Les réseaux sociaux sont devenus une formidable opportunité pour observer instantanément l’état de l’opinion publique sur un sujet précis. Comment ont réagi les twittos aux propos de Morano ? Quels mots utilisent-ils pour la qualifier ? À quels politiques cette affaire est-elle rattachée ?
Trois semaines que les médias ne cessent de parler de Nadine Morano. La polémique agite tout autant la twittosphère : en seulement cinq jours, nous avons aspirés plus de 7000 tweets portant la mention #morano, grâce à l’API Twitter. Nous avons ainsi remarqué que certaines thématiques revenaient plus régulièrement que d’autres. Sur la période du 9 octobre au 13 octobre, Sarkozy a par exemple été cité près de 800 fois. Les graphiques ci-dessous représentent la composition sémantique des tweets, par thématique. Ainsi, la bulle “Front National” regroupe les mots-clé “FN” ou “Extrême-Droite”.
Comment expliquer une telle répartition sémantique ?
Nicolas Sarkozy est au centre de la galaxie Morano, comme le confirme la twittosphère. En effet, le leader du parti Des Républicains a répudié l’une de ses plus fidèles supportrice. Par voie de fait, les internautes soumettent des tweets qui mettent en perspective les deux protagonistes au coeur de l’affaire. Le mot “Sarkozy” revient sur 23% des tweets aspirés.
Heureusement qu’on a #Morano pour basher @NicolasSarkozy, parce que si on attend après @gerardfiloche et @JLMelenchon
— Mathilde (@Mathilde_Klara) 9 Octobre 2015
Vient en seconde position, “Race”, avec 421 occurrences. L’apparition de ce mot est surtout dû à la citation originale de l’intéressée. “Racisme” relève cependant davantage du commentaire. En grande majorité, les twittos condamnent les propos racistes de Nadine Morano, la qualifiant de divers noms d’oiseaux ou en l’associant au Front National… L’importance du mot “excuse” dans la globalité des tweets montrent que l’entêtement de la politique a attisé davantage la polémique.
J’espère que tous les racistes sont devant leur TV à regarder Arte il y a une émission scientifique concernant l’espèce humaine, #Morano — J-P. Riviere2 (@JPRiviere2) 10 Octobre 2015
Cette masse de tweets traduit un intérêt moindre pour les élections régionales, qui sont, pourtant, l’enjeu des déboires de Nadine Morano. Le hashtag officiel, #ALCA, et son ancienne appellation, #ACAL, sont quasi-absents de ces milliers de tweets. Mais c’est le hashtag qui est snobbé davantage que l’enjeu élécoral : “Lorraine”, tout de même, a 54 occurrences. Ce mot fait partie du groupe “Région” et ses variantes, qui totalise 97 tweets, soit 2,8% du total. Valérie Debord, la remplaçante de Nadine Morano pour les élections régionales, apparaît 38 fois.
100% avec la colère de #Morano lâchée par les siens qui pourrait se payer par celle des électeurs de sa région .@GG_RMC
— languedepute (@languebois) 9 Octobre 2015
Les tweets montrent également une certaine méfiance à l’égard des journalistes – déformation de la réalité, propos mal relayées…, Laurent Ruquier a par exemple été jugé par certains commentateurs de “complice” des propos de Morano. La dernière une de Charlie Hebdo a particulièrement été incomprise par les internautes, jugée honteuse à plusieurs reprises.
Overdose #Morano ! Et ts les médias qui courent après elle … Normal #NS est le principal visé #bourdindirect — marie dominique ن (@ddetours) 9 Octobre 2015
Et le compte de intéressée ?
Mais comment tweete la principale concernée ? Si on observe sa timeline, on observe des constances qui persistent avant et après le “racegate”. Nadine Morano a un usage de Tweeter bien défini, où l’interaction et la conversation sont rarissimes. Son compte a deux usages principaux : faire état de ses différentes interventions et live-tweeter les diffusions de ses passages télévisés – comme nombre de ses comparses politiques influenceurs. L’image la plus diffusée par le compte Twitter de Nadine Morano, c’est Nadine Morano. Deuxième axe : aussi et surtout diffuser un contenu éditorialisé, en privilégiant la prétérition. Le principe ? Retweeter chaque contenu allant dans son sens, ou exprimant l’idée qu’elle souhaite communiquer. Pas de restrictions de premier ou second degré, de nombres de followers ou de syntaxe : si ça exprime la bonne idée (dévaloriser untel ou défendre Nadine Morano), c’est retweeté. Elle n’hésite pas à republier des tweets ouvertement “trollesques” ou arborant des profils pas nécessairement “propres”.
Être retweeté par Nadine ? Facile, il suffit de prendre sa défense !
Cette tendance ne date pas de son passage polémique chez On n’est pas couchés, mais les mots qu’elle utilise ont quelque peu changé. On peut, depuis début octobre, noter une forte pertinence du général de Gaulle et de son imagerie : photos presses ou personnelles, beaucoup contiennent des kakémonos du général, des “images-citations” non sourcées ou des Croix de Lorraine, photographiées en meetings ou lors d’autres évènements. Mais un paradoxe apparaît alors dans sa timeline : nous avons vus que “Sarkozy” était au centre de la galaxie Morano. Mais il se trouve que ce mot est devenu bien moins pertinent dans le profil de l’intéressée. Sur tous ses tweets depuis début septembre, seules neuf occurrences de l’ancien président reviennent, par différents modes : citations indirectes, retweets ou pensées sur le différent qui les lient au sein des Républicains. Sur la même période de temps, “De Gaulle” a exactement la même pertinence.