Présents à Tours le 27 mars pour une conférence au sujet du parasport lors des assises du journalisme, journalistes et anciens parasportifs ont échangé sur la médiatisation du sport des personnes en situation de handicap.
À cinq mois des Jeux paralympiques 2024 se déroulant à Paris, la médiatisation du parasport est l’un des gros enjeux de l’été pour les médias français. La présence de cet événement sur le territoire est une occasion pour les médias de se donner les moyens d’améliorer la diffusion et la narration de l’histoire de ces para-athlètes. Parmi eux, nous retrouvons Ryadh Sallem, l’homme aux cinq Jeux paralympiques, qui note une amélioration des conditions des personnes en situation de handicap : «Grâce aux médias, les gens n’ont plus honte d’être handicapés. Aujourd’hui, c’est plus un problème parce qu’on parle pleinement du sujet.»
Pour les parasports, cette bascule aurait eu lieu en 1986 à Barcelone avec la mutualisation des épreuves olympiques et paralympiques au sein de la même ville. «Auparavant, c’était deux mondes dans un espace-temps différent. Depuis Pékin, une ville candidate est obligée d’organiser les deux compétitions.» Toutefois, le parasport est encore loin d’être banalisé dans les médias, un pic est ressenti lors des jeux, mais l’attrait pour ces compétitions redescend drastiquement par la suite comme le démontre Laurence-Pécaut-Rivolier, conseillère au sein de l’ARCOM : «Dans une étude d’il y a trois mois, on montre que 10% de parasport est inclus dans les émissions de sport.»
Un dispositif d’exception
Paris sera, elle aussi, un tournant dans l’histoire des jeux paralympiques. «Pour la première fois, les 22 disciplines des Jeux paralympiques seront diffusées en direct. Nous mettons aussi un point d’honneur à ce qu’il y ait une égalité dans le traitement. Les journalistes qui couvriront les Jeux olympiques le feront également pour les paralympiques», explique Guillaume Papin, journaliste à France Télévisions. «Les Jeux paralympiques seront traités de l’exact même manière que les Jeux olympiques». Ce qui signifie une représentation sur les chaînes de toutes les épreuves importantes et une plateforme de diffusion numérique 24h/24.
De son côté, le journal Ouest-France, représenté par son journaliste Julien Soyer, a expliqué son dispositif. L’ancien para-athlète expliquait avoir été, en 2012, le premier envoyé spécial d’un quotidien régional dépêché pour couvrir les Jeux paralympiques. «Cette année, on sera six envoyés spéciaux, sans compter l’équipe parisienne.» Le journaliste ne veut pas répéter les erreurs que ses confrères ont commis durant sa carrière. Il retrace sa seule bonne expérience avec les journalistes et encourage ses confrères à en faire de même : «À Sydney, on était les grands favoris et on a perdu en finale. Le journaliste nous a demandé pourquoi on avait perdu et ne nous a pas félicités pour notre parcours. On a été heureux de répondre à cette question, c’était la première fois où on nous jugeait sur nos performances».
Penser aux handicaps
Laurence-Pécaut-Rivolier annonce que «France Télévisions va étendre ses services d’audiodescription aux événements sportifs durant les Jeux de Paris 2024. En plus de la voix du commentateur, une personne viendra décrire l’action. C’est une première mondiale, France Télévisions s’est engagé à 7 heures par jour d’audiodescription durant toute la durée des Jeux». Toutes les épreuves seront également proposées en sous-titrage.
Hugo Lenglet et Louis Roche