Le personnel du groupe Alpha Santé est inquiet pour l’avenir. Philippe David, maire de Hayange et président du conseil d’administration du groupe, n’exclut pas un plan de sauvegarde de l’emploi.
Y’aura-t-il un plan de sauvegarde de l’emploi à l’hôpital de Hayange ?
Sortie de réunion avec le préfet de Moselle et le directeur de l’Agence Régionale de Santé. Philippe David a convoqué la presse, mais ne dévoilera finalement aucune proposition de l’administrateur provisoire, nommé pour réaliser le diagnostic du groupe Alpha Santé.
Doit-on s’attendre à des licenciements au sein du groupe Alpha Santé ?
C’est une question un peu difficile. Nous travaillons encore sur beaucoup de solutions. Comme le groupe Alpha Santé n’est pas en cessation de paiement ou en dépôt de bilan, le personnel ne se trouve pas dans une situation dramatique. Un plan de sauvegarde de l’emploi est possible, je ne peux pas vous assurer qu’il n’y en aura pas. Mais cela reste à la marge par rapport à ce que l’on aurait risqué s’il y avait eu un dépôt de bilan.
Pourtant aujourd’hui, Alpha Santé emploie du personnel intérimaire à l’hôpital de Hayange. Cela ne coûterait-il pas moins cher au groupe d’engager du personnel en contrat fixe ?
Pour faire fonctionner un service de chirurgie, nous sommes obligés d’avoir tous les éléments de sécurité nécessaires. Il faut un certain nombre de médecins et d’infirmières présents lors des opérations au bloc. Il faut que l’hôpital tourne, mais il ne tourne pas à fond. Il n’a d’ailleurs jamais fonctionné à 100%, c’est d’ailleurs là notre faiblesse. La population et le personnel sont inquiets, mais la réunion que nous avons tenue lundi en compagnie du préfet, du directeur de l’A.R.S (Agence Régionale de Santé) et différents élus de Moselle et Meurthe-et-Moselle doit rassurer l’ensemble des acteurs.
Est-ce que vous regrettez le rachat de l’hôpital de Mont Saint-Martin en 2009, déjà enclin à de fortes difficultés budgétaires ?
Si c’était à refaire, je rééditerais la décision avec le conseil d’administration de reprendre Mont Saint-Martin. Nous n’aurions pas repris Mont Saint-Martin, l’hôpital d’Hayange serait peut-être rayé de la carte. Mais du fait qu’Alpha Santé soit un groupe qui compte sur le territoire, toutes les instances, de l’A.R.S au plus haut sommet de l’état, s’en préoccupent. Si Hayange était resté isolé, on nous aurait complètement oubliés.
« La casquette qu’il ne fallait pas prendre ! »
N’estimez-vous pas que des responsabilités doivent être prises au sommet du groupe Alpha Santé ?
Les responsables sont clairs. Il y a d’abord la T2A (tarification à l’activité). C’est une culture d’entreprise que les chirurgiens, médecins et tout le personnel doivent s’approprier. Et quand on a fonctionné pendant dans années sur une taxation globale, cela n’est pas évident. Il y a aussi la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé, Territoire) qui favorisent les établissements publics et les cliniques privées à but lucratif. Quand vous êtes une structure comme Alpha Santé, un groupe privé à but non-lucratif, vous êtes coincés entre les deux. Il faut signaler que la loi HPST nous a absolument ignorés. D’ailleurs, tous les hôpitaux privés à but non-lucratif souffrent beaucoup, car ils ne comptent plus sur le territoire.
Alpha Santé n’est donc pas un cas isolé ?
Pas du tout. Peut-être qu’il n’y a pas eu de réaction assez vive pour que le personnel s’imprégne de cette nouvelle culture d’entreprise qu’est la T2A.
Vous êtes président du conseil d’administration d’Alpha Santé et maire de Hayange, est-ce une « double casquette » difficile à porter ?
Je peux vous assurer que c’est la casquette qu’il ne fallait pas prendre ! Mais cela fait partie des particularités d’Alpha Santé et je reste persuadé qu’à l’avenir il est aussi nécessaire de retravailler les statuts.