Cela fait plus d’un an que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en Chine a reconnu l’apparition du « coronavirus ». Depuis, le monde entier a vu sa vie chamboulée par cette pandémie qui a déjà touché plus de 92 millions de personnes et fait 1,9 millions de morts. En Europe, les stratégies pour lutter contre ce virus se sont multipliées et sont parfois très différentes selon les pays. C’est le cas de la France et de ses plus proches voisins, qui encore aujourd’hui affrontent la crise de manières diversifiées. Quelles sont les stratégies derrière les frontières ?

Avec les rassemblements lors des fêtes de fin d’année et l’arrivée du variant britannique, l’Europe pourrait se retrouver dans une situation sanitaire grave et à nouveau incontrôlée dans les semaines qui viennent. Selon nos confrères du Monde, Hans Kluge, directeur Europe de l’OMS, souhaite que tous les pays renforcent leurs restrictions telles que : la généralisation du port du masque, la limitation de rassemblements ou le respect des gestes barrières. Aujourd’hui, le plus grand espoir pour se sortir de la crise est le vaccin. Les campagnes de vaccination ont toutes commencées de l’autre côté des frontières, même si certaines avancent plus lentement que d’autres.

*Les données utilisées pour cette carte datent du 13/01/2020.

  • L’Allemagne

L‘Allemagne est le pays d’Europe le plus peuplé avec 83 millions d’habitants. A l’heure actuelle, le pays est très proche des 2 millions de contaminations et a dépassé récemment le seuil des 40 000 décès liés au Covid-19. La situation hospitalière est inquiétante avec près de 80% des lits occupés en soins intensifs, dont une grande partie par des patients Covid.

Ces dernières semaines, l’Allemagne a décidé de reconfiner strictement sa population pour éviter une nouvelle vague de contamination après les fêtes de fin d’année. Le pays a donc annoncé la fermeture des écoles et des commerces dits non-essentiels tels que les restaurants, les salons de coiffure ou les magasins de vêtements jusqu’au 31 janvier. Cependant, ces mesures pourraient potentiellement continuer durant plusieurs semaines d’après les dires d’Angela Merkel. La chancelière, très pessimiste, émet l’hypothèse que l’Allemagne pourrait rallonger son confinement de huit à dix semaines afin d’endiguer une épidémie plus forte depuis l’apparition du variant britannique.

Concernant la campagne de vaccination, malgré des résultats plutôt positifs avec une vaccination rapide (0,82%), le gouvernement allemand subit de nombreuses critiques. En effet, la lenteur de l’administration du vaccin, et l’attente du pays après l’Union Européenne pour les obtenir ont agacé une grande partie de la population allemande. Cependant, la polémique est retombée, après l’annonce de l’arrivée du vaccin Moderna qui va permettre d’accélérer le processus.

  • La Belgique

La Belgique est malheureusement l’un des pays les plus touchés par la pandémie avec le plus grand nombre de décès pour 100 000 habitants au monde. Elle comptabilise plus de 667 000 cas positifs et a récemment dépassé les 20 000 décès liés au Covid-19. Selon Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus : « L’année 2020 sera marquée par la mortalité la plus importante que la Belgique a connue depuis la fin de la guerre et la grippe espagnole de 1918 ».

De manière assez similaire à la France, la Belgique a décidé à l’heure actuelle de ne pas reconfiner sa population. Cependant trois grandes mesures sont mises en place au moins jusqu’au 1er mars afin d’endiguer l’épidémie : un couvre-feu de 22h à 6h du matin, l’obligation du port du masque et la fermeture de tous les commerces à 20h. Le nombre de contamination continue d’augmenter chaque jour, ce qui peut être dû à la multiplication de tests ces derniers jours. Point positif, le nombre d’hospitalisations liées au Covid-19 semble diminuer de manière constante. L’évolution de la situation pour les autorités sanitaires semble difficile à prédire actuellement, en particulier avec l’arrivée du variant britannique.

