécologue ou le médecin du travail. Il est particulièrement recommandé aux femmes âgées de 54 ans à 74 ans de réaliser un dépistage au moins tous les deux ans.

En quoi consiste le dépistage ?

Se rendre chez un radiologue (de son choix), qui effectuera un examen clinique (palpation), ainsi qu’une mammographie (radiographie des seins). Les clichés normaux seront relus par un autre praticien. Pour les clichés anormaux, des examens complémentaires seront nécessaires, comme une échographie ou un prélèvement local.

Les symptômes :

  • modification de la forme ou de la dimension du sein.

  • écoulement par le mamelon

  • changement de la pigmentation, de la texture de la peau ou de l’aréole (lien)

Attention : la douleur n’est pas considérée comme un symptôme du cancer du sein.

Plusieurs types de cancers :

  • in situ : qui touche uniquement l’organe mammaire

  • infiltrant : qui se propage aux autres organes. Exemple : les ganglions

Attention : le cancer du sein chez l’homme n’est pas une légende. Il représente 0,5 à 1% des cancers du sein et touche essentiellement les hommes à partir de 50 ans.