Militante depuis 20 ans pour la cause animale, elle est devenue l’une des figures de cette lutte. Aujourd’hui, elle travaille dans l’ombre du parti animaliste. L’objectif ? Perturber la présidentielle 2022.
Dans sa maison campagnarde 100% végane, elle ne consomme ni viande, ni poisson, ni œufs, n’utilise aucun cosmétique testé sur les animaux et ne porte des vêtements ni en laine, ni en cuir. Les seuls animaux chez elle, ce sont son chien, ses chats, ses chèvres et même eux consomment végan. À une heure de Paris, ville qu’elle a quittée à 37 ans, la sexagénaire profite de sa pré-retraite. Mais la vie de campagne s’accompagne de la présence des chasseurs. Et Dieu sait qu’elle les déteste. Enfin pas tout à fait… « Je n’ai rien contre eux personnellement, je suis contre un système tout entier. »
Le combat de Catherine Hélayel pour la cause animale a commencé il y a un peu plus de vingt ans. D’abord végétarienne, elle réalise au fur et à mesure l’existence de toutes les exploitations intensives comme celle des vaches, des poules ou encore des abeilles. Bouddhiste, elle participe en 2005 à une retraite spirituelle avec une option végétalienne [arrêt de toute nourriture animale, ndlr]. Un des éléments déclencheurs de son combat. « Ça m’a aidé à prendre conscience et à sortir du déni petit à petit. Maintenant, c’est plus facile, il existe de nombreux films, recherches ou encore témoignages sur la souffrance animale, ce n’était pas le cas à l’époque. »
Un manifeste pour le véganisme
En 2014, cette ancienne avocate se positionne de l’autre côté et décide d’écrire un livre Yes vegan !. Son but est de permettre aux hésitants de sortir du déni et d’adopter un mode de consommation végan, c’est-à-dire sans manger, ni porter, ni utiliser quelconque produit d’origine animale. « Sur les réseaux sociaux, beaucoup me demandaient pourquoi j’étais végane et en quoi ça consistait. J’ai voulu leur répondre. » Yes Vegan ! est un succès avec plus de 10 000 exemplaires vendus. Sollicitée pour écrire la préface, en sa qualité de cofondatrice de l’association animaliste L214, Brigitte Gothière a tout de suite accepté considérant que ce livre est une « excellente sensibilisation au véganisme ». « C’est un honneur pour moi. Si je pouvais grâce à ça encourager sa lecture, je me devais de le faire », a-t-elle précisé. Si Brigitte Gothière a rapidement accepté, c’est aussi qu’elle connaissait très bien l’autrice. Catherine Hélayel a été militante pour L214 et a participé à la première marche contre les abattoirs en 2012, un moment qu’elle considère comme « historique ».
Aujourd’hui, c’est du côté du parti animaliste qu’elle mène le combat pour les animaux. « Il y a un temps pour tout. Je suis moins virulente et agressive qu’il y a 10 ans. J’ai longtemps milité à travers des actions diverses et variées mais maintenant je préfère travailler dans l’ombre. Et puis le parti et les associations animalistes restent liés, on a besoin mutuellement les uns des autres. » Catherine Hélayel a rejoint le parti animaliste en 2016 dès l’élaboration des statuts. Elle connaissait déjà Hélène Thouy, avocate cofondatrice du parti et aujourd’hui candidate à la présidentielle 2022. En 2013, toutes les deux avaient fondé l’association Animal, justice et droit. Rassemblant plusieurs avocats, cette association a pour but de défendre les animaux, de former au droit animalier et d’interpeller les politiques. « C’est un très bel outil dont je suis fière mais c’est beaucoup de boulot. Il faut y consacrer beaucoup de son temps. Aujourd’hui, j’aimerais bien céder l’association à des personnes aussi convaincues de l’intérêt de défendre le droit animalier. »
Mission communication
Car du temps libre effectivement Catherine Hélayel n’en a pas beaucoup. À quelques mois de l’élection présidentielle et loin de la recherche de parrainages qu’elle considère comme « trop prenante et fatigante », elle donne toute son énergie à la communication du parti « presque un jeu » pour elle. Elle partage cette tâche avec Muriel Fusi, avocate et également porte-parole. « C’est très agréable de travailler avec Catherine, explique-t-elle. Elle est déterminée, tenace, dynamique et surtout toujours de bonne humeur. ». Réactions à des propos politiques, présentation du programme, demande de financement de la campagne… Depuis sa maison au style champêtre, Catherine Hélayel prépare sans cesses des tweets. Et pour cause, le parti animaliste veut perturber l’élection présidentielle 2022. L’objectif ? Montrer aux politiques que leur électorat existe, que la cause est soutenue et qu’il est urgent de prendre des mesures en faveur des animaux.
« Si d’autres politiques reprennent nos mesures, tant mieux pour les animaux ! Juste, on ne se gênera pas de rappeler qu’on en est à l’origine. » Et c’est arrivé le 29 octobre dernier lorsque Yannick Jadot (EELV) s’est déclaré en faveur de l’interdiction de la chasse le week-end et les jours fériés. « L’interdiction de la chasse le dimanche est au programme du parti animaliste depuis sa création. Et pour la #Présidentielle2022, Hélène Thouy va même beaucoup plus loin puisqu’elle portera l’interdiction de la chasse. Donc Yannick Jadot n’est pas le seul », a dégainé Catherine Hélayel sur son compte Twitter personnel, qu’elle utilise pour « parler en [son] nom et pour réagir de manière plus spontanée. »
Une optimiste sans faille
Imperturbable, elle n’hésite pas à l’utiliser pour répondre à toutes les critiques qu’elle reçoit sur ou en dehors des réseaux sociaux. Et en tant qu’ex-avocate spécialisée dans le droit des familles, elle en a l’habitude. Alors telle une bonne plaidoirie, elle y répond calmement avec des arguments précis. Et pourtant, la liste est longue… Les végans sont toujours carencés : « C’est faux. Être végan n’est pas le mode de consommation le plus idéal pour la santé, il est vrai, mais manger de la viande non plus. » Lutter pour le droit des animaux, c’est oublier tous les autres : « Le droit animalier s’ajoute aux autres, il n’est pas là pour les remplacer. Plus une société a de droits, mieux c’est. » Les végans sont contre les agriculteurs : « Nous ne sommes pas contre les éleveurs mais contre le système tout entier. Alors que la majorité des Français consomment des produits d’origine animale, les agriculteurs sont dans la misère. Il faut les accompagner vers du maraîchage ou de la permaculture. »
Et lorsqu’on lui demande si elle croit à la victoire de la cause animaliste, Catherine Hélayel reste optimiste, une de ses qualités principales selon ses proches. « Même si l’on voit plus de noir que de blanc, il ne faut pas oublier que tout ce qu’on fait c’est pour les générations futures, mais surtout pour mettre fin à la souffrance des animaux », insiste la militante. Donc, bien que le Parti animaliste n’ait pas la prétention de siéger à l’Élysée, Catherine Hélayel est décidée à lui donner sa voix et à faire entendre la sienne.
Margaux Plisson