Depuis la recrudescence des cas de Covid-19 et l’arrivée du variant anglais dans l’hexagone, l’ouverture des écoles fait débat. Fermées lors de la première vague de la pandémie, les autorités françaises ont fait le choix de maintenir les cours en présentiel avec un renforcement des mesures de surveillance dans les collèges et les lycées.
« Les données anglaises sur la pénétration du variant anglais dans les écoles ne sont pas suffisamment claires pour nous pousser à fermer les écoles en France. Nous recommandons de poursuivre l’ouverture des écoles mais avec des mesures de surveillance beaucoup plus strictes », a détaillé Jean-François Delfraissy sur France Info ce matin. Une nouvelle qui ne rassure pas beaucoup les acteurs éducatifs des collèges et des lycées, alors que le taux de positivité chez les 10-19 ans a bondi de 2,8 à 8,2 % en 15 jours.
Cent-soixante heures de colle
Céline* est assistante d’éducation dans un collège du centre-ville de Metz. Elle est constamment au contact des élèves. La jeune femme n’a pas constaté de changement des mesures sanitaire entre la rentrée de septembre et celle de janvier. “Le protocole est resté le même et le port du masque est relativement bien respecté” constate-t-elle. Mais il a fallu passer par une phase répressive. “Le principal a mis 160 heures de colle au début de l’année pour faire respecter le port du masque”.
Au niveau de la communication entre les différentes parties du corps enseignant, Céline regrette le manque d’information de ses supérieurs. “La direction du collège reste opaque sur les cas de Covid-19 au sein du collège. C’est le principal qui gère tous les coups de téléphone. Nous sentons qu’ils ne veulent pas faire de vagues.” se plaint-elle.
Jean* est professeur d’allemand dans un collège en Alsace. Il explique que les mesures sanitaires sont relativement bien respectées depuis septembre dans son établissement. Si bien qu’il n’y a pas eu besoin de renforcer le protocole à la rentrée de janvier. « Les renforcements qu’on nous a demandé de faire en plus, nous le faisions déjà. Je vois mal ce que l’on pourrait faire de plus.” précise t-il. “C’est difficile de mettre des mesures dans la cantine car elle n’est pas très grande. Mais je ne vois pas comment on pourrait faire autrement avec des élèves présents toute la journée au collège.” ajoute t-il.
Les élèves se sont habitués au protocole sanitaire
A l’internat, la promiscuité est inévitable. Luca est maître d’internat dans un établissement où dorment près de 80 élèves « sport étude » durant la semaine. Il estime que les mesures prises au sein de l’internat sont plutôt adaptées à la situation. “Le protocole étant déjà assez strict, rien n’a changé depuis les mesures de septembre, si ce n’est la distanciation à la cantine. Les élèves mangent par sport, à 5 sur une table de 10 avec une chaise entre chaque élève.”
Il admet que l’amplitude horaire peut être difficile pour les internes avec les mesures sanitaires. “Etant donné que les élèves sont au collège du lundi au vendredi, il peut être psychologiquement pesant pour eux de devoir constamment être alerte aux gestes barrières et au port du masque.“ Les élèves se sont pourtant habitués au protocole au sein de l’internat. “Certains l’oublient même au point d’aller se coucher avec !” s’amuse t-il.
Des mesures plus ou moins faibles selon les établissements
Dans les lycées, le protocole semble plus difficile à faire respecter aux élèves. Renaud*, professeur d’histoire dans un lycée professionnel admet qu’il est compliqué de faire appliquer les gestes barrière à ses élèves. Il déplore aussi le manque de mesures prises par son établissement. “J’ai l’impression que le proviseur a plus ou moins abandonné. Depuis décembre on sent qu’il y a un délitement dans les mesures. Seul le masque est respecté.”
“Il n’y a pas de restriction à la cantine, ni dans les couloirs. Aucun cours à distance n’a été mis en place. On a le sentiment que rien n’a changé mis à part le gel et le masque. “ observe le jeune professeur de l’agglomération thionvilloise. De ce fait, certains moments de la vie lycéenne dans l’établissement sont propices à la proximité entre élèves. “Quand les professeurs récupèrent les élèves avant les cours, il y a un brassage très important dans les couloirs” déplore t-il.
Tous les établissements scolaires ne se sont pas armés de la même façon pour lutter contre la propagation du virus, et ce malgré les directives du ministère de l’Education nationale. Pour autant, les collèges et les lycées tentent tant bien que mal de faire respecter les distanciations sociales, avec plus ou moins de réussite. Dans l’ensemble, les élèves sont compréhensifs et s’adaptent aux mesures mis en place dans leur établissement.
Le Premier ministre Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Veran se déplacent à Metz ce jeudi. A cette occasion, une annonce sur un durcissement des protocoles sanitaires pourrait être faite.
Léo Mazzarini
*Les prénoms ont été modifié