La Corée du Nord a tiré 23 missiles balistiques en direction de la Corée du Sud ce mercredi 2 novembre. L’un d’entre eux s’est écrasé 26 kilomètres au sud de « la ligne de limite du Nord » (NLL) et à 57 kilomètres des côtes sud coréennes. Ces tirs sont qualifiés « d’invasion territoriale » par Séoul qui riposte pour l’heure avec 3 missiles lancés en mer.
Le chef d’Etat nord-coréen Kim Jong-un a ordonné mercredi 2 novembre le lancement de 23 tirs de missiles balistiques vers la Corée du Sud. Certains engins ont été propulsés dans la « zone tampon » large de 5 kilomètres qui avait été placée entre la Corée du Sud et la Corée du Nord pour éviter toute confrontation accidentelle entre les deux pays. Un autre a terminé sa course dans les eaux internationales à 57 kilomètres des côtes de la Corée du Sud et à 26 kilomètres au sud de « la ligne de limite du Nord » (NLL) qui avait été établie par les Nations Unis suite à la Guerre de Corée (1950 – 1953). Des analystes qualifient ces tirs « des plus menaçants et agressifs depuis des années ». Cet évènement est unique depuis près de 70 ans. Les tirs menés par la Corée du Nord ont rarement été aussi proches et nombreux. « Kim Jong-un a tiré plus de missiles en un jour que son père en 15 ans », indique Antoine Bondaz chargé de recherche pour la Fondation à la recherche stratégique. La Corée du Sud promet une réponse à la hauteur de la gravité des faits. Elle a pour l’instant riposté avec 3 missiles en mer.
Ces tirs de missiles sont pour Pyongyang une « juste contre-mesure » face à l’alliance militaire formée entre Séoul et Washington. Dans le cadre de l’opération Vigilant Storm (tempête vigilante), les deux pays ont mené en juillet 2022, le plus gros exercice militaire conjoint de leur histoire. Cet exercice déplait à Kim Jong-un qui y voit une préparation à l’invasion de son territoire, des faits pour le moins improbables. Cette opération est perçue comme une menace surtout parce qu’elle vient mettre en évidence la faiblesse de sa propre flotte aérienne qui date de l’époque de l’Union Soviétique. « La Corée du Nord considère qu’il est important de frapper et neutraliser les bases aériennes en premier parce que sa puissance aérienne est faible », explique en ce sens Cheong Seong-chang, chercheur à l’institut Sejong.
Les tirs menés sont aussi le symptôme d’une volonté de la part de Pyongyang de réimposer un rapport de force en sa faveur dans un contexte de tensions avec les Etats-Unis au sujet de l’arme nucléaire et du contexte diplomatique. Elles sont de plus en plus intenses depuis 2019. Il n’existe actuellement plus de coopération, ni de relations commerciales. « Kim Jong-un continue ses essais balistiques pour apparaître en position de force au moment de la réouverture des négociations », indique Antoine Bondaz. « On entre donc dans un « cercle vicieux » puisque chaque nouveau tir nord-coréen entraîne une réponse sud-coréenne » ajoute-t-il.
D’autres spécialistes jugent que ces tirs risquent de déboucher sur un 7ème essai nucléaire, le dernier ayant eu lieu le 3 septembre 2017. « Ce sont des événements de pré-célébration en amont de leur essai nucléaire à venir », explique à l’AFP Ahn Chan-il, un spécialiste de la Corée du Nord. « De nouveaux tests, bien sûr, signifient qu’ils peaufinent la préparation et la construction de leur arsenal. Alors nous suivons ça de très près », précise Rafael Grossi, le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).« Nous espérons que cela n’arrive pas, mais malheureusement, les indications vont dans l’autre sens. »