Concernant la vaccination, la Belgique a un taux de personnes vaccinées assez faible (0,22%). La politique de vaccination est de cibler prioritairement les maisons de retraite ainsi que le personnel soignant. Il est possible que la campagne s’accélère en Belgique avec l’arrivée du vaccin Moderna dès la semaine prochaine, en plus du vaccin de Pfizer/BioNTech.

  • L’Espagne 

L’Espagne et ses 46 millions d’habitants comptabilise plus 50 000 décès liés au Covid-19. Le pays vient également d’atteindre les 2 millions de cas confirmés depuis le début de la pandémie, avec l’augmentation du nombre de personnes positives après les fêtes de fin d’année.

Récemment, l’Espagne a choisi de renforcer ses restrictions sans annoncer un reconfinement strict, une mesure que le pays essaye d’éviter à tout prix afin de ne pas aggraver sa situation économique et sociale. C’est donc un reconfinement partiel qui s’est mis en place avec des règlementations propres à chaque région. Les couvre-feux, fermetures de commerces ou d’établissements publics varient en fonction de la politique régionale mise en place. Par exemple en Catalogne, de nombreux commerces dits non-essentiels ont vu leurs portes se fermer et les enfants ont repris le chemin de l’école plus tard que prévu, le 11 janvier au lieu du 7.

Après un début lent et avec du retard, la vaccination en Espagne accélère avec 0,87% de sa population ayant déjà reçu une dose et se place finalement parmi les pays les plus avancés en Europe. Le ministère de la Santé du pays a annoncé que les pensionnaires de maisons de retraite et le personnel soignant seraient prioritaires lors de ces débuts de campagne. Même si le vaccin n’est pas obligatoire, l’Espagne est également l’un des rares pays d’Europe qui va constituer un registre des personnes refusant la vaccination contre le Covid-19.

  • L’Italie

L’Italie et ses 60 millions d’habitants a été le premier pays d’Europe à être gravement touché par la crise sanitaire en mars dernier. A l’heure actuelle, plus de 2,3 millions de personnes ont été contaminées et le pays s’approche dangereusement du seuil des 80 000 décès liés au Covid-19.

L’Italie, au même titre que l’Espagne a opté pour un reconfinement partiel et plusieurs mesures sont mises en place afin de diminuer le nombre de contaminations quotidiennes. Le pays a retardé le retour des lycéens en présentiel au 11 janvier au lieu du 7, les déplacements non-justifiés entre les régions ne sont plus autorisés et les commerces dits non-essentiels, bars et restaurants ont dû fermer leurs portes au public. Très fragilisée par le premier confinement, l’Italie risque une crise majeure à la fois économique et politique.

L’Italie, fait partie des bons élèves en matière de vaccination avec plus de 700 000 personnes vaccinées, soit environ 1,19% de sa population. La politique du pays est de rendre prioritaire trois grands groupes de population : le personnel soignant, les résidents des maisons de retraite et les personnes âgées.

  • Le Luxembourg 

Le Luxembourg, est l’un des plus petits pays d’Europe, il est d’ailleurs le moins peuplé de l’Union Européenne après Malte, avec seulement 600 000 habitants. Mais cette faible population ne l’a pas empêché d’être touché par la crise sanitaire. A l’heure actuelle, le pays comptabilise plus de 48 000 cas positifs et déplore 538 décès liés au Covid-19.

Contrairement à ses voisins qui renforcent leurs mesures sanitaires ces dernières semaines, le Luxembourg a décidé en ce début d’année d’alléger les restrictions liées à la pandémie. Tous les commerces, écoles et lieux culturels tels que les cinémas et théâtres ont rouverts leurs portes lundi 11 janvier. De plus le couvre-feu instauré de 21h à 6h se réduit et ne commence qu’à 23 h. Cependant les bars et restaurants demeurent fermés comme dans la plupart des pays européens.

