Ce 8 novembre, UFC-Que Choisir dévoile sa carte interactive de la fracture sanitaire en France et souligne une situation « déplorable ».
Généralistes, gynécologues, ophtalmologues, pédiatres, ces quatre spécialités sont concernés dans la carte interactive élaborée par l’UFC-Que Choisir. Pour réaliser cette étude, l’association de défense des consommateurs s’est concentrée sur deux critères : l’éloignement géographique des médecins (accessibles à moins de 45 minutes de route) et les tarifs pratiqués (dépassements d’honoraires ou non). Les chiffres sont alarmants.
« La dimension géographique révèle que jusqu’à 25 millions d’usagers vivent dans un territoire où l’offre de soins libérale est insuffisante » révèle l’association. Près d’un quart des femmes et des enfants vivent respectivement dans des déserts médicaux gynécologique et pédiatrique. En ce qui concerne les médecins généralistes, le phénomène touche 2,6% de la population. « 23,5% de personnes éprouvent néanmoins des difficultés pour accéder à moins de 20 minutes de route à ce maillon essentiel du parcours de soins » précise UFC-Que Choisir.
Les constatations s’aggravent en incluant le critère financier. « Près d’un enfant sur deux réside en désert médical pour ce qui est de l’accès aux pédiatres au tarif de la Sécurité sociale » déclare l’association. En ce qui concerne l’ophtalmologie, c’est 8 Français sur 10.
Pour expliquer cette fracture sanitaire, UFC-Que Choisir dénonce un essor incontrôlé des dépassements d’honoraires qui ont atteint 3,5 milliards d’euros en 2021 et remet en cause les mesures d’incitation à l’installation menées par les pouvoirs publics depuis 15 ans. Pour pallier cette fracture sanitaire, elle propose l’instauration d’un conventionnement territorial des médecins qui ne permet plus aux médecins de s’installer en zones surdotées et de supprimer des aides publics aux médecins ne respectant pas le tarif de la Sécurité sociale.
Un collectif de médecins appelé “Médecins de demain” souhaite revaloriser le prix de la consultation en la passant de 25€ à 50€. L’objectif est de rendre davantage attractif le métier pour lutter contre les déserts médicaux et également offrir une meilleure qualité des soins à leurs patients.
Aux alentours de Metz, dans un rayon de 50 kilomètres autour de la ville, la situation pédiatrique est disparate. Dans certaines communes, l’indice de désert médical concernant cette spécialité est de 0. C’est-à-dire, quel que soit le tarif pratiqué, avec ou sans dépassement d’honoraires, le praticien le plus proche se trouve à plus de 45 minutes de la commune.
Pour donner une idée plus concrète, nous nous sommes concentrées sur les données pédiatriques. En comparaison avec les autres spécialités, la pédiatrie constitue une nette fracture. De Thionville à Nancy, une diagonale est tracée, dès lors que l’on en sort, le désert médical pédiatrique se constate.
Claire Fleuriel et Cassandra Tempesta