Darius Kugel est un passionné de l’image. Pour lui, elle transmet une émotion pure. Il est venu nous parler de photo, sa raison de vivre. Rencontre.
Le rendez-vous est pris dans un café de la place Saint Louis, célèbre place pavée du centre messin. Bien au chaud sur une banquette d’un pub à la devanture irlandaise, on est avec Darius Kugel, professeur d’informatique. Cette fois, ce n’est pas son travail d’enseignant en BTS qui nous intéresse, mais sa passion: la photographie.
Il arrive dans le pub, grand et timide mais surtout frigorifié. “C’est dingue comme il fait froid”, nous lance t-il tandis qu’il s’assoit dans le box. Il hésite à parler, semble peu à l’aise en commandant son café. Mais Darius Kugel a le sourire spontané qui contrebalance le ton retenu de sa voix. Il éclate de rire quand on lui demande quelles études il a faites. “J’ai rien fait. J’ai le bac. J’ai commencé à travailler à 21 ans, j’ai fait 10 ans de petits boulots dans l’approvisionnement.” Et puis il a décidé de changer de vie. Alors il a pris des cours du soir. Sa tenacité l’a conduit à passer un CAPES (Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement du Second Degré). Aujourd’hui, il enseigne l’informatique en BTS Service Informatique des Organisations au Lycée Schuman (Metz). Mais plus qu’un informaticien, Darius est un photographe parce que ça l’anime. Qui le pousse. Qui le nourrit.
“La photo, elle était en moi depuis longtemps”
Darius Kugel ne vient pas d’une famille de passionnés ou d’artistes. “Mon père était dans la mine. Ma mère a élevé ses trois enfants avant d’être secrétaire.” On insiste pour savoir d’où vient sa passion. Sauf qu’il ne l’explique pas. “Elle était en moi depuis longtemps, je crois. Je ne peux pas dire d’où ça vient.” Il a commencé par faire de l’argentique dans les années 80. Avant d’abandonner pour passer au numérique. “L’argentique, c’est super mais les contraintes sont énormes. Du coup, j’ai abandonné mais maintenant j’y reviens”. Preuve qu’un premier amour est fort.
Darius a commencé par faire de la photo sportive. Il aime aussi faire des paysages. Mais ce qu’il veut faire aujourd’hui, c’est du portrait. Il ajoute qu’il aime l’abstrait. Portrait et abstrait ? Impossible. Mais pas pour lui. Certains artistes photographes développent ce concept et il a envie de s’y frotter. “Je veux dépasser l’humain, suggérer un concept”, ajoute t-il.
On lui demande si un photographe a finalement un objectif dans l’oeil. “Bien sûr”, répond il, “moi je vis photo. Je me lève le matin, j’y pense. Parfois même avant mon boulot”, ajoute t-il, un peu penaud mais taquin.
“C’est une passion, pas un métier”
Forcément, on se demande pourquoi il n’a pas choisit d’en faire un métier. “C’est hors de question. La photo, c’est ma passion. Si j’en fais mon métier, après il y a des contraintes. On se retrouve à faire le pied de grue devant un ministère pour prendre une photo vendeuse”. On l’a compris, la photo selon Darius, c’est une photo qui a une âme. Il pensait au reportage, mais il n’a pas le temps. Il a une vie de famille, des enfants. Et la photo prend déjà beaucoup de place. A t-il des regrets ? Darius se fait pudique. “On m’enlève ça, on m’enlève ma raison de vivre. Il y a certaines périodes où j’allais mal et…ça m’a aidé”.
Il fait partie d’un club de photo: Photoforum, à Metz. “ça me donne envie d’aller toujours plus loin. Je fais de belles rencontres. à la base, la photo c’est un acte égoiste et individuel.” Un acte personnel qui lui a pourtant permis de gagner des prix. Darius a gagné le prix” Auteur 2013 ” en Concours Régional de Photo, sur une série de photos sur la côté belge (présentée plus bas). Aime t-il parler de sa passion ? “J’aime en parler quand ça intéresse les gens. Sinon, je n’en parle pas pour en parler”. Pudique jusqu’au bout.
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Il ne faut pas rester seul
Ne pas avoir peur des critiques
Bosser, bosser dur
Dernier conseil “On devrait tous commencer par l’argentique”.
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