Un combat contre les discriminations, chronophage pour lequel il faut s’armer de patience. Depuis 2021, la cellule Egalité, diversité et inclusion du département Sciences humaines et sociales de l’université de Metz œuvre à la sensibilisation des personnels et des étudiants face aux discriminations. Une situation parfois fatigante pour les bénévoles de l’association.
La sensibilisation et la formation afin de permettre à chacun et chacune de se rendre compte de ce qu’est le harcèlement et la discrimination. Voilà l’objectif de la cellule égalité, diversité, inclusion (EDI) du département Sciences humaines et sociales à Metz. Créée en 2021 par Sabrina Sinigaglia-Amadio, maîtresse de conférences en sociologie, et plusieurs étudiants, la cellule tente depuis, d’informer le plus grand nombre. La fondatrice a baigné dans les combats et les manifestations dès son enfance. Elle a réalisé sa thèse sur les discriminations et dans un même temps s’est engagée dans des recherches collectives sur les discriminations de genre. « J’ai mis un pied dans ces sujets et maintenant j’ai le corps en entier dedans, comme un sable mouvant », raconte Sabrina Sinigaglia-Amadio. Son engagement au sein de la cellule lui demande beaucoup de temps et d’énergie. Car si les étudiants sont libres de s’investir en fonction de leurs disponibilités, elle, est de tous les projets.
Sabrina Sinigaglia-Amadio regrette que si peu de personnes ne s’engagent à ses côtés. Pour elle, ce combat devrait être commun à tous les membres de l’université afin d’éliminer les discriminations. La fondatrice espère l’amplification de la cellule dans les années à venir.
25 critères de discrimination
Des actions diverses ont été menées depuis la création : conférence sur les discriminations liées aux tatouages, sensibilisation sur les femmes en situation de handicap… « Nous voulons d’abord faire prendre conscience à des victimes et des agresseurs potentiels de leurs actes, qui ne sont jamais anodins », explique la fondatrice. Les violences sexistes et sexuelles sont au cœur du combat de la cellule mais pas seulement. « Nous nous engageons sur les 25 critères de discrimination reconnus par le défenseur des droits » souligne Sabrina Sinigaglia-Amadio. Parmi eux : le handicap, l’apparence physique, les opinions politiques…
Accompagnement et écoute
Les personnels et étudiants engagés dans la cellule ont pour la plupart suivi une formation sur les violences sexistes et sexuelles et sur les techniques d’écoute. « En tant que cellule, le travail s’arrête à l’écoute », éclaire Lison, étudiante en master 2, « nous ne sommes pas très importants d’un point de vue juridique ». En effet, les cellules ne peuvent pas mettre en place des enquêtes ou des procédures judiciaires. Leur rôle est avant tout d’être au plus près des étudiants et personnels afin de recueillir la première parole et d’accompagner dans les démarches futures. Les missions EDI agissent au niveau universitaire et peuvent quant à elles menées des actions en justice et des enquêtes internes.
Il y a parfois pour les victimes « un manque de confiance envers les membres de l’université » note Sabrina Sinigaglia-Amadio, « notre place peut être de les aider à gérer les problèmes en interne avec des discussions et des concertations ». La cellule veille à respecter la volonté de chacun et chacune : « on ne peut pas faire les choses à la place d’une victime, si elle ne veut pas porter plainte, on ne force pas », explique Lison.
Pour l’avenir, une charte commune à toutes les cellules EDI dans toutes les formations universitaires devrait être rédigée. « C’est très compliqué parce que chacun a des envies différentes. Chacun a un engagement différent et donc des volontés différentes en termes d’accompagnement et d’enquêtes » précise Sabrina Sinigaglia-Amadio. Un point commun à tous : la volonté de stopper les discriminations.
Qu’en dit la loi ?
La loi du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique rend obligatoire la présence de dispositifs de signalement des actes de violence, de discrimination, de harcèlement et d’agissement sexistes dans les établissements publics. Ce dispositif comprend trois dimensions : une dimension d’écoute et recueil des signalements, un devoir d’orientation des victimes et témoins vers les services compétents en matière de soutien et un devoir d’orientation, cette fois-ci vers les autorités compétentes en termes de sanction.
Dans le cadre de cette loi, le ministère de l’enseignement supérieur a lancé, le 15 octobre 2021, un “plan national d’action contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur et la recherche”. Ce plan, valable jusqu’en 2025, se voit allouer un budget de 14 millions d’euros. La cellule EDI de Metz entre dans le cadre de cette mesure gouvernementale.
Myrthille Dussert & Madeleine Montoriol