Alors que la campagne d’hiver va commencer, les bénévoles s’attendent à une saison difficile…
« Au départ, ils ne pensaient pas qu’on pouvait les aider, maintenant, ils le savent. » Danielle Dannenhoffer, bénévole et responsable des Restos du Coeur de Metz Borny, fait allusion à ceux qu’elle appelle les nouveaux visages de la misère. Jeunes (étudiants, ou travailleurs précaires), retraités, ou femmes seules sont de plus en plus nombreux à frapper à la porte de l’association. Ces «victimes d’accidents de la vie » selon René Oury, responsable départemental, subissent la spirale infernale qu’occasionnent rupture familiale, problèmes de santé, perte de travail ou encore divorce. En dehors des familles dans le besoin dont s’occupe l’association, cette population représente désormais près de 10% des inscrits. Une évolution inquiétante face à laquelle les bénévoles sont prêts à réagir. « Heureusement, les gens de classe moyenne sont de plus en plus généreux, les dons et subventions suffisent pour y faire face».
Dépasser la honte
«Ouvrir la porte des Restos du Coeur, pour certains, c’est accepter de s’avouer vaincu», déplore René. Réticents au début, ils pensent ne pas pouvoir bénéficier de l’aide des Restos du Cœur, n’osent pas par pudeur, gêne, ou frilosité. Puis ils sont de plus en plus à franchir le pas, nécessité oblige. Le dialogue se crée, les bénévoles installent un climat de confiance, jusqu’à parfois instaurer des liens forts avec les bénéficiaires. « Il faut les écouter, leur demander quels sont leurs besoins, les aider autrement ». Dans les locaux du Centre de distribution de Borny, les murs sont jaune, orange, vert. Il y a des fleurs ci et là et des dessins d’enfants ornent les fenêtres. « On a envie qu’ils se sentent bien ici, que ce soit accueillant », explique Danielle. Oublier les difficultés de la vie autour d’un café chaud, trouver une écoute et recevoir de l’aide ; les rencontres avec les bénévoles sont aussi l’occasion de rendre la vie plus légère.
Accompagner sans assister
Combler un moment de creux dans sa vie, une baisse de régime ponctuelle que l’on surmonte grâce à cette aide, ou bien subir une situation qui s’installe; les inscrits montrent des profils bien différents. Quoiqu’il en soit, les Restos du Coeur proposent une aide inconditionnelle, qu’il convient d’adapter à tous. René Oury se défend de légitimer l’assistanat : il s’agit d’être présent, aider tout en continuant à booster les inscrits et les accompagner dans leur combat pour améliorer leur condition. Une tâche difficile qui le passionne. Son plus grand espoir : « Qu’un jour, ils n’aient plus besoin de nous, que cette misère n’existe plus ». En attendant ce jour, il faudra compter sur l’entraide et le travail des bénévoles, ce qui ne devrait pas être un problème pour Danielle: « je ne changerai ma place pour rien au monde ».
Infos pratiques sur les Restos du Coeur
Vincent Goumont & Audrey Parfait