Depuis que les médias ont annoncé la mort de Ben Laden, il était attendu. Un livre qui nous raconte les détails croustillants concernant les derniers instants du leader d’Al-Quaïda.
Ce livre a été écrit par l’un des vingt-quatre soldats de l’ombre, les SEAL de la US Navy, qui ont donné l’assaut sur la maison de Ben Laden à Abbottabad, le 1er mai 2011. Ce qu’il promet, c’est avant tout de dire la vérité sur sa mort, de balayer les déformations des médias.
En réalité, sur plus de 300 pages, les trois quarts sont consacrées au récit de la carrière de Mark Owen, ainsi qu’à la description de ses entraînements. Passionnés d’armes, vous allez être servis. L’auteur ne manque pas de nous donner toutes les précisions et les références des joujoux qu’il utilise, mais cela n’a aucun intérêt pour un lecteur lambda. On saute facilement quelques pages où l’auteur s’éternise sur d’interminables descriptions concernant ses outils de guerre ultra performants.
Malgré l’aide du journaliste Kevin Maurer pour coécrire ce livre, la lecture est pénible. On bute sur les phrases, on relit les paragraphes, et finalement on laisse tomber en se disant que ça ne doit pas être important. Entre les détails techniques inintéressants et les mots mal choisis, c’est avec difficulté que l’on progresse dans le livre.
Par bonheur, l’auteur nous épargne souvent le côté politique de l’affaire. Mais le lecteur n’échappe pas au récit des habituelles tirades sur la camaraderie, aux paragraphes moralisateurs sur le sacrifice pour sa patrie, le désir d’exceller et bien-sûr, l’amour des armes.
Heureusement, on sait que LE moment que l’on attend arrivera forcément. Même si au bout de 200 pages, on se demande si les SEALS ont vraiment abattu Ben Laden. Ou si on ne s’est pas trompé de bouquin.
Ce n’est que dans les derniers chapitres que l’on se scotche enfin aux mots de Mark Owen, non pas pour l’écriture qui se serait améliorée, mais pour l’action qui arrive enfin.
Les curieux seront déçus. Au final, il y a peu de précision dans ce livre. L’écriture est très brève, extrêmement détachée. La mort de Ben Laden est racontée sans plus de détails que celle de son messager ou de son fils, abattus un peu avant, au cours de la progression dans la maison d’Abbottabad.
Seuls quelques schémas glissés au milieu de certains chapitres attireront la curiosité des plus passionnés : des plans très précis du déroulement de l’assaut sont par exemple insérés.
Est-ce parce qu’on en a trop vu, entendu et lu à ce sujet ?
Ce jour-là ne sera pas le livre qui vous surprendra. On ressent la neutralité du militaire, son absence d’émotion alors qu’il vient d’abattre l’ennemi N°1 de l’époque. Pour lui, Ben Laden est une cible comme une autre, et c’est sûrement ce qui peut décevoir le lecteur.
Et puis il y a toujours des questions qui restent en suspend, comme « comment des militaires sur-entraînés comme les SEALS ont-ils pu crasher un hélicoptère dans une cour du bâtiment ? » ou encore « comment les habitants de la maison ont-ils fait pour ne pas se réveiller malgré ce raffut ? ».
Pour faire simple, si ce livre n’avait pas eu pour sujet la mort du leader d’Al-Quaïda, il aurait probablement été abandonné en cours de route.