L’opération « Sangaris », opération militaire française pensée pour sécuriser la République centrafricaine en appui à la Misca (mission internationale de soutien à la Centrafrique) s’étoffe de 3 000 hommes. Aucune issue au conflit ne voit le jour. Un bilan qui s’alourdit : plus d’un millier de morts et 4,6 millions de personnes exilés dans les pays voisins. Mais pourquoi la Centrafrique sombre dans la guerre civile ? Retour en points clés pour comprendre cette « guerre civile ».
L’origine du conflit
Depuis son indépendance proclamée en 1960, le pays est profondément instable et en proie à des coups d’Etats et des guérillas récurrents. En 2003, le président François Bozizé est renversé par les rebelles de la Seleka, alors que lui-même à accéder au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat. Le 23 mars 2013, lui-même est poussé vers la sortie par Michel Djotodia. Très vite, le nouvel homme fort du pays se révèle incapable de garder prise sur les ex-rebelles de la Seleka. Ces groupes armés font vaciller le pouvoir et les exactions contre les populations civiles se multiplient.
Deux camps s’opposent : Séléka et anti-balaka
Les membres de la Séléka, soutenus par le président Djotodia (premier président musulman depuis 1960) sont essentiellement de confession musulmane alors que la population centrafricaine est composée à 80% de chrétiens. Des clivages religieux ont alimenté le conflit provoquant un cycle de représailles.
La Séléka : cette « coalition » a officiellement été dissoute le 24 mars 2013. Faisant cause commune avec des miliciens soudanais, tchadiens ou libyens, elle s’est aujourd’hui reformée et fait parler d’elle pour ses exactions et ses pillages. Ils seraient environs 25.000 ex-combattants de la rébellion au pouvoir.
Les « anti-balaka » : comprenez « anti-machettes » en langue sango, se comptent par dizaines de milliers. Parmi eux, des milices d’autodéfense formées en brousse, des anciens membres des forces de sécurité du président Bozizé ainsi que des jeunes chrétiens désœuvrés.
Une situation humanitaire urgente
Les troubles politiques et sécuritaires ont entraîné une crise humanitaire. A Bangui, un quart de la population s’est trouvé contraint de fuir la capitale. Au total, 2,3 millions sur les 4,6 millions d’habitants sont en situation « d’assistance humanitaire » et 1,3 millions sont touchés par « l’insécurité alimentaire », selon Amnesty International. La situation sanitaire se dégrade : la malaria et la malnutrition se développent à une vitesse record.
Le conflit vu par les photographes de l’AFP
L’intervention française
La France dispose d’une armée de 410 hommes depuis 2002. Elle est déjà intervenue à plusieurs reprises dans le pays depuis l’indépendance proclamée en 1960. Aujourd’hui, l’opération Sangaris (du nom d’un papillon local) renfloue les forces françaises : 1.600 militaires sont présents depuis le 5 décembre dernier. L’objectif n’est pas de décimer tel ou tel groupe armé mais d’endosser un rôle de gendarme. Sur le terrain, la mission militaire française devrait se concentrer sur la sécurité des populations et des principaux axes routiers ainsi que des grandes agglomérations.
L’aval de l’ONU
L’ONU a donné son accord : la résolution du 10 décembre 2013 a été adoptée par le Conseil de Sécurité, placée sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui prévoit le recours à la force. Elle légitime l’intervention française dans son ancienne colonie. L’ONU autorise le déploiement français dans le but d’un rétablissement de la sécurité et de la protection des civils. Elle soutient la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique) et remplace la Fomac (force multinationale d’Afrique centrale), car toutes les deux se sont révélées impuissantes, manquant cruellement de moyens financiers et peinant à se former.
Aujourd’hui ?
Le pays s’enlise dans des violences d’ordre confessionnel repoussant l’espoir d’une sortie de crise. L’opération française initialement prévue pour une durée de six mois va être portée à une année suite à la mort de deux soldats français (Nicolas Vokaer et Antoine Le Quinio) et à l’appel de Catherine Samba Panza, actuelle maire de Bangui et présidente par intérim. Elle a été élue en janvier dernier suite à la démission du président Michel Djotodia et de son Premier ministre Nicolas Tiangaye.
La présidente centrafricaine de transition Catherine Samba Panza a appelé la France à ne pas « abandonner » la République de Centrafrique. Dans cette interview, la présidente centrafricaine a également renouvelé sa demande d’« une opération de maintien de la paix » en Centrafrique.
Les chefs de l’église catholique et de la communauté musulmane ont lancé un appel à désarmer les civils infiltrés dans les églises et les mosquées pour stopper les violences.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a appelé le 14 février à déployer 3.000 hommes supplémentaires en Centrafrique pour secourir les populations livrées aux crimes de bandes armées.