Eric Vilain, secrétaire départemental du Front national de Moselle espère que les candidats de son parti pourront se maintenir dans un maximum de cantons au second tour. Et même se retrouver seul face à la gauche.
Comment s’annoncent les élections cantonales pour le Front national en Moselle ?
Dans les 26 cantons renouvelables nous allons présenter 26 candidats. Ils ont presque tous été nommés. Ces élections se profilent bien pour nous. La situation difficile au niveau national ainsi que les difficultés de restructuration du Parti socialiste nous profitent. Le changement des règles électorales nous est aussi favorable. Il faut qu’un candidat recueille 12,5% des inscrits pour se maintenir au second tour – contre 10% par le passé. Ce dispositif vise à éviter les triangulaires mais en Moselle nous sommes traditionnellement forts. Par ailleurs, il y a 6 ou 7 cantons où nous étions devant l’UMP aux élections régionales de 2010 et là, nous pouvons espérer un duel au second tour face à la gauche. Au niveau départemental on vise les 25 %.
Quels sont les cantons où vous espérez faire un bon score ?
A Forbach, Algrange et Stiring-Wendel qui sont des villes ouvrières, le discours social du FN rencontre un certain succès. Par exemple, en Moselle Est il y a une remise en cause du statut de congés charbonnier créé par Gérard Longuet, qui permet aux anciens mineurs de toucher 80% de leur salaire jusqu’à la retraite. Nous sommes à leurs côtés pour défendre leurs avantages. A Metz, dans des zones plus citadines comme Metz 1, Metz 2 et Woippy, les divisions internes au sein de l’UMP donnent des chances au Front. Mais pour avoir des élus ce sera difficile.
Aux dernières cantonales de 2008, le FN a réalisé un score de 8% au niveau national. C’est deux fois moins que pour d’autres élections. Pourquoi selon vous ?
En 2008 c’était difficile pour nous. L’UMP avait réussi à aspirer une partie de notre électorat. Aujourd’hui c’est nous qui pourrons pomper leurs électeurs. Actuellement le thème de l’immigration rencontre un écho de plus en plus important dans toutes les couches de la population. Dans les zones à forte concentration de population immigrée, par exemple entre Thionville et Metz ainsi que dans les cités de Metz, les incivilités commencent à devenir récurrentes et les citoyens n’en veulent plus. A Behren lès Forbach, il y a eu des affrontements entre Marocains et Algériens.
Mais l’insécurité ne serait-elle pas plutôt un problème social lié aux conditions de vie difficiles dans les quartiers ?
Je ne le pense pas. Dans les zones à plus faible concentration d’immigrés nous n’avons pas cette peur liée aux chefs de bande, aux caïds, aux trafics de drogue… Force est de constater que dans les prisons françaises, il y a une forte population immigrée. L’immigration, l’islamisation et l’insécurité sont selon nous liés. La radicalisation de l’islam commence à choquer une grande partie de la population, y compris des musulmans qui nous rejoignent en pensant que ce côté radical n’a pas sa place.
Pensez-vous que le FN va bénéficier d’un effet Marine Le Pen ?
Oui bien sûr, j’ai été le premier à parrainer Marine pour sa candidature à la tête du FN. Elle a un impact médiatique plus fort et un discours plus social que son père. Elle arrive dans un contexte où elle est la seule à défendre les idées nationales contre le mondialisme. Les gens disent qu’ils ne votaient pas Jean-Marie Le Pen à cause de ses dérapages mais que maintenant ils voteront FN. Elle est déterminée, elle a du caractère et elle veut mettre en application ce qu’elle prône.
Que pensez-vous du bilan de Philippe Leroy (UMP) à la tête du conseil général depuis 1992 ?
Ce n’est pas notre objectif de critiquer son bilan. Il a fait au mieux avec ce qu’il avait. Il y a un gros problème lié aux coupes des moyens alloués par l’Etat aux collectivités territoriales. L’enjeu de ces élections est national et non local. Ce sera la première élection depuis l’investiture de Marine Le Pen. Ce sera un test en vue de 2012.
Propos recueillis par JB Allemand et Sarah Rebouh