Dans un contexte de sortie progressive de crise sanitaire, le préfet de la Moselle, Laurent Touvet exposait ce mardi 5 octobre le rapport d’activité des services de l’État dans le département pour l’année 2020 et 2021.
C’était le baptême du feu pour le nouveau préfet de Moselle. Durant la présentation annuelle du rapport d’activité, il a voulu se montrer rassurant, malgré des critiques de l’opposition. Pendant trois heures, Laurent Touvet a défendu l’activité post-Covid de l’Etat en Moselle devant un parterre d’élus. Sans surprise, son discours s’est surtout axé autour de l’économie et de la santé.
Un plan pour relancer l’économie
Au cœur de l’aspect économique du rapport d’activité se trouve le plan France-Relance, qui a été longuement développé par le préfet. Il s’agit du plan de relance exceptionnel post-pandémie de 100 milliards d’euros déployé par le gouvernement. Il permet d’accélérer les transformations écologiques, industrielles et sociales du pays. Ce plan propose des mesures concrètes à destination des particuliers, entreprises et associations, collectivités ou administrations.
Une large part de l’action de l’organe départemental de la direction des entreprises a été concentrée sur la préservation des établissements et de leurs salariés : plus de 261 millions d’euros leur ont ainsi été versés. Interrogé sur ce dispositif, Dimitri Norsa, Secrétaire Général de l’Union Départementale CGT Moselle, reste méfiant: “On est satisfaits lorsque des emplois sont créés. Maintenant, ce que l’on pense c’est que l’argent ne doit pas être redistribué aux entreprises sans contreparties et aveuglément”.
Des inquiétudes pour la création d’emplois
Dans cette perspective de relance de l’emploi, le préfet a évoqué l’implantation de l’antenne Amazon à Augny. 138 demandeurs d’emplois de longue durée, dont 39 au RSA ont été embauchés : « Je souhaite que cet exemple puisse être renouvelé« , indique Laurent Touvet. Dimitri Norsa, lui, nuance: “Il faut que ces emplois répondent à une certaine qualité de vie, de travail, et de salaire« . Pour le syndicaliste, la précarité et le fort taux de renouvellement des effectifs chez Amazon font que ces critères ne sont pas remplis à l’heure actuelle.
D’ici 2022, malgré des aides aux entreprises massives, beaucoup viennent à manquer de salariés. “C’est comme si en plein décollage d’un avion, le kérosène venait à manquer”, déclare Emmanuel Lebeau, un élu de l’opposition. La responsable du Bistrot de la Cathédrale, en plein centre-ville de Metz, nous raconte: “Certains restaurants sont obligés d’aménager leurs horaires d’ouverture. Prenez par exemple le restaurant Quintessence, c’est un semi-gastronomique à Metz. Il est fermé durant un mois pour manque de personnel! On est obligés d’adapter notre façon de travailler, de réduire parfois le nombre de couverts proposés pour pouvoir offrir un service satisfaisant à la clientèle”.
822 verbalisations pour absence de port de masque
Ces aides sont à replacer dans un contexte de pandémie, qui a durement affecté le système de santé. Balayant les accrocs du début, le préfet tire un bilan global positif de la sortie de crise: « La vaccination des Mosellans est un succès”, déclare-t-il. Cette réussite, le représentant de l’État l’explique par les 27 centres de vaccination qui couvrent tout le territoire. Comme il l’a rappelé dans sa lettre des services de l’Etat en Moselle, 73% de la population mosellane a bénéficié d’une première dose de vaccin et 71% est entièrement vaccinée, soit 85% des personnes éligibles.
Et même si le taux d’incidence continue de baisser, avec 41 cas pour 100 000 habitants au soir du vendredi 15 octobre, “la vigilance reste de mise”, rappelle le préfet. “Le port du masque reste donc obligatoire dans les rassemblements publics”, note-t-il, au milieu d’une assemblée où la plupart des élus l’ont ôté une fois installés. Des mesures dans la continuité de l’année 2020, et qui sont toujours susceptibles d’être contrôlées, comme elles le furent auparavant. L’an passé, 822 personnes ont été verbalisées en Moselle pour absence de port du masque entre le 17 mars et le 31 décembre, apprend-on dans le rapport.
Une pression hospitalière alarmante
Le maintien de ces mesures montre que la crise sanitaire est loin d’être finie en Moselle, où, avertit le préfet, “la pression hospitalière est la plus forte de la région”. 85 personnes étaient encore hospitalisées au 18 octobre, dont 22 en soins intensifs. Un constat amer que partage Thierry, syndicaliste à SUD Santé : “ça va forcément mieux que lors des deux premiers confinements, mais il y a encore plein de gens en réanimation avec le Covid, des vaccinés et des non-vaccinés qu’on doit mettre sous respirateur.”
Quant à l’annonce du préfet d’un Ségur de la santé pour la Moselle en 2022, Dimitri Norsa reste sceptique: “À un moment il faut aller au-delà de la discussion et mettre en place des mesures concrètes pour les salariés, notamment de la santé publique, et arrêter de fermer des lits ! Puisque la vraie problématique, elle est là”.
Le préfet, lui, a d’autres priorités. La consommation d’alcool sur la voie publique reste interdite dans les communes de plus de 10 000 habitants. “Sous l’emprise de l’alcool, on est forcément moins attentif aux gestes barrières”, rappelle l’édile.