Le web est sans pitié et Ségolène Royal en fait les frais depuis mardi. Après la mise en ligne de du nouveau « Désirs d’ avenir » réalisé par son compagnon André Hadjez, moqueries et parodies ont afflué dépassant à l’occasion les limites du politiquement correct.

« C’est presque un suicide numérique : née sur Internet, elle y sombre…Quel gâchis ! »Les mots sont de Benoît Thieulin l’animateur de la campagne numérique de la candidate socialiste à la présidentielle 2007 sur l’outil de microblogging Twitter. S’il reste dans le politiquement correct tout comme « Lesmotsdicy.fr » – qui relève une architecture basique et un abandon du participatif – la tendance globale est au lynchage en règle, sur Twitter, puis dans les blogs et enfin dans la presse en ligne. Exemple frappant : « Ségolène Royal et Raël « ont le même graphiste », pour @Abrachet concepteur de sites internet.

Il faut le dire ce site est tout sauf « bon » si on se réfère aux critères du web 2.0. Un fond d’écran façon Windows Vista et téléchargeable gratuitement sur Internet, un design « cheap », des rubriques qui ne fonctionnent pas au moment du lancement, une structure réalisée sous Joomla, (un éditeur de site gratuit) qui ressemble plus à un blog qu’autre chose. Tout ça pour une facture de 41.860€ refusée sans doute avec raison par Pierre Bergé le mécène de Ségolène Royal.

Parodies en tout genre

Désirsdendives, désirdefail (fail étant le terme désignant un échec sur Internet) …les premières parodies arrivent dès mardi soir. Très vite suit un générateur de site Désirs d’avenir pour créer sa propre version. A l’initiative du blogueur Vinvin, « Ségolène demande pardon aux internautes pour ce site », sévère allusion au pardon de Royal aux Africains pour le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy.

La présidente de la région Poitou-Charentes assume un temps l’image. « Je l’ai choisie sur une base de donnée gratuite d’Internet, parce qu’elle me plaisait, tout simplement. » Une situation qui ne dure pas puisque le site change dès jeudi. Un rétropédalage justifié par la marque de fabrique de Ségolène Royal. « Désirs d’avenir est un site participatif dont le fond d’écran changera chaque semaine sur proposition des comités locaux. » Un changement qui donne raison –si besoin était – aux critiques et en nourrit de nouvelles.

Il se dit sur Internet que plus une discussion dure longtemps, plus elle a de chances d’être liée d’une manière ou d’une autre au nazisme. C’est le point Godwin. Dans cette histoire, il est atteint par le blogueur Monsieur Lam qui transforme Hitler en développeur de sites furieux de s’être fait piquer le marché.

Pourquoi un tel acharnement ?

Évitons tout d’abord de tomber dans les excès du site de la RTBF qui évoque « un nouvel exemple du machisme primaire régulièrement dénoncé par la candidate socialiste à la dernière élection présidentielle ». Relever cinq auteurs traitant d’un sujet proposant plus de 500 entrées Google souligne plus une recherche de la polémique qu’un véritable travail d’investigation.

Le phénomène semble pourtant plus large. Sur la toile, il suffit qu’un blogueur crée un buzz , que des journalistes influent s’en fassent le relais, pour qu’elle soit reprise en masse par tous leurs visiteurs ou followers (sur Twitter). Une attitude « trollesque » puisque les internautes se contentent de reprendre l’information et de poursuivre la polémique sans chercher à être constructifs. Paul Carr, l’analyste des nouveaux médias évoque un terme qui semble encore plus adapté pour désigner les fâcheux « unter-troll » (sous troll). Provocations, relances inutiles…la création d’un faux compte Twitter au nom de André Hadjez illustre parfaitement cette situation. On a tendance à dire que l’unique solution se trouve dans la phrase « Don’t feed the Troll», en français « Ne nourrissez pas le troll ». Mais, comme ici, trop souvent l’internaute lambda suit le mouvement de masse.

Certains blogueurs comme Laurent Gloaguen sur Embruns espèrent encore une heureuse révélation « Dites-moi que c’est une formidable opération de buzz marketing s’il vous plaît ». Même si cela semble bien improbable à l’heure actuelle, cela constituerait un joli pied de nez à tous les détracteurs de l’élue socialiste.

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