Ça ne vous a pas échappé, la France accueille la COP 21 du 30 novembre au 11 décembre à Paris. Les chefs d’état du monde entier sont réunis pour trouver un accord sur le climat. Mais quelles mesures se prennent au niveau local pour lutter contre le réchauffement climatique ? René Darbois, l’adjoint au maire de Metz, chargé du développement durable et solidaire, et de la qualité de l’environnement a accepté de répondre à nos questions. 

Les transports en commun représentent l’un des axes majeurs de la politique environnementale. Pourquoi avez-vous choisi de privilégier les bus plutôt que les trams dans votre ville ?

« Un tram aurait coûté trois fois plus cher en terme de financement. Le changement de réseau aurait été très compliqué réaliser. Au départ pourtant, j’étais favorable à sa mise en place. Mais je reconnais aujourd’hui qu’on a eu raison de faire le choix de ce bus. Pourquoi je dis ça? Car nous avons opté pour des moteurs diesels alimentant d’autres moteurs électriques. Et la prochaine étape sera de passer au tout électrique. Ainsi nous conserverons les mêmes rames, mais en les faisant fonctionner avec une énergie plus propre. »

Quand ces nouvelles installations seront-elles mises en œuvre ?

« Pour l’instant nous avons 27 rames et elles sont neuves. On ne va donc pas les changer tout de suite. En revanche on pourrait passer au tout électrique à l’horizon 2018/2019. Pas dans l’immédiat mais dans un avenir proche. »

Concernant l’isolation des bâtiments, quelle a été la politique menée à Metz ?

« On a fondé l’Agence Locale de l’Énergie et du Climat, et on travaille sur la rénovation énergétique des bâtiments pour limiter le rejet de gaz à effets de serres. On a isolé les quatre piscines de la ville, quatre des gymnases les plus énergivores et les toits des écoles. Mais aujourd’hui avec notre Agence Locale de l’Énergie et du Climat on se dirige vers les bâtiments privés. L’enjeu principal se concentre donc sur l’isolation des bâtiments anciens ».

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A propos de choix écologiques, que pensez-vous la Féerie des Glaces?

 « Quand dans cette ville on cherche à être exemplaire et qu’on laisse des commerçants organiser la Féerie des glaces, place de la République, je suis furieux. Je suis en désaccord avec Dominique Gros. J’ai été ingénieur, je sais quelle quantité d’énergie est nécessaire pour fabriquer de la glace avec un litre d’eau. Ici on parle d’une tonne de glace. Sans oublier que ce travail a été réalisé bien avant l’événement, au sein de locaux qui ont dû conserver ces sculptures pendant des mois. Locaux qui ont gaspillé une énergie considérable. Et aujourd’hui quand je vois que ces réalisations sont maintenues à moins six degrés alors qu’il en fait presque quinze à l’extérieur, je suis outré. Je sais que les gens en sont heureux et qu’ils se pressent pour y entrer. Mais ce n’est pas normal. Il faut leur expliquer que ce temps-là est révolu. Il est nécessaire de changer nos habitudes, et pour cela les collectivités doivent être exemplaires en matière de choix environnementaux. »

A Metz, le ramassage des déchets ménagers se fait en déposant directement les sacs poubelles dans la rue. Avez-vous prévu de mettre en place des bacs individuels ou collectifs pour en finir avec cette pratique ?

« Oui, on arrête ces sacs qu’on dépose sur le trottoir. Déjà car c’est un problème de propreté. On arrête tout ça, ça ne donne pas un aspect propre à la ville. De plus cela pose des problèmes dans certains quartiers où on retrouve souvent des sacs éventrés. C’est pourquoi en ce moment même nous mettons en place une politique de conteneurisation. Mais c’est un projet de la communauté d’agglomération de Metz Métropole. »

Si à l’issue de la COP 21, le gouvernement vous demande de faire plus d’efforts sur le plan de l’écologie, attendrez-vous une aide financière de sa part ?

« Oui sans hésitation. Plus de moyens pour mettre en œuvre nos projets. Et aussi de quoi faire des choix, car en matière d’écologie, ils sont obligatoires. Ici à Metz, nous nous concentrerons sur les transports en commun, l’auto partage, l’isolation des bâtiments, la rénovation des anciennes structures déjà existantes. Et nous avons besoin de soutien. Parce qu’avant tout l’écologie est un univers de conviction et qu’il est essentiel de savoir que l’État et François Hollande portent avec nous ces projets d’avenir. »

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Qu’avez-vous pensé des discours prononcés lors de l’ouverture de la COP 21 à Paris ?

« J’ai écouté les discours de Barack Obama et de François Hollande. J’ai retenu surtout deux termes : « contrainte » et « différenciation ». Si j’avais été à leur place, avec mon souci écologique, j’aurai tenu le même discours. J’avais été surpris d’entendre Ségolène Royal dire que « l’écologie ne doit pas être punitive ». Les gens ne réagissent que par la contrainte. Si on ne nous contraint pas à payer un café au restaurant, est-ce qu’on le ferait volontairement ? L’écologie doit être contraignante. Il faut contraindre les gens à changer leurs habitudes. Mais il faut que les collectivités locales et les villes fassent en sorte que ces contraintes ne deviennent pas un inconfort. On ne doit pas mettre les gens dans la souffrance. J’ai aussi entendu « différenciation ». C’est un terme qui me paraît important. On ne peut pas imposer les mêmes exigences aux pays riches et aux pays pauvres. Il faut que les citoyens comprennent que nous devons aussi faire des efforts pour les autres.

Sincèrement, j’espère que ce que l’on va mettre en place va marcher. Ça fait longtemps que nous sommes dans cette situation. Depuis la conférence de Rio nous disons que le climat est une urgence. La température pourrait monter de deux degrés à l’aube de 2040. Et deux degrés, ce n’est pas rien. Cela risque de provoquer de lourds changements, et pas seulement sur l’environnement. Une augmentation des températures est synonyme de migrations climatiques et de souffrance. »

Propos recueillis par :

Paul VERONIQUE

Romane MUGNIER