Son nom ne vous dit peut être rien, mais vous avez sûrement déjà entendu sa voix. Nathalie Homs est doubleuse depuis plus 20 ans. Au cours de sa carrière, elle a doublé des centaines de personnages, de films, de séries, de dessins animés, de jeux vidéos… C’est avec un sourire ineffaçable qu’elle nous raconte son histoire.

Un hasard qui fait bien les choses

L’amour de Nathalie Homs pour le métier de comédienne ne date pas d’hier. Elle l’expérimente dès ses 17 ans à travers diverses productions télévisuelles et théâtrales. C’est le hasard qui lui fera finalement découvrir le métier de comédienne de doublage, après une pause dans sa carrière dû à la naissance de ses enfants. Cette découverte se fait à travers le jeux vidéo, alors qu’elle ne connaît rien au doublage. Comment ? Elle obtient un poste de directrice artistique chez Ubisoft, célèbre éditeur français de jeux vidéo, qui lui permettra de rencontrer de nombreuses personnalités du monde du doublage et même de se prêter à l’exercice. Elle tombe alors amoureuse de ce métier qui la fera voyager à travers de nombreux univers à la fois vidéoludique et cinématographique.

Des histoires plein la voix

Jaina Portvaillant dans Warcraft, Elinor, la mère de Mérida dans Rebelle de Disney ou encore Régina dans Once Upon A Time, ce n’est qu’un florilège des voix interprétées par Nathalie Homs. Elle nous raconte d’ailleurs que ce dernier rôle, dans lequel elle double le personnage joué par Lana Parrilla, a été particulièrement marquant, lui offrant une liberté de jeu dont elle n’avait encore jamais fait l’expérience.

Le monde du doublage offre des opportunités singulières, et c’est de cette manière qu’elle définit son expérience chez Les Guignols de L’info, les marionnettes de Canal+, avec qui elle a travaillé pendant 10 ans. « Partager le micro avec Yves Lecoq, Sandrine Alexis ou Thierry Garcia, en pouvant créé des voix toujours différentes, c’était une véritable consécration », nous raconte-t-elle pleine d’émotions en repensant à cette période de sa carrière, qui fut aussi l’époque phare de la satire télévisée. C’était notamment elle derrière la voix de la Reine Daesh, parodie de la chanson de la Reine des Neige de Disney, qui dénonçait les conditions de vie des femmes sous les régimes terroristes d’Afrique et du Moyen-Orient. Elle n’oublie pas d’où elle vient, le jeu vidéo, en prêtant sa voix à Horizon dans Apex, Anna Grimsdottir dans Splintercell ou même Zyra, personnage de l’un des jeux les plus joué sur la planètes : League Of Legends.

Une envie de rencontres

Ce qui lui plaît aussi, c’est les rencontres ! Et ce métier en permet beaucoup. La doubleuse est une habituée des conventions, dans lesquelles elle aime rencontrer son public et se créer des souvenirs inoubliables, dans une atmosphère juvénile bourrée d’énergie et de passion. La dernière en date : Anim’Est à Nancy, où elle a participé au « Meet and Sweet », un atelier qui permettait aux fans de rencontrer autour d’un café, par petits groupes et pendant 1 heure, leurs artistes préférés. Mais le doublage est également l’occasion de rencontrer les acteurs de la version originale des films auxquels on participe. Elle nous parle par exemple de sa rencontre avec Lana Parrilla, de Once Upon A Time, qui restera gravée dans sa mémoire.

Face à la menace IA

Pour elle, être comédien de doublage, c’est un métier d’instinct. Elle explique que chaque personnage mérite d’avoir sa voix dédiée et que cette voix se construit naturellement à travers le travail du doubleur. « En création, c’est vraiment le physique et l’énergie du personnage qui m’inspirent », nous glisse-t-elle en illustrant avec la voix de Manu, l’ami de Titeuf, ou celle de la maman des Sisters. Mais si c’est un métier d’instinct, c’est également un métier très précaire. C’est un métier de passion dans lequel les places sont chères. La doubleuse prononce même une phrase incongrue : « Pour faire ce métier, il faut accepter le fait de ne pas gagner sa vie ». Pour rajouter de la précarité à ce métier, la menace IA est en marche. De nombreux doubleurs racontent la peur qu’ils éprouvent vis-à-vis de l’intelligence artificielle dans le doublage et Nathalie Homs en fait partie. Un hashtag a même été mis en place pour manifester les craintes des doubleurs, le #touchepasamavf. Seulement selon Nathalie Homs, la voix est similaire à l’empreinte digitale : il n’y en à qu’une par personnage et elle est gorgée d’émotions, de sentiments, chaque doubleur ayant sa voix singulière. « L’objectif aujourd’hui, c’est de légiférer » nous explique elle. « On ne peut pas dire que l’IA n’existe pas pour le doublage, mais on doit se protéger et protéger notre métier ». La comédienne est une militante convaincue, qui œuvre dans l’association Les Voix et qui se rend fréquemment en manifestation pour défendre le doublage et tous les métiers artistiques, tous menacés par l’IA.

Doublage et cuisine

Le doublage, c’est donc une grande partie de la vie de Nathalie Homs. Mais une autre passion, c’est la cuisine. Elle propose des animations dans lesquelles elle associe doublage et cuisine, en préparant des plats issus des œuvres où ses personnages apparaissent. Elle invite même des personnalités à participer à ses ateliers en duo avec elle. Un exercice qui lui plaît tellement qu’elle a ouvert une chaîne TikTok, « Une voix en Cuisine », dans laquelle elle partage presque quotidiennement des recettes en prenant les voix de ses différents personnages. Elle diffuse également ses créations sur son Instagram : @nathalie_homs. Liant ses deux passions, elle interprète la voix de l’émission télévisée Le meilleur pâtissier de France depuis 2012.

Pour Nathalie Homs, le voyage à travers le merveilleux monde du doublage est loin d’être terminé, et on la retrouvera bientôt dans de nouvelles créations, alors restez à l’écoute !