Convention de la droite et port du voile, mandat européen et mandat régional : la députée Dominique Bilde (RN) s’est confiée. Coup de projecteur sur une femme et ses engagements.
Dominique Bilde est députée européenne depuis 2014. Auparavant, elle était conseillère régionale, élue pour la première fois en 2009. Cette dernière précise d’emblée qu’elle n’a pas toujours été engagée en politique. Diplômée d’un CAP coiffure, elle a d’abord exercé cette profession. Puis, quelques années plus tard, les conditions de travail ne lui convenant plus, elle s’est lancée dans la gestion d’un hôtel bar restaurant avec son mari à Verdun. Cette aventure a duré 25 ans et précédé immédiatement ses premiers pas politique. « Il n’y a que quand j’ai arrêté mon entreprise que j’ai accepté d’être en position éligible. On peut pas être députée et travailler à côté, c’est impossible » affirme t-elle.
Pleine d’humilité, Dominique Bilde précise : « Quand on me dit « vous êtes députée », je réponds oui, c’est comme ça que ça s’appelle. Mais moi je ne suis rien, je suis au service des gens qui m’ont fait élire ». Le mandat politique semble, pour elle, une chose très différente de l’exercice d’une profession « classique ». « La première chose qui m’a choquée quand j’ai été élue, c’est le manque d’obligation de résultat. Ce que je veux dire par là ? Que vous travailliez ou que vous ne travailliez pas, ça ne change rien. Vous faites des erreurs ou vous n’en faites pas, ça ne change rien ». La députée déplore la position de certains élus « déconnectés de ce qui se passe, hélas, dans la vie de tous les jours ».
Une démarche de proximité
Dominique Bilde confie que son expérience passée au sein de l’entreprise, dans « la France d’en bas » comme certains l’appellent, lui a permis d’aborder et de comprendre des dossiers plus facilement. Et de s’impliquer plus concrètement dans les dossiers de villes de la région, comme Baccarat ou Toul.
C’est d’ailleurs cette envie d’aider les salariés qui l’a poussée à rejoindre le Front National (FN) en 1992. Quand on lui demande ce qui l’a particulièrement touchée dans le discours du FN et de son président d’alors, Jean-Marie Le Pen, elle répond : « Vous savez, moi, apprentie à 14 ans, quand j’écoutais les hommes politiques, je comprenais pas trop ce qu’ils voulaient dire. Je ne les sentais pas parler le même langage que moi. Alors que quand lui j’ai écouté Jean-Marie Le Pen, il parlait des vrais sujets qui étaient importants pour moi, dans la vie que j’avais […] Je comprenais ce qu’il me disait ».
Au conseil régional, Dominique Bilde s’est engagé et a souhaité régler les problèmes des petits. Elle déplore surtout les discours de certains politiques qui, selon elle, ne prennent pas la peine de comprendre cette France en pleine fracture. « Nous, on n’a rien fourni. Nous appartenons à un parti politique et les gens nous ont fait confiance. Il ne faut pas l’oublier. Il faut rester humble et toujours avoir envie de leur rendre la pareille ».
Zemmour ou l’art du « buzz »
La députée est d’avis que les clivages droite/gauche ou extrême-droite/extrême-gauche ont perdu de leur substance. Par ailleurs, Dominique Bilde avoue qu’elle ne se sent pas du tout d’extrême droite. Elle se considère simplement de droite. Le discours d’Eric Zemmour lors de la Convention de la Droite ?
Elle ne considère pas l’écrivain comme particulièrement islamophobe : « Zemmour reste égal à lui même. C’est quelqu’un de très cultivé, de très intelligent. Mais il faut reconnaître qu’il aime bien faire le buzz aussi ». Son intervention, diffusée en direct sur LCI, a été écoutée et visionnée par de nombreuses personnes. CNews a même affirmé que son émission avait boosté leurs audiences. « Qu’il aille sur une chaîne qui a le courage de l’accueillir – parce qu’il est certain qu’il ont dû avoir beaucoup de pression – ça va faire doublement le buzz. Il ne pouvait pas trouver mieux». De fait : avant l’arrivé de Zemmour, la chaîne était en sérieux déclin. Le buzz n’est donc pas malvenu…
Ne pas se voiler la face
Concernant les propos insultants envers la communauté musulmane, Dominique Bide considère comme injuste le deux poids, deux mesures : « A un moment, il faut faire preuve d’une certaine honnêteté : on veut bien taper sans arrêt sur les cathos ? Il faut bien reconnaître qu’il y a des problèmes partout avec les religions actuellement ! Pourquoi taper d’un côté mais pas de l’autre ? C’est injuste ».
A propos du scandale provoqué par Julien Odoul quand il a fait le choix de demander à une dame voilée de quitter le conseil régional de Franche-Comté, les choses sont claires. Pour Dominique Bilde « tous les signes religieux extérieurs doivent être systématiquement, non pas cachés, mais réservé à l’espace privé ».
Mais faudrait-il étendre cette interdiction à tout l’espace public ? La loi actuelle n’est, selon la députée, pas assez claire et met les gens dans l’embarras. « Il faut définir les limites. Il faut pas faire un truc où les gens sont entre deux chaises et se demandent sans cesse : est-ce qu’on a le droit ? est-ce qu’on a pas le droit ? « .
Le 29 octobre le Sénat a tranché sur le cas des accompagnateurs scolaires : une loi leur interdisant les signes religieux lors des sorties a été votée à l’unanimité.
Elle doit cependant encore être adoptée par le parlement.