Les demandeurs d’asile sont de plus en plus nombreux à Metz. Souvent laissés à la rue, associations et préfecture se renvoient la balle. Décryptage.
18h. Arrivée devant le gymnase de l’Arsenal, situé à Metz. 138 demandeurs d’asile y ont trouvé refuge. Des bénévoles et des citoyens venus apporter un peu de nourriture s’entassent. Des demandeurs d’asile viennent tout juste d’arriver avec leurs valises. A l’intérieur, ils occupent les quatre coins du gymnase. Des tapis et des sacs de couchage font office matelas. Manifestement épuisés, ils n’ont que le strict nécessaire : quelques vêtements, des chaussures et des papiers. Les enfants en bas âge dorment dans les poussettes quand ils en ont.
« On les criminalise avant même qu’ils ne fassent leur demande d’asile »
« Nous avons fait une réquisition citoyenne. Il y avait trop de familles et d’enfants à la rue. Le plus jeune avait seulement trois mois. On les criminalise avant même qu’ils ne fassent leur demande d’asile » explique, Mazou, militante au collectif mosellan de lutte contre la misère. Cela faisait une semaine que ces demandeurs d’asile dormaient place de la Comédie avec des températures en baisse. La plupart viennent des Balkans. Aboubakar Ouattara, lui, est originaire du Burkina Faso. « Je suis parti pour ma santé. Depuis mon arrivée, j’ai pu aller à l’hôpital » confie-t-il.
La position de la préfecture
La préfecture a organisé une conférence de presse plus tôt dans l’après-midi. Didier Martin, préfet de la Moselle, a rappelé la convention de Genève. Grâce à elle, les personnes qui se sentent persécutées peuvent demander l’aide d’un pays. Depuis le début de l’année, 3 600 personnes supplémentaires se sont prévalues du droit d’asile en Moselle, soit une légère baisse de 10% par rapport à l’année dernière. Depuis le mois de septembre, ils sont déjà plus de 600. « Pendant l’examen de leur dossier, les demandeurs d’asile sont hébergés et accompagnés. S’ils n’obtiennent pas gain de cause, alors ils doivent quitter le territoire. Autrement, il y a un phénomène de saturation », précise le préfet. Les chiffres ne mentent pas : 95 % des demandeurs d’asiles des Balkans sont déboutés.
Des solutions qui se profilent
Pourtant, la ville envisage plusieurs solutions. « Je fais partie de ces gens qui regrettent que des gens soient dehors », déclare Dominique Gros, le maire de Metz. « Nous sommes en permanence sur cette problématique. Nous avons mis à disposition le lycée Poncelet, il y avait des acheteurs mais nous avons choisi de soutenir l’État. » ajoute-t-il. Cet ancien lycée est en cours de transformation pour devenir un sas d’urgence. Il pourra accueillir jusqu’à 160 migrants, le temps d’organiser leur mise à l’abri. A noter que 155 enfants de demandeurs d’asiles sont déjà pris en charge dans les écoles messines.
Lorène Paul