Concernant la vaccination, le Luxembourg démarre lentement, malgré sa faible population. Le 11 janvier, le pays avait vacciné moins de 2 000 personnes alors qu’il a reçu les doses pour vacciner près de 4 800 patients. Cependant le Luxembourg est le premier pays membre de l’Union Européenne à avoir reçu le vaccin Moderna. Une nouvelle importante, car ce nouveau vaccin est pratiquement aussi efficace que celui produit par Pfizer/BioNTech et a l’avantage de se conserver à -20°C.

  • Le Royaume-Uni

La situation sanitaire au Royaume-Uni, est actuellement la plus dégradée d’Europe, au total plus de 3 millions de personnes ont été contaminées par le virus depuis le début de l’épidémie. Avec ses 65 millions d’habitants, il est le « pays » d’Europe le plus endeuillé à l’heure actuelle avec plus de 83 000 décès liés au Covid-19. Mardi 12 janvier, une morgue provisoire a été ouverte à Londres pour faire face à l’afflux de décès.

Avec l’arrivée de la mutation sur son territoire qui rend le virus 70% plus contagieux, les autorités sanitaires ont perdu le contrôle et tentent d’endiguer au plus vite cette nouvelle vague de contaminations. Si la situation continue sur cette lancée, le système de santé devra faire face à la plus grosse crise jamais rencontrée et les hôpitaux seront rapidement submergés. Un confinement strict a donc été mis en place afin de réduire le nombre de nouveaux cas après les fêtes de fin d’année. Malgré la dégradation de la situation, le port du masque n’est toujours pas obligatoire au Royaume-Uni, et très peu de personnes en portent car les scientifiques restent divisés sur son efficacité. Cependant, plusieurs chaines de supermarchés ont récemment annoncé qu’elles allaient refuser l’entrée aux personnes n’ayant pas de masque.

Le Royaume-Uni est le « pays » d’Europe ayant le plus vacciné, avec plus de deux millions de personnes ayant déjà reçu une injection, soit 3,37% de la population. Des centres de vaccination massive ont ouvert lundi 11 janvier dernier et le gouvernement a annoncé que plus de 200 000 personnes étaient vaccinées chaque jour. Contrairement aux pays membres de l’Union Européenne, le Royaume-Uni a approuvé trois types de vaccin : ceux de Pfizer-BioNTech, d’Oxford-AstraZeneca et enfin le vaccin Moderna, ce qui leur a permis de mettre en oeuvre une campagne de vaccination qui a commencé plus tôt et qui est plus rapide. Le ministre de la santé a récemment annoncé qu’il souhaite que tous les adultes du Royaume-Uni soient vaccinés pour l’automne prochain.

  • La Suisse

Contrairement à ses voisins italiens et français, la Suisse et ses 8 millions d’habitants avaient échappé à la première vague de l’épidémie au printemps dernier. Cependant, la seconde vague est bien plus importante et est près de trois fois plus meurtrière. A l’heure actuelle, le pays comptabilise plus de 487 000 cas positifs et plus de 8 400 décès liés au Covid-19 depuis le début de la crise.

Le 22 décembre, le pays a décidé de fermer tous les restaurants, bars, lieux sportifs et culturels dits non-essentiels. D’autres mesures s’ajoutent à ces fermetures, telles que la limitation des rassemblements privés à cinq personnes, ou la fermeture des commerces de 19h à 6h, ainsi que les dimanches et jours fériés. Le système de santé suisse est mis en péril par la crise sanitaire et certains redoutent un manque de lits en soins intensifs ou une pénurie de respirateurs artificiels.

Depuis le mois de décembre, le vaccin Pfizer/BioNTech est administré en Suisse. Comme beaucoup de ses voisins, le démarrage de la campagne de vaccination est lent, en partie à cause de lourdeurs administratives. Afin d’accélérer le processus dans les semaines qui viennent une nouvelle organisation se met en place avec notamment la formation d’environ 2000 pharmaciens pour la vaccination. Enfin, près de 200 000 doses du vaccin Moderna arrivent aujourd’hui dans le pays après qu’il ait été approuvé mardi par l’institut Swissmedic.

Emma Georges