Multiples opérations militaires, réforme de la constitution et renforcement de l’état d’urgence : à partir des événements terroristes de 2015, François Hollande est passé de « président indécis » à « chef de guerre impliqué et déterminé ». En cause : ses nombreux engagements, tant au niveau de sa politique internationale que par le renforcement de la sécurité intérieure. Par ce changement de ligne directrice, c’est l’image même du président et sa popularité qui se voient bouleversées.

 

« La France est en guerre ». Ces mots forts sont ceux prononcés par François Hollande à l’occasion de son discours devant le parlement européen, le 16 novembre 2015. Trois jours seulement après l’attentat à la salle de spectacle du Bataclan et les attaques dans les rues de Paris, le président de la République l’affirme : « Notre ennemi, c’est le terrorisme jihadiste ». Ces propos énoncent un changement radical dans l’attitude et la façon de penser le monde de François Hollande, jusqu’alors surnommé de « Flanby » de la part du peuple, « fraise des bois » par Laurent Fabius ou « Fraise flagada ». Parmi cette déclinaison de petits noms, un trait commun revient : l’impression de mollesse et de manque de fermeté générale qui caractériseraient l’actuel président.

Une date : vendredi 13 novembre 2015. 130 morts. Aussi dramatique soit-il, cet événement a permis le réveil de la force chez François Hollande. En quelques jours, il est passé de « Guimauve le conquérant » à un homme directif, qui sait s’affirmer. Dans ces apparitions, il appelle au rassemblement. Derrière cette volonté d’unité nationale, se sont ses valeurs, son image et ses engagements qui sont impliquées. Nicolas Sarkozy demandait des inflexions majeures ;François Hollande les a mises en place à la suite de cette tragédie, appelant ainsi au calme, mais surtout en plaçant la guerre contre le terrorisme au cœur des dernières années de son quinquennat.

Dans ce contexte anxiogène, un nouvel homme surgit, chef de guerre à demi-providentiel, déterminé à rassembler pour dépasser la crise et les divisions qu’elle peut entraîner.

 

Un chef de guerre pour un Etat en deuil

 

« Hier soir, j’ai donné l’ordre à dix chasseurs-bombardiers français de larguer leurs bombes sur le fief de Daech à Raqqa, ils ont détruit un centre de commandement et un camp d’entraînement ». Il poursuit : « Il n’y aura aucun répit ni aucune trêve. »

Très vite, c’est un enchaînement de mesures qui voit le jour. Création d’une garde nationale, ainsi que 8 500 nouveaux postes dans la sécurité et la justice, promesse que les effectifs de la défense soient inchangés jusqu’en 2019, rétablissement des contrôles aux frontières et proposition de loi en faveur de la déchéance de nationalité pour les terroristes bi-nationaux, poursuite de l’État d’urgence, renforcement de l’opération Sentinelle et des pouvoirs des forces de l’ordre. Le but de toutes ces décisions ? «  mettre toute la puissance de l’État au service de la protection de nos concitoyens »

Pourtant, en 2012, les propositions du chef des armées étaient bien loin de ce penchant sécuritaire, aux idées parfois empruntées au parti des Républicains voire du Front National. Et pour cause, François Hollande n’abordait pas ces questions, la situation géopolitique de 2011 n’étant pas marquée par les agressions terroristes que l’on connaît aujourd’hui. Pour rétablir l’ordre, gagner en autorité et inspirer la confiance aux yeux du peuple, le chef de l’État rompt avec ses habitudes et s’engage sur de nouvelles lignes.

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Comparaison engagement guerre des présidents de la 5è :
Serval au Mali en janvier 2013, Sangaris en Centrafrique en décembre de la même année, Chammal en Irak en septembre 2014 puis en Syrie en septembre 2015,  trois ans plus tard  l’armée française est toujours au Mali – l’opération antiterroriste, renommée Barkhane, a été élargie à cinq pays du Sahel
Dès 1962, tout se passe en dehors de la métropole française. Etat de guerre s’abaisseIl n’y a plus de guerre sur territoires français. Il ne reste que des Opex, opérations extérieures, qui se classent en 2 catégories : – guerre classique ( 2 états en concurrence) et opération, théâtre d’affrontements
Mitterand et Hollande, les 2 les + chefs de guerre, sont les 2 seuls socialistes de la 5ème république.

 

Un regain de confiance ? 

 

Ce durcissement de la politique française répond à un besoin et une volonté de fermeté de la part des citoyens. En accord avec le costume de chef de guerre endossé par François Hollande, ses décisions sont vues d’un bon œil par le peuple. Preuve en est : sa côte de popularité remonte.

Entre le 1er novembre et le 1er décembre, la confiance des citoyens envers le président a augmenté de 20 points, passant de 15 à 35%.
En ce qui concerne le caractère interventionniste des mesures, 76 % des Français approuvent les opérations des armées françaises contre Daech en Irak (IFOP-DICoD, novembre 2015) et 51 % des Français le jugent « capable de prendre des décisions qui s’imposent » (+34 points par rapport à la même période un an plus tôt). Cette approbation ne va pas durer. Une fois le choc des attentats et la médiatisation politique qui a été faite, sa côte de popularité diminue, retombant à 23 % pour janvier 2016. Sur le long terme, d’autres attentats ont suivi, ce qui remet en question l’efficacité de cette politique sécuritaire et joue en la défaveur du chef de l’État.
01 décembre 2016 : François Hollande annonce qu’il ne se représente pas à l’élection présidentielle de 2017, ne rassemblant pas autant qu’il souhaiterait. Conscients que cette politique est parfois de façade, les français débattent, se questionnent, puis en reviennent à s’accrocher à l’image du chef d’État « normal », oubliant le chef de guerre qu’il a été durant quelques semaines.

Les événements du 13 novembre n’ont pas seulement modifié la vision que l’on a de François Hollande : d’autres personnalités ont fait de ces attentats une opération politicienne stratégique. A quelques semaines des élections régionales, les actes terroristes ont-ils pu favoriser la montée d’un parti, en pointant du doigt les failles du gouvernement malgré la volonté d’unité nationale ?